Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mardi 26 mai 2015

Aux côtés des femmes de ménage


« Yórgos Katroúgalos, ministre heureux car entouré des femmes de ménage rembauchées. Presse grecque, mai 2015. » (Légende de la photo publiée par Greek Crisis)

En Grèce le Ministère des finances réembauche les femmes de ménages licenciées. C’était un événement attendu depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir. Greek Crisis nous raconte cela. « À Athènes, Yórgos Katroúgalos avait posé pour la photographie, certes bien heureux (et cela sincèrement), aux côtés des femmes de ménage au ministère des Finances, enfin réembauchées par le gouvernement SYRIZA/ANEL, belle action symbolique […] ».

On commence par les plus fragiles, par les plus modestes, par les plus mal payées, par celles qui font le travail le plus mal considéré. Alors, oui, c’est un symbole fort.

Le Front de Gauche a commis une bourde chaque fois ou presque qu’il nous a entretenu à ce sujet. Selon les gens du FdG il est toujours question de la « réintégration des fonctionnaires ». Et c’est là que je joue le rôle du chieur de service. Réembaucher des femmes, et les plus modestes, les femmes de ménage, c’est là toute la force du symbole où l’on se soucie d’abord des plus fragiles. On ne trouvera guère que des libéraux intégristes pour la contester. Tant il est facile de trouver un consensus très large pour une telle décision. 


Tandis que « réintégrer des fonctionnaires », c’est signifier encore une fois que la gauche n’est pas au service du bien commun mais qu’elle est un cartel corporatiste défendant une caste de vaches sacrées — les fonctionnaires — qui est sa clientèle attitrée. Envolé le consensus. Toute la droite, Parti fauxcialiste inclus, va crier haro sur le baudet et couiner à la gabegie. Bon, d’accord, tu me diras qu'on se branle de ce que pense le député républicain ou le sénateur fauxcialiste. Mais tous les gens modestes, tous les gens qui rament au chômage plus ou moins intermittent, tous ceux qui deviennent aigris avec leur vie difficile, tous ceux qui sont salariés du secteur privé, combien de ceux-là vont hausser les épaules de résignation ou vont râler ferme en disant que c’est toujours pour les mêmes et que c’est injuste ?

On divise le monde ouvrier (celui qui œuvre pour obtenir un revenu au contraire de celui qui vit de son capital) au lieu de le fédérer. Et nos ténors du FdG font cela sans malice, sans prendre conscience de leur bourde et de l’ampleur de ses conséquences. Et l'erreur grossière de communication, une erreur parmi tant d’autres, incite à bouder les urnes, incite à quitter sans bruit le FdG, incite à abandonner le combat. 
———

Je ferme, Loïc Lantoine & François Pierron.  

18 commentaires:

  1. Bien d'accord.
    Aujourd'hui, l'administration sous-traite le ménage pour faire des économies . Et, je te laisse imaginer les conditions de travail et le salaire. C'est un scandale.

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  2. Ben non. Pas tout à fait d'accord, pour le coup. Certes, il faut réembaucher les femmes de ménage, c'est une évidence.

    Mais au-delà du symbole, il faut AUSSI réintégrer les fonctionnaires, qui eux, en principe, sont bel et bien au service du bien commun. Le "service public" ça s'appelle.

    Et dans un monde idéal, ce service là est gratuit, il n'est pas censé être seulement "rentable". Il n'est pas privé et n'est pas censé engendrer des profits pour une minorité.

    Je rêve d'un monde où les transports publics seraient abordables, mailleraient tout le territoire et pas seulement les grandes lignes... Où les soins seraient intégralement remboursés, les lunettes, les dentiers, et même soyons fous, les soins dits "de confort". Où les impôts seraient équitablement répartis entre ceux qui ont beaucoup et ceux qui n'ont rien.

    Etc.

    Mais je suis une indécrottable idéaliste...

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    1. 1) Ouh la ! Mais je n'ai pas écrit mon opposition à un statut mais mon opposition à ce que ce statut de fonctionnaire donne un privilège / une différence sur le droit commun des salariés. Et je suis bien d'accord que les fonctionnaires doivent être réintégrés. Mais sur le même pied que des salariés du privé et pas avec ce qui est regardé comme un coupe-file ou un privilège. Je veux l'égalité, en actes et pas seulement en paroles, et j'ai l'impression de ne pas être tout seul.

      2) Les fonctionnaires ne sont pas par essence au service du bien commun. Le service public n'est pas, loin s'en faut, toujours au service du public. On peut en décider ainsi mais c'est un choix politique. On peut en décider autrement et c'est bien souvent le cas.

      Allons par exemple examiner la composition sociale des étudiants des grandes écoles : elles sont au service d'une classe et non au service de tous.

      Ou bien allons examiner les tâches des "forces de l'ordre". Il circule des photos où les "forces de l'ordre" brutalisent Ada Colau, arrivée en tête aux municipales de Barcelone, quand elle défendait de pauvres gens contre les expulsions. Ces forces de l'ordre étaient au service des banques / des possédants et pas au service de tout un chacun qui a besoin d'un toit pour vivre.

      Tu me diras que ce n'est qu'une nuance mais l'égalité doit être mise en avant quand tant de gens galèrent.

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    2. Tiens, bonjour Gavroche, tu fais un tour par là ? Zozéfine connaît-elle ce blog ?

      Salut Partageux, rien à ajouter.

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  3. Bien et tu t apercois que le front de gauche est un miroir aux alouettes ? Franchement comment faire du neuf avec des ténors retourne veste comme on en a tant vu au fdg et pas qu au pc je tiens à dire. Il serait vraiment temps que certains laisse leur place.vu leur incompétence a dynamiser la gauche dite radicale.

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    1. Tu pourrais écrire la même chose de Lutte Ouvrière, du NPA ou de n'importe quelle autre organisation. Mais voilà. On est bien obligés, si on veut un minimum d'efficacité, de faire des concessions et de faire alliance avec des gens dont on ne partage pas toutes les idées. Le PG, par exemple, a été créé sur trois bases : socialisme, république et laïcité. Seule la première m'intéresse et je regarde les deux autres avec pour le moins une très grande méfiance. Non par opposition mais en raison de ce que l'on en fait : des systèmes d'exclusion de ceux qui dérogent aux normes édictées. Faut toujours essayer d'infuser nos idées dans les organisations et pour cela y mettre un peu les formes : ce n'est pas en traitant les autres de noms d'oiseaux qu'on va les convaincre.

      Ce qui me navre le plus n'est pas d'être incompris des orgas mais de constater que les échecs, tant dans les élections que dans les luttes, ne semblent pas remettre en cause les stratégies et les idées qui foirent depuis trente ans et plus.

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    2. la différence entre le npa et lo, c'est qu'ils n'ont jamais participé a un gouvernement.Melenchon a été ministre et la politique qu'il a fait dans la gauche plurielle n'a pas été très perspicace, vu qu'il a même eu droit a des mouvements syndicaux. il me semble qui ont manifesté contre lui à l’époque et la politique qu'il incarnait.
      On pourrait aussi ajouté bien sur un certains nombre de dignitaires pc transfuges au pg qui essayent de se refaire une jeunesse, ou encore le pc en lui même qui va la ou le vent tourne celui de l'opportunisme et de la sauvegarde de ces derniers fiefs electoraux.
      l'Extreme gauche certes n'a pas eu bcp de cadres qui ont changé mais au moins ils n'ont pas voté comme certain le oui à Maastricht...cela a une importance ce n’était pas rien et cette Europe que nous vivons aujourd'hui a été forgé par ces gens la. De fait ils soutenaient cette conception rétrograde de l'europe...une europe dont le tout premier président rappelons le était un ancien nazi ce qui en dit long sur la vision de ce qu'il voulaient faire...
      pas une Europe de peuples bien sur mais celle pour les plus fortunés bien sur et de ce coté ils ont y réussi parfaitement grâce à certains, y compris dans cette gauche radicale qui ont toujours joué un double jeu malsain.

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  4. Bon, réponse à l'ami Partageux (et des bises à Babelouest)

    D'accord sur l'égalité, mais par le haut, cré vingt Dieux ! Aligner les conditions de travail des salariés du privé sur celles des "privilégiés" (salauds de fonctionnaires...) et pas l'inverse, pour faire plaisir aux libéraux de tout poil.

    Et si, les fonctionnaires sont (ou devraient être, mais j'ai parlé de monde idéal) au service des gens. Et c'est effectivement un choix fondamentalement politique.

    Enfin, tu me parles grandes écoles, je te parle infirmières, pompiers, percepteurs, conducteurs de bus ou de train, enseignants. Et ce n'est pas du tout la même chose.

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    1. Ben Gavroche, on est parfaitement d'accord. Sur l'égalité par le haut comme sur le fait que les fonctionnaires /services publics devraient être au service de tous. Comme sur les infirmières ou les conducteurs de bus. Dans l'idéal, comme tu l'écris.

      Mais — hélas ! — nous sommes très nombreux à regarder aujourd'hui les fonctionnaires comme les chiens de garde du système. Dans tous les domaines.

      Puisque tu cites les infirmières, voici une anecdote pour illustrer. Le gars saigne du nez et ça pisse à flot. C'est pas le genre chochotte et s'il va aux urgences pendant un week-end prolongé, c'est parce qu'il ne se sent pas bien du tout et qu'il pense que ce n'est pas normal de saigner ainsi. Il se fait éconduire pas trop gentiment puisqu'il creuse le déficit de la sécu pour un saignement de nez. Le week-end enfin passé il va chez son toubib qui diagnostique immédiatement une crise d'hypertension grave au point d'envoyer sa secrétaire chercher d'urgence le médoc à la pharmacie d'à côté. Le gars ne pouvait pas savoir : il n'avait jamais eu d'hypertension.

      Combien de pauvres regardent ainsi les fonctionnaires comme des chiens de garde ? Je ne veux pas taper sur les fonctionnaires mais juste expliquer que des décisions politiques leur donnent un rôle qui peut être carrément contraire à leur mission !

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  5. « réintégrer des fonctionnaires », c’est signifier encore une fois que la gauche n’est pas au service du bien commun mais qu’elle est un cartel corporatiste défendant une caste de vaches sacrées — les fonctionnaires — qui est sa clientèle attitrée.

    Je ne défends pas le FDG, que je trouve pour le coup beaucoup trop mou, européiste, etc, mais écrire ça, excuse-moi, c'est apporter de l'eau au moulin de la droite. Et c'est, comme tu dis, diviser les pauvres. Tu crois vraiment que les fonctionnaires ont tous fait "les grandes écoles" ? Certains n'ont même pas lu La Princesse de Clèves... !

    Quant à ton anecdote, elle n'est qu'une ... anecdote, justement. Tu pourras toujours trouver LE fonctionnaire mal embouché, ou feignant, ou tout ce que tu voudras (mais exactement comme dans le privé).

    Si le "déficit" de la Sécu (comment un service public pourrait-il être en déficit ??? ce n'est pas une entreprise, merde ! ) n'était pas monté en épingle pour continuer sans arrêt de rogner sur nos droits, et si les infirmières étaient plus nombreuses, peut-être que ton hypertendu aurait été mieux soigné...

    Et quand tu écris ça : "On est bien obligés, si on veut un minimum d'efficacité, de faire des concessions", là, je tombe de l'armoire. Parce qu'il n'y a aucune concession à faire avec le capitalisme, aucune. Le pire, c'est que même "la vraie gauche" en fait des "concessions". Elle ne fait même que ça, la preuve. Faut croire que le discours "il faut que tout le monde fasse des efforts" (en faisant évidemment porter les efforts sur le dos des mêmes) a fini par passer...

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  6. le probleme c'est qu'en designant le fonctionnaire on fait comme d'hab on parle par de ces 1% les plus riches qui dirigent le monde et ont decidé de construire une europe fascite pour mieux nous asservir, c'est cela a mon avis que partageux tu devrais attaqué plutot que de parler de castes de fonctionnaires.
    il y a certes au front de gauche ce genre de choses, une caste d'opportunistes surtout.Le font de problème est aussi la position pro europeenne qu'a le front de gauche et cette europe telle qu'est construite n'est en rien une europe sociale c'est la que le bas blesse et je n'entends jamais melenchon ou le FDG recentrer ces attaques sur ces 1% les plus riches ou du moins il le fait des plus mollement .

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  7. Avec les commentaires on dévie un peu du sujet initial...

    1) Mon propos dans cette bafouille est simple : bien mettre l'accent sur les plus humbles, les femmes de ménage, comme l'ont fait les journaux grecs. Sans se soucier de leur statut (ici fonctionnaires) à rebours de ce qui a été dit en France à ce sujet notamment par le FdG. Dans le but précisément de ne pas faire du statut de fonctionnaire, aux yeux de plus humbles, un privilège, dans le but de ne pas diviser le mouvement ouvrier en fonction de son statut.

    Les organisations (partis comme syndicats) ont essuyé de lourds échecs et cela devrait nous interroger sur nos stratégies. Et on n'a pas à s'empailler sur FdG contre NPA, sur CGT contre SUD, sur Mélenchon contre Besancenot, ou autres conflits internes : c'est toutes les organisations et toutes les stratégies qui sont en échec complet. Toutes !

    Alors on doit cesser de réciter le catéchisme de gauche et réfléchir à ce qui merde. C'est le but de ce blogue depuis sa création. Si on ne le fait pas, les organisations, toutes, continueront à merdouiller lamentablement. Point.

    2) Dans les commentaires j'ai ajouté un hors-sujet à ma bafouille initiale : Les services publics sont vus par de plus en plus de gens pauvres ou modestes comme des outils au service du pouvoir, comme les chiens de garde du capitalisme, comme des instances de contrôle.

    On vient d'apprendre que Pôle-pas-d'Emploi ne pourra finalement pas consulter les relevés bancaires et les relevés téléphoniques des chômeurs. On vient d'apprendre que la Sécurité sociale ne devrait pas pouvoir consulter les comptes bancaires des allocataires. Mais on a déjà combien de système de contrôle ?

    Se taire sur ces contrôles multiples c'est dire "n'allez pas voter", "n'allez pas manifester", "ne bougez pas une oreille". Ça n'a rien à voir avec un discours de droite, bordel de merde ! Et ce n'est pas de droite non plus que de dire qu'une infirmière, un médecin, un travailleur social, un chauffeur de bus, un pompier, ne doivent pas passer leur temps de travail à remplir des bordereaux. Nos gouvernants demandent, et c'est une décision politique, à des spécialistes de ceci ou de cela, de devenir des agents de contrôle au lieu de faire le boulot pour lequel ils ont été formés. Ce n'est pas faire injure à ces fonctionnaires que de dire qu'il sont employés à mauvais escient et que cela dresse les pauvres contre une collectivité publique qui devrait être protectrice et contre ses fonctionnaires qui sont vus comme des flics.

    Dire aussi que la police — des fonctionnaires... —  est un outil au service du capital c'est accepter de voir la réalité : toujours plus de jeunes ou de gens à peau bronzée ont peur des flics et ils seront à l'écoute de ceux qui diront ouvertement que ce contrôle permanent est inacceptable. Dire que la Justice est au service du capital, ce n'est pas faire injure aux magistrats, c'est juste faire remarquer que si un pauvre prend un peine de prison ferme pour un larcin, un riche sort avec un non-lieu quand il se fait prendre la main dans le coffre.

