Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

vendredi 13 février 2015

Valeurs, balivernes et vies difficiles

1960. Algérie. Ils enlèvent le voile d’une très jeune musulmane. Gloire de la mission civilisatrice... C’est Bernard Langlois qui a retouité la photo. En faisant remarquer, après son écœurement, qu’on avait mis des bandeaux noirs sur les yeux de nos valeureux militants laïques. Une recherche rapide m’a permis de retrouver cette photo non censurée. Une leçon de l’Histoire est que, malgré toute la force des forts, les faibles ont viré les colonisateurs.

« Devrais-je faire semblant d’accepter votre adhésion religieuse à une laïcité qui est devenue en réalité l’arme ultime et exclusive contre les musulmans de France ? Devrais-je faire semblant d’accepter votre mutisme lorsque l’école de la République s’attaque avec violence à des enfants de 8 et 10 ans parce que musulmans ? Devrais-je faire semblant d’accepter que vous détourniez le regard lorsque la police française, institution républicaine où le racisme est endémique, tout comme dans l’armée française, interroge ces mêmes enfants, comme on interrroge des criminels, sous la bienveillance de la ministre de l’Éducation ? » Abdel-Rahmène Azzouzi est chef de service au CHU d’Angers. Il met fin à son mandat de conseiller municipal. Il explique sa démission dans une lettre ouverte à ses collègues élus de la ville d'Angers.

Ça commence très mal, cet article de Télérama, avec Valls et l’éditorial du dernier numéro de Charlie. Du national-laïcisme, de l'intolérance bas du front qui pousse à la guerre civile.  On passe heureusement vite à des voix respectueuses de la liberté individuelle. « Deux laïcités se sont superposées dans notre pays : La première fonctionne de façon immergée, silencieuse : il s'agit de toute la jurisprudence issue de la loi de 1905, qui permet à chacun d'exercer sa religion dans le calme et la sérénité. La deuxième, émergée, bruyante, fait débat : il s'agit d'une nouvelle laïcité, très différente de celle de 1905. Alors que la loi de séparation assurait la neutralité de la seule puissance publique, celle-ci cherche à étendre la neutralité à la société tout entière. Petit à petit, ce n'est plus à l'État mais aux individus eux-mêmes que l'on demande d'être neutres. »

Tu n’as jamais compté le moindre cancer, diabète ou allergie dans ton entourage ? Pendant qu’on nous les casse avec une laïcité que personne ne remet en cause, l’industrie chimique continue son œuvre de mort. Et elle ne fait pas dans le détail. « Un ouvrier a dix fois plus de risque de mourir de cancer (et de façon précoce avant 65 ans) qu’un cadre supérieur. Sauf à considérer que les ouvriers ont des cellules souches tout à fait particulières – ce qui ressemblerait à une forme d’eugénisme –, force est de considérer, pour comprendre cette inégalité, la différence très significative d’exposition à des cancérogènes professionnels, mise en évidence par une enquête du ministère du travail. […] Les ouvriers sont dix fois plus exposés dans leur travail à des cancérogènes que les cadres supérieurs. […] L’épidémie de cancer a pris des proportions catastrophiques en France et dans le monde. Entre 1984 et 2012, le nombre annuel de nouveaux cas est passé, en France, de 150 000 à 355 000. » 

Bizi ! groupe activiste basque, effectue une saisie citoyenne à HSBC Bayonne ! Le piquant de l'affaire est que, pour huit fauteuils « empruntés » à la banque, le président de Bizi ! est immédiatement entendu par la police. Alors qu’on attend depuis des années le début d’une esquisse d’action judiciaire contre les banquiers receleurs de vols de paquets de milliards...

Librellule est aide à domicile et elle écrit. Entre deux poèmes elle raconte boulot et précarité. Quand la gôche voudra cartonner aux élections ou quand elle voudra compter les manifestants en colère par paquets d’un million, au lieu d'encourager la pêche à la ligne avec la laïcité, la république et autres valeurs en direct de l'astéroïde AZ87362 de la constellation de l'arbre à came, la gôche causera de la vie des aides à domicile, des merchandiseuses, des caissières, des peintres en bâtiments, des caristes, des femmes de ménage et des chômeurmeuses. « J'ai enfin plus de travail qui me permettra de conserver mon appartement et mon indépendance. Je travaille au minimum 40 heures par semaine plus 5 heures de trajet (minimum) et 4 heures un WE sur deux. Je vais gagner entre 800 et 1000 euros selon les mois. J'ai 600 euros de factures mensuelles sans compter la nourriture et le carburant. […] Nous assistons des personnes âgées, malades, handicapées. Nous permettons leur maintien au domicile. Nous sommes utiles, efficaces, indispensables. » Payées en queues de cerises. Et traitées comme des chiens galeux.
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La chanson du jour est une réjouissante parodie. Le MDR, mouvement des rmistes pour un exil social en Belgique, avec Jean-Jacques Goldman-Sachs featuring Siriminima sociaux. Le MDR est apparenté à l’Église de la Très Sainte Consommation. Le Fritesistan est si loin de la laïcité...




4 commentaires:

  1. Bonjour et encore merci pour ces liens et la chanson de l'église de la très sainte consommation. je les croise parfois dans les rues de Lille ou lors de soirées ciné sur les riches ;o)
    Pour le Partageux, un lien vers une super émission de chansons poétiques et sociales de Radio Campus Lille. une émission par année de 1960 à 1975 pour l'instant.

    http://www.campuslille.com/index.php/categories/listings/atelier-du-desir-novateur

    Peut être y aura t'il une chanson que tu ne connais pas ;o))

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    1. Merci Carole.
      Mais bon, je ne suis pas l'encyclopédie exhaustive de la chanson... ;o)

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  2. C'est dégoûtant (je parle de la photo et je garde un terme propre) : on ne lui retire pas son voile-signe-ostentatoire, on la met à poil. Et on s'est étonné qu'ils se révoltent ! Dès 1939, Camus a parlé de la misère en Kabylie.
    http://www.libellus-libellus.fr/article-albert-camus-revolte-et-an-archie-45153691.html

    Est-ce que l'article de Télérama a été publié sur papier ? En tout cas, les interventions qui suivent l'intro sont justes.

    Les lectures du jour (Lv 13, 1-2.45-46 et Mc 1, 40-45) parlent des lépreux. Aujourd'hui, on guérit la maladie du corps, mais pas la figure défigurante de la lèpre.

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