Connais-tu la Saint-Bidon ? Début octobre c’est l'arrivée dans les magasins des gros bidons de « combustible liquide pour appareils de chauffage mobiles ». Commence la longue période hivernale si difficile pour tous ceux qui vivent sans chauffage. Quand on se gèle vraiment trop, quand le logement est trop humide, on allume un peu ce chauffage de fortune. Combien d’intoxications, d’incendies, de morts ?
On était resté au dernier chiffre officiel connu — autour de sept millions — et, au doigt mouillé, on disait huit millions. Mais l’Observatoire de la précarité énergétique nous donne un nouveau chiffre officiel. Onze millions et demi de personnes vivent dans la « précarité énergétique » comme on dit en langage techno. Encore ce « nouveau » chiffre, datant de 2006, est-il sans doute à rectifier méchamment à la hausse pour dire la situation d’aujourd’hui. Onze millions et demi ! Cinq-millions-cent-mille ménages. Insistons sur le langage techno et ses variations. 22% des ménages sont « en situation de vulnérabilité énergétique » ! Eh bien c’est sans doute pas assez pour une gauche qui n’en parle pas. Une gôche qui montre un déphasage abyssal face à la situation sociale...
Tiens, un élément biographique personnel à l’attention des ceusses qui pensent que j’ai des préoccupations de bobo. Je suis né dans une maison sans eau courante avec une méchante cheminée qui ne chauffait pas trop. J’ai passé mon enfance avec des engelures. Et les nouvelles engelures sur des engelures anciennes, je connais bien bien bien, et ça fait des crevasses profondes qui font mal mal mal. Comme ça tu connais mes raisons personnelles d'être sensible à la froidure des logements.
Les temps sont durs pour tout le monde ? « Quand même ! On vient d’augmenter le gaz de 21% en un an, [alors que] le prix sur le marché mondial a été divisé par trois ! Et personne ne dit rien. » C'est François Bayrou, le féroce bolchevik anticapitaliste, qui s'en étonnait voici quelques années. Pas un des ténors de la gôche à qui on tend les micros. Bah, laissons ce détail sans intérêt aux organisations caritatives qui délivrent des bons de chauffage sur demande des assistantes sociales quand les gosses sont trop souvent malades. Un bon de deux cents euros pour l’hiver. Les assos sont très beaucoup sollicitées. Faudra quand même pas trop chauffer. Bah, laissons ce détail sans intérêt aux magasins qui vendent les bidons de vingt litres palliant si mal l'absence d'un vrai chauffage et d’une isolation correcte. Le pauvre se conserve à basse température.
La gôche, elle, pense à plus important. Elle se préoccupe de deux-trois foulards pas assez laïques recouvrant des chefs féminins. Et écrit des kilomètres sur l’Islam. Et cause à longueur d’année d'une poignée de musulmanes. Et vote les lois Pétain sur l'abominable statut des Juifs, pardon, des Musulmanes. Onze millions et demi de personnes vivant dans le froid qu’est-ce que ça pèse face à quelques foulards ? Chacun ses centres d’intérêt. Ouais. Alors faut pas pleurer devant le taux d’abstention et le résultat des urnes.
———
Photo : L'Humanité. « Oui, la patrie est une baliverne / Un sentiment doublé de lâcheté / Ne deviens pas de la viande à caserne / Jeune conscrit, il vaut mieux déserter. » Le triomphe de l'anarchie par Les 4 Barbus, une chanson de Charles d'Avray.
On était resté au dernier chiffre officiel connu — autour de sept millions — et, au doigt mouillé, on disait huit millions. Mais l’Observatoire de la précarité énergétique nous donne un nouveau chiffre officiel. Onze millions et demi de personnes vivent dans la « précarité énergétique » comme on dit en langage techno. Encore ce « nouveau » chiffre, datant de 2006, est-il sans doute à rectifier méchamment à la hausse pour dire la situation d’aujourd’hui. Onze millions et demi ! Cinq-millions-cent-mille ménages. Insistons sur le langage techno et ses variations. 22% des ménages sont « en situation de vulnérabilité énergétique » ! Eh bien c’est sans doute pas assez pour une gauche qui n’en parle pas. Une gôche qui montre un déphasage abyssal face à la situation sociale...
Tiens, un élément biographique personnel à l’attention des ceusses qui pensent que j’ai des préoccupations de bobo. Je suis né dans une maison sans eau courante avec une méchante cheminée qui ne chauffait pas trop. J’ai passé mon enfance avec des engelures. Et les nouvelles engelures sur des engelures anciennes, je connais bien bien bien, et ça fait des crevasses profondes qui font mal mal mal. Comme ça tu connais mes raisons personnelles d'être sensible à la froidure des logements.
Les temps sont durs pour tout le monde ? « Quand même ! On vient d’augmenter le gaz de 21% en un an, [alors que] le prix sur le marché mondial a été divisé par trois ! Et personne ne dit rien. » C'est François Bayrou, le féroce bolchevik anticapitaliste, qui s'en étonnait voici quelques années. Pas un des ténors de la gôche à qui on tend les micros. Bah, laissons ce détail sans intérêt aux organisations caritatives qui délivrent des bons de chauffage sur demande des assistantes sociales quand les gosses sont trop souvent malades. Un bon de deux cents euros pour l’hiver. Les assos sont très beaucoup sollicitées. Faudra quand même pas trop chauffer. Bah, laissons ce détail sans intérêt aux magasins qui vendent les bidons de vingt litres palliant si mal l'absence d'un vrai chauffage et d’une isolation correcte. Le pauvre se conserve à basse température.
La gôche, elle, pense à plus important. Elle se préoccupe de deux-trois foulards pas assez laïques recouvrant des chefs féminins. Et écrit des kilomètres sur l’Islam. Et cause à longueur d’année d'une poignée de musulmanes. Et vote les lois Pétain sur l'abominable statut des Juifs, pardon, des Musulmanes. Onze millions et demi de personnes vivant dans le froid qu’est-ce que ça pèse face à quelques foulards ? Chacun ses centres d’intérêt. Ouais. Alors faut pas pleurer devant le taux d’abstention et le résultat des urnes.
———
Photo : L'Humanité. « Oui, la patrie est une baliverne / Un sentiment doublé de lâcheté / Ne deviens pas de la viande à caserne / Jeune conscrit, il vaut mieux déserter. » Le triomphe de l'anarchie par Les 4 Barbus, une chanson de Charles d'Avray.