Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

vendredi 4 septembre 2015

Aider à fuir l'extermination



« La Shoa et […] la fuite, par millions, des réfugiés de Syrie, d’Irak et d’Erythrée. Sans rapport parce que Latifa, Ali et Ahmed ne sont pas massacrés avec la même efficacité industrielle que le furent Samuel, Nathan et Rachel ? Sans rapport pourquoi ? Devrait-on croire que ceux-là courent le risque de se noyer dans la Méditerranée, de mourir étouffés dans un camion, de crever de soif sur une route grecque, parce qu’Ali, Latifa et Ahmed sont des touristes ou trivialement à la recherche d’un emploi en Angleterre ?

Non, eux aussi fuient l’extermination : ils prennent le risque de mourir noyés parce qu’ils savent que l’alternative c’est d’être gazé, mitraillé, bombardé, affamé. Ce n’est pas la Shoah. Ou n’est-ce pas encore la Shoah ? Comment, d’ici quelques années, nommera-t-on cette marée humaine qui déferle vers l’Europe ? Comment justifiera-t-on dans nos livres d’histoire et nos lamentations officielles cet exode que les Européens, les peuples et leurs gouvernements, tentent de réduire à une « crise » technique qui exigerait seulement quelques ajustements légaux dans la définition du statut de réfugié ? »

C’est un texte excellent dont je te recommande très vivement la lecture complète. Son auteur, Guy Sorman, est un théoricien libéral pur jus avec qui je n’ai aucune affinité. Et il n’en a sans doute  aucune pour un partageux comme moi. Eh bien les réfugiés sont un sujet où nous sommes tout prêts à faire front commun. 

Bon, assez de paroles, passons à l’action. Ouvrir une porte peut éviter la mort d’une personne.
Cette palissade photographiée à Calais ne résiste pas à une modeste pince coupe-boulon. Clac ! Tu pinces un fil après l’autre et tu découpes vite fait une jolie porte dans ce treillis soudé.

Le coupe-boulon est en vente libre dans toutes les quincailleries et magasins de bricolage. Inutile de prendre un modèle king size avec des bras d’un mètre et plus que l’on réservera à des sections de fers bien supérieures à ces ridicules barrières. Un petit modèle d'une cinquantaine centimètres de longueur fera merveille et se nichera avec discrétion dans un vêtement un peu ample. On fera l’acquisition d’un coupe-boulon de qualité (50 à 80 euros). Les bas de gamme à une dizaine d’euros ne sont en effet aptes qu’à couper le nougat et tombent en morceaux à la première utilisation. Va lire un forum de bricolage — mot-clé : coupe-boulon — si tu n’es pas convaincu.

On fera son apprentissage chez soi, sur un chariot de supermarché ou dans un coin tranquille. Une seule astuce à connaître. Il faut ouvrir au plus grand le coupe-boulon et bien engager le fil ou le fer à couper tout au fond de la mâchoire. Et puis on resserre les bras de l’outil. Et clac ! Le débutant commet souvent une lourde erreur. Il ouvre un peu la mâchoire, juste le nécessaire pour pouvoir y engager le fer à couper, et cela demande trèèès beaucoup plus de force pour couper. Si toutefois il parvient même à couper. Nous aurons ainsi révisé une leçon de physique sur le principe du levier… Si le débutant ne comprenait pas ce mode d’emploi, il demandera un petit cours au quincailler : en moins d’une minute, il apprendra comment procéder.

Encore un truc à savoir : quand le coupe-boulon est fermé, les deux mâchoires ne doivent pas se toucher, il doit rester un intervalle d’un bon millimètre. La chose se règle au moyen de vis. N’hésite pas à demander à ton quincailler de te montrer comment procéder à ce réglage même si le coupe-boulon est généralement vendu prêt à l’emploi. 

La loi n’interdit pas de diffuser largement les fiches bricolage de tonton Partageux.

———

Pour Radio Partageux Ja Funmi une chanson de King Sunny Ade, Nigéria, pays où ça fait bien longtemps (guerre du Biafra en 1969) qu’il est plus facile de mourir que de vivre.

6 commentaires:

  1. j'ai opté pour m'abstenir sur ce sujet. Les buzz c'est pas mon truc. J'ai eu d'autres occasions de l'écrire…

    mais je ne peux te donner tort de le faire… quoiqu'à ta sauce. Car c'est quotidien depuis… Sarkozy et Hollande associé à Valls continuent leur besogne : faire monter le FN le plus qu'ils peuvent… pour qu'on se réfugie à voter pour eux ? Ils peuvent toujours se brosser. Je voterai dorénavant BLANC.

    RépondreSupprimer
  2. Je fuis les buzz comme la peste. Mais ici, je suis satisfait qu’une photo déclenche enfin une traînée de poudre. Pourquoi cette photo fait-elle le buzz alors qu’on en a vu des quantités d’autres depuis des lunes ? Je ne sais. Peut-être parce que le terreau devient fertile : voir par exemple cette opération commando parmi des douzaines d’autres où 150 Anglais, excédés par la politique de leur gouvernement, ont livré 150 vélos aux migrants de Calais avant de repartir à pied. J’ai écrit la partie pratique sur le coupe-boulon le 10 juin en commentaire d’une autre photo de grille à Calais.

    Sur la question des réfugiés, comme du reste sur toute question sociale ou écologique, je suis d'abord un être humain. Mes éventuelles idées partisanes ou électorales ne viennent qu’au deuxième plan. C’est à dessein que j’ai cité Sorman, un ayatollah du libéralisme, plutôt qu’une personne dont je me sens plus proche.

    Sorman rappelle que l’on a attendu 1961 pour enfin commencer à parler vraiment de la Shoa. J’ajoute que l’on a pas encore vraiment commencé avec le Samudaripen, le « Tuez-les tous », des Rroms qui n’ont PAS été invités à la commémoration d’Auschwitz. Quel mot inventeront nos petits enfants pour qualifier le refus de l’Occident richissime d’aider de pauvres gens à éviter leur massacre dans tous ces pays maudits de l’humanité ? Les historiens du futur s’interrogeront doctement sur les raisons de cette passivité.

    Je refuse la passivité. Je fais ma part. Si modeste soit-elle. Et tant mieux si d’autres font autre chose. Et tant mieux s’ils sont nombreux à protester ou à agir selon leurs moyens ou leurs inclinaisons.

    RépondreSupprimer
  3. Partageux,
    Entièrement d'accord avec ton propos. Petite aparté sur l'inclinaison de fin de texte : Le terme d’« inclinaison » a une connotation matérielle et désigne un état : l’état de ce qui est incliné. Le mot « inclination », en revanche, a un sens le plus souvent abstrait et désigne un mouvement : mouvement de l’esprit ou de l’âme (on peut le remplacer par « penchant »).
    L’inclinaison de l’échelle contre le mur ; une inclination naturelle au bonheur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oups, je le sais pourtant. Mon clavier a fourché. Et je ne puis finalement faire la correction.

      Supprimer
  4. L'idéologie du FN a conquis les cerveaux. Sale époque. On commence à se compter entre la majorité à la bonne conscience raciste et les autres. Certaines lignes bougent où on ne peut qu'approuver le texte d'un dans face qui possède cette chose rare, l'humanisme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne suis pas sûr que la bonne conscience raciste soit aussi majoritaire qu'elle nous le laisse penser. Mais elle bénéficie très fortement des porte-voix qui amplifie son message.

      J'ai été très agréablement surpris par le contenu de la tribune de Sorman. Voilà un théoricien du libéralisme extrême dont je ne partage ordinairement pas le moindre mot qui ose affirmer, et avec quelle force ! des idées totalement opposées au plus clair de ses amis politiques.

      Supprimer

Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !