Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mardi 17 février 2015

Et si on écoutait les voix d'en bas ?

Le Front de Gauche aligne les branlées électorales avec une constance qui force le respect. Alors on a imaginé le truc si tellement génial qu'est le mouvement pour la 6e république. Avec un succès aussi balaise que les raclées électorales. On n’en est pas encore à 80 000 signatures électroniques après deux années à s’agiter sur ce thème ! Avant de me crucifier, note que je suis d’accord avec l’idée d’une transformation radicale des institutions.

Mais il y a des priorités si on souhaite avoir l’oreille de nos concitoyens. Alors, c’est quand qu’on arrête les conneries ? C’est quand qu’on cause de ce qui les préoccupe chaque jour ? En commençant par ceux qui dérouillent le plus. Pour faire le plein d'idées, quand le FdG voudra sortir du marasme, suffit d’aller écouter la queue devant le Resto du cœur. Ou suffit d'aller lire sur la toile.

Librellule raconte sa vie quotidienne. Je t'en donne quelques extraits pris ici et là sur son blogue.
 

« Vous n'avez reçu aucune offre, c'est parce que vos critères sont trop restrictifs. » […] Aide-à-domicile — Salaire souhaité minimum — Limoges et 20 kilomètres autour. Quels critères dois-je changer ? Demander plus ? Une heure ou deux de boulot à 50 kilomètres ? Dans toute la France? Au Botswana ? Changer l'intitulé du métier ? Technicienne spécialisée en toutes surfaces ? À n'importe quelle heure ? À n'importe quel prix ? […]

« Vous n'avez reçu aucune offre, vos critères sont trop sélectifs ! » Est-ce de ma faute ? Vais-je être pénalisée ? Radiée ? Le peu qu'on m'octroie va-t-il disparaître ? […]


Cher futur RSA. Je déclare :
— que mon cousin m'a donné trente euros le mois dernier.
— que ma sœur m'a envoyé un colis de confiture.
— que mon parent éloigné du Front National m'a offert trois livres qui m'ont servi de papier toilette. [...]


Définition du précaire. Il passe son temps à faire des papiers et à se justifier. […]


Quand vous entendez : mais du travail il y en a, tu ne cherches pas assez ! Tu dois mal te débrouiller ! Tu l'ouvres trop et c'est bien fait ! Les chômeurs sont des feignants et des profiteurs !


Dalipas raconte ses galères de quinquagénaire. On peut fouiller longuement dans les profondeurs de son blogue. C’est pas la matière qui manque. Hélas pour lui ! 

Dans sa réponse à ma demande d’aide, la Mairie de Montpellier me fait aimablement remarquer que l’an passé déjà j’ai bénéficié d’un « recours gracieux ». Sous-entendu « on va pas vous le refaire chaque année »… Et là je tombe le cul de ma chaise… Donc le recours gracieux n’est pas fonction de votre situation mais juste, tel un régime monarchique, une extrême bonté qui vous est très exceptionnellement octroyée on ne sait trop pourquoi ! On croit rêver, là… Mais où sont passés les beaux principes d’égalité de notre république ?

Je ne demande pas l’aumône ni la charité à une gracieuse majesté à laquelle j’aurais fait trois pas de révérence ! Je demande juste que soit examinée une situation aberrante qui exige de quelqu’un, qui ne gagne plus d’argent car privé d’emploi, qu’il s’acquitte d’une taxe qu’il ne peut pas payer.

Reporterre nous offre un entretien avec un paysan du Mali. Entretien intitulé : 
« L’origine du terrorisme, c’est l’exclusion sociale ». Autres cieux. Même détresse pour mêmes raisons. 

« Le monde rural en Afrique a été abandonné. La Banque mondiale et le FMI sont arrivés et ont décrété que les États africains n’avaient plus le droit de soutenir leur agriculture. Ils ont demandé l’ouverture des marchés, la libéralisation. Les agriculteurs se sont retrouvés dans une compétition féroce. En plus les intermédiaires sont apparus et ont pris une partie de leurs revenus. En vendant un sac de céréales, les paysans ne couvrent même plus leur coût de production. »
  

Et si on écoutait les voix d'en bas ?
———

Le maréchal des sans-logis, Remo Gary.

17 commentaires:

  1. Oui, bien sûr. Encore une fois, bien sûr. Je ne sais pas si "l'extrême-gauche" ferait mieux, mais on pourrait essayer, on n'a jamais essayé.
    Une VIe république ? Avec encore plus de suffrage universel ? Carrément la démocratie directe ?
    C'est bien là que le bât blesse.

    Librellule, nous sommes peut être cousins par le nom de plume, j'ai eu un cousin pas piqué des vers, Henri Yrissou. Je lui ai rendu hommage dans un article ancien, au temps où je "faisais" de la politique. C'est ici : http://www.libellus-libellus.fr/article-france-nature-environnement-l-environnement-sans-emploi-67368619.html.
    Mais le pur jus que j'ai retranscrit est ici, pour aller plus vite :
    http://www.piedsnoirs-aujourdhui.com/yryssou01.html

    Sa femme, Monique Difrane, divorcée remariée (les athées "de droite" n'ont même pas les circonstances atténuantes des athées qui ont pour religion l'humanité), m'avait dit un jour (le seul jour où je l'ai rencontrée, dans leur appartement du 16e, meublé en Louis XVI - je ne sais pas si vous vous êtes déjà assis sur une chaise Louis XVI : "Notre pays est comme une belle orchidée entourée d'orties."
    _ Chère cousine, l'orchidée est une fleur africaine, chez nous, on ne trouve que des orties.
    _ Hu hu, c'était une image de poète (elle avait publié une plaquette).

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  2. Le thème des institutions est important mais il ne parle pas directement à tous. Important parce que les classes populaires sont exclues de la représentation, ce qui aboutit à des politiques contraires à leurs intérêts.
    C'est vrai, il faut aller à la rencontre des exclus ou en voie de l'être, mais je ne suis pas certain que ça change grand chose au niveau électoral... sachant que l'abstention y est plus importante... C'est peut-être sur les lieux d'affrontement, type ZAD, où combat et exclusion sont présents que la gauche radicale peut renaître...
    A mon sens, ces deux militantismes sur la 6éme et l'exclusion doivent être menés de front.

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    1. Sûr que si on ne fait qu'aller à la rencontre des exclus, ou des gens en voie d'exclusion, ou des ouvriers / employés, on ne va pas changer grand chose.

      Mais si on retrousse les manches, comme le dit Jérémie dans un autre commentaire, c'est autre chose. Je me souviens que naguère le PCF a créé le Secours populaire français, une tapée d'écoles, patronages, colonies de vacances, habitats sociaux, imprimeries, agences de voyages et autres activités et entreprises. Ce qui manque beaucoup à gauche, c'est de passer de la parole à l'action...

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    2. Par rapport à ça, il faudrait s'interroger sur les élus et leur rôle. J'avais lu un article dans le monde diplomatique (je crois) qui montrait que les structures dépolitisaient les décisions des élus, notamment au niveau des regroupements de villes ou de communautés. Cela produit un éloignement du politique et des décisions qui ne font plus vraiment sens pour les citoyens...
      Quand on s'intéresse à l'aéroport de NDDL, tu as le PCF de Vendée qui y est opposé et celui de Loire-Atlantique qui y est favorable, tout simplement parce que les élus PCF du 44 doivent leurs places au PS...

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    3. Je vais encore être longuet, mais tant pis.
      Sur la remarque de notre ami à propos de NDDL : des élus comme des votards, personne n'est innocent dans cette sempiternelle course aux fauteuils douillets que représente chaque élection. D'une.
      De deux : le PCF : on imaginerait, vu son histoire, qu'il prenne une seule et même position en fonction de la vision qu'il est supposé défendre de l'intérêt général, et non que cette position change selon les départements, les accointances politiciennes, et les renvois d'ascenseurs.

      Moi je ne m'interroge plus sur les élus et leur rôle, j'encourage à voter blanc (quand on a besoin de figurer sur les listes électorales pour avoir du taf ou le garder) ou à ne pas voter du tout en expliquant pourquoi ça ne sert à rien et ne servira à rien tant qu'on en sera à devoir (ré)élire les mêmes individus se réclamant des mêmes partis (installés comme rabatteurs de voix) sur la foi des mêmes paroles tandis que s'étendent les territoires de la marge et que leur nature glisse dangereusement de la fange aux sables mouvants.

      Grosso modo, les politocards quels qu'ils soient me débectent et pour rejoindre Partageux, leur seul intérêt serait éventuellement de pouvoir se servir d'eux à condition d'être assez nombreux et motivés à se retrousser les manches sans forcément se réclamer de ceci ou de cela.

      Et là je me permets de pointer une notion dont je pense qu'il convient de ne pas la perdre de vue : l'indifférence allant se généralisant à l'égard des idéologies, thèses et penseurs de gauche, quand il ne s'agit pas carrément de défiance à leur endroit ; ne pas oublier non plus que beaucoup parmi les générations post-68 ignorent carrément ce qu'il en est du marxisme comme du trotskisme, les plus cultivés ayant gardé du communisme le souvenir de dictatures ayant plongé les peuples dans la terreur, plus que celui d'une juste répartition des richesses ayant conduit ces mêmes peuples à l'égalité des droits et au bonheur ; sans parler des générations d'actifs qui n'ont jamais connu d'autre socialisme que celui du PS, de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, Lang et Fabius. Donc, rien de très motivant et exit les références obsolètes du genre Mendès-France, elles ne parlent plus qu'aux agrégés d'Histoire.

      A suivre

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    4. Suite : Se retrousser les manches comment ? En tant que personnes, et sans attendre quoi que ce soit de partis devenus incapables d'agir, la marge de manoeuvre se réduit à la création de énièmes assoces qui peuvent fonctionner à condition d'être plusieurs à bien maîtriser le terrain sur quoi on décide de travailler. J'enfonce là une porte ouverte à dessein, car le problème qu'ont les personnes précaires et exclues, déjà soulevé par ailleurs, c'est qu'elles sont souvent isolées et aux prises avec tellement de tracas qu'elles n'ont pas ou plus l'énergie nécessaire à entamer une action.

      A ce moment-là, à ceux qui s'en sentent la force de rejoindre ce qui existe déjà (Secours Popu, Restos...) et qui est suffisammen implanté, pour proposer des extensions aux actions existantes vers des domaines à exploiter localement : créations de potagers communautaires, bibliothèque sauvage (banque de livres et de presse de récupe), ludothèque, technothèque (ordis, télés de récupe), gardes d'enfants, organisation de sorties, aide au montage de dossiers, aide à l'apprentissage de l'outil informatique, aide à l'alphabétisation.

      Ceci existe déjà selon les endroits, mais ce qui est moins évident, c'est de connoter ces actions à une dimension de lutte où intervient une véritable prise de risques d'ordre politique : je pense à un soutien effectif aux personnes qui ont des problèmes avec la bureaucratie, allant jusqu'à l'accompagnement aux convocs et lors des contrôles-flicage (ce que faisait le Collectif RTO dans la région parisienne il y a quelques années), je pense à la création de groupes de chercheurs d'appartements, impliquant la diffusion en interne de listes noires de logements et de propriétaires à bannir, même chose en ce qui concerne les emplois jetables, etc... Je pense à un accompagnement juridique des personnes lésées n'ayant pas accès au droit, lorsqu'elles sont en conflit avec un propriétaire, un employeur, EDF-GDF, l'eau, etc...

      Bien sûr cela suppose des bonnes volontés à réunir, ce qui ne sera pas possible partout car selon les régions, les cultures locales, on va se heurter à des mentalités retorses, des égoïsmes, des indifférences. Je sais que dans les périmètres reculés de la région PACA où je vis, pareilles démarches sont sans doute plus difficiles ne serait-ce qu'à envisager, que dans le Nord ou en Bretagne. J'ai vu quelles difficultés à pu rencontrer ma compagne plasticienne lorsqu'elle a voulu proposer une journée portes ouvertes autour de la poterie dans le quartier populaire où elle a son atelier, face à une municipalité de gauche-écolo-bobo encroûtée dans sa culture fonctionnariale...

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  3. La gauche radicale renaîtra quand elle s'occupera de ce qui est important, c'est à dire de convaincre, sur le terrain, dans les quartiers, dans les villages, ceux qui ne votent plus pour elle, ou qui ne votent plus du tout.

    Ce qu'elle ne fait pas/plus. A la place, elle blablate beaucoup, théorise, et rêve de 6ème République. Elle aussi a oublié la vie des Librelulle.

    Citoyens,

    Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

    Le Comité Central de la Garde Nationale, Paris 18 mars 1871

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  4. Eternel constat de la bavasse, du réunionnisme, des meetings célébrés comme des grand messes où se déclinent des super théories dont tout le monde se fout, hormis théoriciens patentés et intellectuels sans souci matériel. On ne convainc plus avec des belles paroles débitées dans un confortable entre-soi. On se fout des états d'âme de Méluche et de sa surdité. On n'a pas besoin d'une personnalité aux tourments de poète, mais d'un leader qui a déjà vu une cité, un squat', une file d'attente au Resto, un formulaire CAF intrusif, des zonards et des manchards, une turne de dix mètres carrés louée au prix d'un F3 autrement que derrière une paire de jumelles. Le terrain, il n'y a que ça, mais on n'est plus à l'époque du ciment jonché de limaille des usines. Le terrain aujourd'hui est boueux et limite hostile. On ne s'y paie plus de mots, c'est du concret et du palpable que l'on (n')attend (plus), et immédiat, pas différé.
    Voilà le problème et tu le résumes bien Partageux.
    Alors faire quoi ?
    Mouiller sa chemise, comme disaient les cocos il y a encore vingt ans, au-delà des territoires acquis de la seule Fonction publique. Saisir certaines subtilités, notamment que ce qu'on appelle les services publics, l'Administration, c'est la bête noire des exclus et des précaires. Parler clair et de gauche. Au passage, quelques idées bien radicales fleurant l'utopie : on fond toutes les allocations de survie existantes en un revenu universel du montant du SMIC, laissant chacun libre de travailler ou de se consacrer à des activités personnelles. On abolit les contrats jetables. On plafonne les loyers et on casse les mécanismes infernaux de la spéculation immobilière de sorte à permettre à chacun de pouvoir se loger décemment sans avoir à se ghettoïser dans des logements (a)sociaux. On prend l'argent là où il est, on surtaxe les appartements laissés vides, les résidences secondaires habitées quinze jours par an, toute espèce de spéculation, on plafonne les hauts revenus, on surtaxe les manifestations sportives, on limite les indemnités des élus à un et un seul mandat le temps de ce mandat, on supprime toute espèce de parachute doré. On crée un système d'habitat salarié dans les secteurs ruraux désertés, pour y maintenir écoles et services publics, et on libère des terrains pour y initier une agriculture communautaire bio, dont les produits seront distribués à qui a fait sa part de travail. On institue le mandat électif unique et non renouvelable, de sorte à éliminer les baronnies locales et à permettre un renouvellement constant des partis politiques. On encourage une économie d'autogestion. On prend ses distances concrètement avec la Troïka et on ouvre une concertation publique sur la nécessité ou non de rester dans l'UE.

    Je précise que je ne fume que du tabac et ne boit que de l'eau.

    http://leserrancesdesimongrodegue.blogspot.fr/

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    1. http://partageux.blogspot.fr/2013/03/passer-laction.html
      Un texte écrit pendant le congrès du Parti de Gauche. J'y étais invité parmi tout un groupe de blogueurs.