    Enfin, bien sûr qu'il faut parler des 1% les plus riches, mais ils n'auraient aucun pouvoir sans la multitude des petites mains qui les aident si bien. On ne peut pas se taire là-dessus d'autant que le plus clair des gens ne sont jamais confrontés qu'à ces petites mains. Je songe à une dame de mes relations qui inscrit systématiquement des rendez-vous téléphoniques fictifs chaque fois qu'il faut protéger une personne d'une radiation ou d'une réduction de droits : si tous les fonctionnaires procédaient ainsi...

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  8. Et il est temps de faire le ménage chez nous, dans les ministères, dans les banques, au bord de nos routes.

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  9. Pour l'avoir vécue dans mon proche entourage, je sais quelle distinction il y a, au sein du "service public", entre les chevilles ouvrières qui bossent au sens strict, balai, chaussures de sécurité, gants blindés et boîte à outils, personnels désormais précarisés car sous-traités (notamment par d'opaques associations dites d'insertion), et la nébuleuse des administratifs en qui, c'est vrai, les pauvres, et pas qu'eux, voient une extension du domaine de la flicaille.

    Cela dit on s'est toujours méfié des fonctionnaires du fisc comme on se méfie des flics et de la maréchaussée, et je n'ai pas souvenir que les braves gens aient jamais considéré avec sympathie le passage obligé par le guichet de la Sécu, de la Caf ou de l'ex-ANPE. Quant au prestige de l'instituteur et du prof, il faut remonter à Pagnol pour se souvenir qu'il en a joui.

    Par là, j'essaie de dire qu'il n'y a rien de très neuf dans le regard porté sur les fonctionnaires par le reste de la société, les pauvres et les autres. Chacun a "ses bons fonctionnaires" comme le raciste a "ses bons arabes". On a dans ce pays un mélange de mépris et de crainte puérile à l'encontre de l'autorité, que celle-ci porte un uniforme ou se tienne dans un bureau. L'imaginaire y entre pour une grande part, c'est ce que les sociologues appellent un "habitus", et je crois que la réalité est infiniment moins complexe.

    Le fonctionnaire administratif est là pour appliquer et faire appliquer la loi, quelle que soit la loi. C'est son job. Il est payé pour ça. Ce n'est qu'un exécutant. Celui qui fait la loi est élu par le peuple. Si celui qui est élu par le peuple fait une loi que le peuple juge injuste, répressive, scélérate, le peuple descend dans la rue revendiquer le retrait de cette loi et le déboulonnage de celui qui en est l'auteur.

    C'est ce qui s'est passé à l'époque des lois Devaquet et Villepin.
    Mais depuis que le peuple ne descend plus dans la rue et se contente de râler sur internet comme quoi la gauche n'est plus la gauche, les syndicats sont vendus et la République est devenue bananière, le législateur élu par le peuple, il fait ce qu'il veut, et le fonctionnaire administratif, il applique et fait appliquer ce que le législateur élu par le peuple a décrété et fait voter par ses pairs (hors de l’infamie du 49-3).

    Je rappellerai seulement qu'il y a vingt ans, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre un projet de loi défendu par Alain Juppé, dont on pourrait dire que comparé aux lois votées depuis, et sans réaction notable de la rue, par les gouvernements Jospin, Raffarin, Fillon et Valls, il faisait figure de menu de buffet de kermesse.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ves_de_1995_en_France

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    1. Excellent commentaire, mesuré, juste et drôle. ;)

      Un seul bémol : "Le fonctionnaire administratif est là pour appliquer et faire appliquer la loi [...]" Ouiche en théorie. Mais on voit aussi des gens faisant du zèle. Par exemple pas sûr que ce soit toujours sur ordre précis que l'on voit la police faire la chasse aux peaux bronzées. Il y a toujours une tendance de l'administration à s'autonomiser de la loi et du législateur. J'ai en tête l'image récente d'Éric Coquerel suffoqué d'être rabroué sévèrement par un flic en chef. Ou bien je songe à l'administration pénitentiaire qui s'est toujours affranchie de la puissance publique au point de ne jamais appliquer certaines lois qui ne lui convenaient pas.

