Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

lundi 7 juillet 2014

La chanson du lundi


Tu promènes tes oreilles sur la toile. Ah tiens, cette chanson-là, tu l’avais un peu oubliée. Faudra la mettre un jour ou l’autre sur le carnet de route. Et tac, une de plus bien rangée dans le tiroir virtuel. Pour plus tard. Le lendemain tu te mets un disque. Ce lascar-là, c’est lui qui a écrit… ah faudrait quand même… Et encore une p'tite pour la route. Et elle, cette chanteuse qui enchante… un jour faudra bien… Et zou ! Une de plus sur le tas qui attend. Enfin bon, au rythme tranquille des publications, combien de temps pour venir à bout du stock de chansons dans le tiroir ?
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— Comment ça va ? 
— Comme un lundi ! 

Ce dialogue des gens qui vont au chagrin, combien de fois l’a-t-on entendu ? Ce travail nécessaire pour assurer la subsistance mais dont on se passerait si volontiers tant il est ingrat. Au point que la sagesse populaire l’a nommé le chagrin. Même si le chômage a cabossé les rêves de farniente, dolce vita et sieste crapuleuse, le travail reste trop souvent vécu davantage comme un mal nécessaire, une malédiction, que comme un épanouissement bienheureux. Té la gauche ferait bien de réfléchir à deux fois au chagrin mais ce n’est pas le sujet du jour. Henri, un métallo avec qui j'ai bossé naguère, s’était improvisé rédacteur de dictionnaire : « Lundi, c’est un mot qui vient du latin et ça veut dire le premier jour pour le patron. » Et on ne l'aime guère. Le lundi. Et le patron. 
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Si tu faisais comme d’autres qui publient leur billet, leur photo ou leur chanson du dimanche ? Maintenant tu sais tout. Ou presque. Et c’est ainsi que tu lis aujourd’hui pour la première fois La chanson du lundi. Histoire de se faire du bien le lundi. 
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Photo Des pas perdus. Aujourd’hui, hasard d’une programmation parfaitement aléatoire, c’est Vincent van Gogh, une chanson de Philippe Forcioli. 

4 commentaires:

  1. Mais le dimanche... On n'en dit rien ? Ce jour superflu, creux, mort, suppurant l'ennui dès que tu es en ville, que tu n'as pas de bagnole, pas de ronds, pas de famille, nulle part où t'évader, la mer est loin, et la campagne...
    Le vide dominical tient son rôle dans les tourments du siècle. Il hache la société entre ceux qui jouissent de ces heures à eux et ceux qui les endurent entre les quatre murs qui leur sont consentis. Et ceux qui vont rentabiliser au black la caisse à outils, les outils de jardin, la gamatte et la truelle, chez de plus nantis, l'apéro en prime.
    Je déteste ce dinosaure judéo-chrétien...

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    1. Le dimanche, c'est le jour de repos. Chez nous ce jour est lié à une ancienne tradition chrétienne. Ailleurs le jour de repos est lié à d'autres traditions religieuses, à des habitudes ou à des conquêtes sociales.

      Que tu t'ennuies le dimanche n'enlève pas la nécessité de se reposer, de consacrer du temps à sa famille ou à ses proches, de faire autre chose. Que tu t'ennuies ne doit pas conduire tout un chacun à travailler sept jours sur sept du matin au soir.

      Durant les jours de solitude et de désœuvrement je lis, j'écris, j'écoute de la musique. D'autres ont d'autres activités. À chacun de trouver ce qui lui convient...

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  2. Le dimanche tu les vois errer, les gens, les bras ballants, par les rues vides, se laissant pigeonner en famille, entre potes, à la terrasse des cafés ouverts. Autrement c'est la ruée vers les Gifi, les zones à hangars, les lieux où ils iront claquer leur découvert. Tout est bon à tuer dix minutes, en ce jour sinistre. Le repos c'était avant, du temps des guerriers, du temps des usines, du temps où les apparts étaient assez grands pour qu'on puisse recevoir. Du temps où la Société ne se subissait pas.

    Je ne suis pas le seul, Partageux, à m'emm... le dimanche. La zique, la lecture, je m'y adonne tous les jours. La solitude, je la fréquente plus qu'à mon tour. Ce que j'essayais de dire c'est que faire quelque chose de son temps "libre" est étroitement conditionné à l'intérêt que peut représenter le lieu où l'on vit (si on l'a choisi, s'il est vivable, pas trop moche, s'il offre des ouvertures vers autre chose, à côté..), aux moyens dont on dispose et à son "capital social". Si t'es seul t'es seul, si t'es à pied t'es à pied, c'est pas souvent un choix et en sortir est plus difficile dans la vraie vie qu'en théorie. Autrement reste la télé (Drucker y sévit depuis les années 60 au bon plaisir de nos p'tits vieux qu'étaient déjà des p'tits vieux à l'époque, c'est comme ça en France, t'as l'impression qu'il y a des gens qui naissent vioques et qui le restent toute leur longue et désespérante existence), traînailler dans son lieu de survie tant qu'on ne l'a pas trop pris en grippe, où la cuite au goutte-à-goutte que le loser à bière entame dès le vendredi, une bibine après l'autre du giga-pack vendu en promo chez Aldi, histoire d'arriver tranquillos au lundi (eh oui, il n'a pas la même saveur selon que tu es dans la Société ou qu'elle t'en a exclu), dans un état de torpeur qui t'aura épargné les vicissitudes dominicales.

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    1. Bonjour,

      Tu m'as donné l'idée de la chanson du lundi qui est demain. C'est un "en guise de réponse" et je pourrais t'en faire plusieurs. Comme te dire ma vive approbation amusée de ton paragraphe "vieux depuis son plus jeune âge où il regardait déjà son Drucker dominical".

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