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    2. C'est du p'tit lait, Partageux, cet article !
      Nos anciens qui ont connu la JOC, les coopératives alimentaires et agricoles, les clubs de jeunes et plus tard, les friches artistiques, s'y retrouveront. Il y avait alors un esprit d'initiative qui a quasiment disparu. Reconnaissons qu'on n'était pas dans le même monde, que les choses étaient bien moins compliquées. Aujourd'hui, quoi que tu envisages de faire, il vaut mieux être à plusieurs au départ et compter des personnes qualifiées et motivées pour en découdre avec le Léviathan bureaucratique et savoir montrer patte blanche aux pouvoirs locaux, qui te dispenseront ou non les fonds nécessaires à fonctionner efficacement et durablement.
      Le problème des gens qui auraient des idées, envie de monter quelque chose, est qu'ils sont souvent isolés, sans moyens donc sans appuis, qu'ils ne sont pas mobiles et tellement dans la survie qu'ils n'ont pas forcément envie de donner dans le bénévolat.
      Et les pouvoirs locaux, quelque couleur qu'ils arborent, ils font dans le clientélisme et l'image.
      On retombe alors dans le hiatus que nous dénonçons sans relâche, des partis d'une gauche dite radicale qui se contentent d'être des appareils, mais des appareils qui ne fonctionnent pas sur le terrain.

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  5. "un renouvellement constant des partis politiques" : je voulais dire du personnel politique, évidemment.

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  6. bonjour, c'est mon premier jour ici, alors je recommence.. bonjour ! (pas encore au point avec pseudo, pas grave)
    j'étais radié avant Noël, à la 2° tentative ils m'ont eu Pan-Pan!.. ils sont hésitants, au premier coup même pas mal, même si menaçant, un courrier réparateur, pleur & dérision, aphorismes & allégories, genre: joli cv, sans prétention, me manque qql expérience, moi qui aime tant la nature, alors la manche devant Prisu.. Question "la présence d'un chien est-elle nécessaire ? j'ai déjà 3 chats.."
    J'ai lâché l'affaire, pas par manque de munitions ni de timbres, plutôt une fuite d'ironie; je tiens à vous rassurer, je ne touchais pas un maravédis, zéro zloty..
    marié et bien (aimants) ma chèvre (oui c'est nouveau; elle l'accorde à son âne préféré) au salaire suffisant, disons que je cherche du taf;
    pourquoi ce post alors ?
    pour partager (!) qql expérience, sinon une astuce..
    moi aussi j'avais limité mon parcours (40 bornes) alors 2x, les 2 seules ! (en 3 ans) le job proposé a 50 klm (Evian) dois-je préciser, sinon passer pour un mytho, une de mes exigences (oui, je suis ainsi, insatiable) le souhait de bosser en équipe (n'importe !) une simple sociale compétence, résultat: chauffeur livreur.. Evian donc, ensuite St Gingolph..

    mon conseil, j'me permets malgré un manque de disposition et maitrise, alors de cibler (je pense aux fléchettes) un cercle very près de la casa (2 k par ex.) la garantie, disons la certitude de rentrer pour le lunch

    aussi, c'est une bonne idée Gavroche "convaincre sur le terrain" oui-oui mais il m'apparais, le quartier, le village, aussi le marché ? à la réceptivité douteuse.. mais tu as raison, l'effort est à faire !
    bonne journée

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    1. Convaincre sur le terrain par l'action, le concret, pas par la distribution de tracts. Par exemple la reprise de PME chancelantes en autogestion. Le FdG, le PC disposent de moyens pour organiser des meetings et des universités d'été, elle peut investir dans ce sens. Quant à la "visibilité médiatique", dès lors qu'une télé commerciale invite Méluche à raconter sa vie, sa surdité, ses états d'âme de poète désabusé et son goût pour les chansonnettes de Carla Bruni, elle trouvera toujours le moyen de faire de l'audimat sur l'action de terrain du FdG à partir du moment où ses têtes de pont iront se montrer sur les lieux aux côtés des cols bleus.

      Pour parler le langage de ces gens-là, il y a une "vague Syriza", une Syrizamania à exploiter : on ne peut pas dire que les patrons, l'entreprise, la peste libérale, la clique des actionnaires, des multinationales et des technocrates de l'UE soient en odeur de sainteté auprès du grand public, et l'épisode du 49-3 avec la loi Maquereau le démontre autant que l'étrange silence autour des élections régionales, qui se tiennent quand même dans quelques semaines.

      C'est pour ça que je trouve impardonnable l'inertie de cette "gauche radicale du verbe" qui aurait à l'heure actuelle tous ce qui lui faut pour proposer un projet de société alternatif. Qu'elle secoue enfin ses puces pour aller à la rencontre du réel, des gens, et agir.

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  7. Le problème de la gauche radicale, c'est qu'elle veut jouer à l'intérieur du cadre, à l'intérieur même des règles fixées par ceux qui tirent les ficelles de ce monde.... Quand elle aura compris, et tous ses détracteurs avec, qu'elle ne peut pas gagner sans la force de frappe que sont les médias, la télé, la manipulation de l'opinion publique (voire sa fabrication) elle ira de branlées en branlées... Comment gagner ? En refusant de jouer leur jeu avec leurs règles... Et ça va être dur, on s'en doute...

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  8. Le problème est que le Front de gauche et les partis qui le composent ne peuvent plus écouter ces voix d'en bas, parce qu'elles ne sont plus représentées dans leurs militants. Qui compose aujourd'hui les équipes dirigeantes du PG, du PCF et autres ? des cadres, des hauts fonctionnaires, certes intelligents et certainement compétents, mais plus les classes populaires.

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    1. Pendant le congrès du PG j'ai blogué en direct — moi qui ponce et rabote lentement mes textes — et mes bafouilles restent d'actualité... Ça va t'intéresser comme ça va aussi intéresser Jérémie.
      http://partageux.blogspot.fr/2013/03/parite-sociale.html

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    2. En effet... Grosso modo le tableau ressemble à ça :
      - Y'a t-il un prolo dans la salle, camarades ?
      Au fond, on retrouve dans cette gogauche radicale du verbe l'ambiguité de ce que fut 68, que perso je n'ai pas vécu, étant gamin à l'époque, mais dont j'ai eu vent des lointains échos, présentés sous un angle critique rarement abordé au travers d'émissions diffusées il y a une vingtaine d'années sur France-Culture : nos intellectuels issus de la bourgeoisie, gonflés de belles théories révolutionnaires, la langue alourdie de cette rhétorique pesante qui a inspiré à un mec comme Jean Yanne ses séquences les plus jouissives, se sont trouvés vachement emmerdés par les revendics si terre-à-terre de ces cohortes de cols bleus qui représentaient la réalité d'un monde ouvrier qu'ils prétendaient défendre mais dont ils ne connaissaient que ce qu'ils en avaient lu sous la plume de Marx, Engels et éventuellement Zola.
      J'ai bien aimé à l'époque les cinéastes de la Nouvelle Vague interrompant le FIF de Cannes "par solidarité avec les travailleurs", ou encore Jean-Sol Partre décidant, toujours "par esprit de solidarité", de se faire serrer par les flics parmi des militants enfournés dans un panier à salade... devant les caméras.
      Au final on s'est débarrassé de 68 en allongeant le SMIC et en rouvrant vite fait les pompes à essence pour que les braves gens qui le pouvaient puissent partir au bord de la mer.
      On était déjà pragmatiques à la fin des Trente Glorieuses.
      Et les Godard et les Truffaut, les Sollers, Sartre et consorts, et les rimailleurs sortis de chez Plumeau, de Ferrat à Montand en passant par Reggiani et Higelin, ils sont restés aux côtés des travailleurs mais pas à Sarcelles ni dans les usines.
      La suite on la connaît : dissolution progressive de ce qu'on appelait la classe ouvrière par l'accès au crédit à la conso et la mise à bas des filières manuelles au profit des concours d'entrée dans la Fonction publique, puis dès le milieu des années 80, apparition des contrats-poubelles générant l'émergence d'un lumpenproletariat qui apprendrait au fil des galères à se blinder aux éternelles promesses de lendemains chantants. Accès favorisé à la classe moyenne pour ceux qui étaient dans les clous, expulsion dans les marges pour les autres, au gré d'un programme de planification de la pauvreté générateur de haines et de ressentiments que seules tempèrent la distribution de gadgets électroniques et une propag' efficace assortie de distractions clinquantes.
      Et on en est là à déplorer les tares d'une gogauche radicale du verbe, qui tapine dans l'entre-soi, tandis que les indicateurs s'affolent sur les terrains de l'angoisse.

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