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  10. Ce que j'entendais dans ce comm-fleuve, Partageux, c'est qu'il n'y a de fatalité nulle part, il n'y a que des fatalistes. On a eu par le passé des filles et des gars qui ont compris ça et qui ont pris en charge le destin de leur pays, qui l'ont rendu à la liberté, qui ont tracé les plans d'un système équitable devenu un modèle. On a mis au Panthéon quatre d'entre eux récemment. D'autres, il ne reste qu'un nom sur une plaque, quelque part. Le nom d'une rue, un mémorial. Aujourd'hui je ne vois que des lavettes. Pardon de ma franchise.

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    1. Des lavettes. ;o) Comment résumer mieux tous ces syndicalistes en chef qui ont réussi à ensabler la volonté d'en découdre d'un grand nombre qui refusaient les réformes des retraites ?

      "Il n'y a de fatalité nulle part, il n'y a que des fatalistes." Ta formule est magnifique !

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    2. Je ne parlais pas des syndicalistes, Partageux, puisqu'il n'y en a plus. Faut-il être blaireau pour encore se ranger derrière quelque bannière et tenir pour des revendications les demi-mots d'ordre d'apparatchiks admis à se faire farder la tronche avant de jouer les sous-commandants Marcos de patronage devant les caméras de la propagande !

      Quand ils comprendront enfin, tous, que le ras-le-bol ordinaire, si ce n'est organisé, est une part de marché comme une autre, qu'il obéit aux lois du marketing, que ses promoteurs comme ses acteurs font partie du système, sont un rouage du système, que les rappeurs, les Mélenchon, les Filoche, les Besancenot, les Mermet, les Marine Le Pen, les associations grassement subventionnées à entretenir la misère au lieu de la combattre, et les Charlie, les Canards soi-disant enchaînés, les Médiapart, les Rue89 et autres Agoravox dûment domestiqués (et j'en passe car j'ai autre chose à faire de mes journées que les perdre à me faire croire comme tant que l'Internet est autre chose que le plus efficace neuroleptique de masse jamais conçu par les pouvoirs, mieux que le foot et la religion, à faire pâlir d'envie les tyrans du passé....), ce jour-là le réveil sera nauséeux car ils s'apercevront qu'on est seuls face à l'adversaire, mais vachement plus en nombre, et que pour peu qu'on sache s'organiser, tous tant qu'on y est, pour cesser d'alimenter la machine infernale dans un premier temps (grève des factures, grève des impôts, grève du vote, grève générale sans l'approbation des syndicats jaunes...), puis pour récupérer ce qui nous a été volé, à ce moment-là, on pourra envisager l'idée d'un changement de société.
      Mais je n'y crois pas plus que toi, Partageux. C'est plus commode de se faire croire que des gens sont là pour nous servir de portes-parole, de signer des pétitions sur Internet et d'y passer des heures à se convaincre qu'on est vachement nombreux à penser la même chose pendant que la vie suit son cours, il y a les courses à faire, faut passer à la pompe, les factures tombent, il y a le proprio à engraisser, des formulaires à remplir, des économies à faire pour, si tout va bien, pouvoir aller se faire plumer au soleil estival juste pour se dire de changer d'air, jouer le jeu tant qu'on le peut encore, attendre que d'autres descendent dans la rue planter le bouzin et laisser la propagande raconter qu'il s'agit de groupuscules d'exaltés atteints de maladie mentale qui n'ont pas pris leurs médocs.

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !