Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

jeudi 27 mars 2014

Branlées, raclées et fessées déculottées

Près de deux millions de personnes dans la rue à Madrid le 22 mars pour terminer les « marches de la dignité » parties un mois plus tôt de six régions d'Espagne. Tu as lu des kilomètres d'articles ? Tu as entendu des heures de radio ? Tu as vu des soirées télévisées consacrées à cet événement ? Deux millions de personnes !

Bah ! C'est sans intérêt, tous ces gens qui manifestent contre l'austérité. Une démagogie folle, que dis-je ? un populisme outrancier ! Tu te rends compte ? Les manifestants réclamaient « du  pain et un toit pour tous ». Où va-t-on ? C'est pas le Parti socialiste espagnol, un parti responsable, qui proposerait de pareilles bêtises déraisonnables.  Le parti socialiste français non plus. 
 
On me souffle à l'oreille que le Parti socialiste espagnol a pris une sacrée branlée électorale. Un coup de pied au cul à lui exploser le fessier. Mézenfin ! Pourquoi n'a-t-il pas prévenu le Parti socialiste français ? 
 
Quoi, « notre » parti socialiste était prévenu ? Une fessée déculottée pour Jospin en avril 2002, une tannée pour Royal en 2007. Sans compter toutes les autres raclées que ce serait fatigant de les recenser… Il faut dire le « PS », pas le « Parti socialiste ». Le PS, le parti des sourds. Monsieur l'abbé —  Dieu le bénisse ! — a bien raison de fustiger en chaire le péché de masturbation !  

Prochain épisode du masochisme électoral socialiste aux européennes. 7% comme le Pasok ? 
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Ma bible, Bernard Joyet avec Nathalie Miravette au piano et Éric Nadot à la caméra

6 commentaires:

  1. Ma petite ville de quelques 15.000 habitants, ancrée à gauche (PS/PC/EELV/PG) depuis 18 ans, économiquement sur le flanc, tristement réputée pour la saleté de ses rues, l'état de ruine de ses équipements publics et la vétusté de ses logements, risque de passer dimanche entre les mains du FN.

    Parmi l'équipe entourant la candidate FN à la mairie, beaucoup de transfuges du PS, des fonctionnaires actifs et retraités, quelques cadres et commerçants. Leur motivation principale : en finir avec le clientélisme et la politique de pistons.

    Seconde motivation, en finir avec l'Europe pour reconquérir un égalitarisme disparu. La xénophobie n'est pas avouée, on n'évoque pas la question de l'immigration, on se propose de favoriser les créations d'entreprise et par là, d'emplois. On veut par dessus tout fiche en l'air le pouvoir féodal détenu par les vieilles familles locales depuis des décennies, au travers de réseaux apparentés à ce que l'on dénomme pudiquement "les sociétés discrètes".

    Voilà ce qui se passe quand une population est incapable de se prendre en main comme le font les espagnols, les portugais, les grecs. Elle est prête à se livrer à un marketing politique qui a l'habileté de s'appuyer sur des faits vérifiables, et sur les failles d'une gauche qui s'est égarée entre boboïsme et copinages.

    En face, pas de réplique crédible. Une candidate bobo dont l'équipe est constituée de nantis, parmi lesquels des membres de l'équipe sortante, notables compassés professant des idées soi-disant de gauche qu'ils n'ont jamais appliquées.

    Quant à l'extrême-gauche ici est morte de s'être trop éparpillée entre groupuscules et continuels discours sans action de terrain.

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    1. Ton tableau de la déliquescence de ta ville est bien décourageant. Je crains pourtant que ce tableau soit sans doute assez juste…

      Comment en est-on arrivé là ? C'est la question à se poser. Tu commences à y répondre en remarquant l'absence d'action de terrain ou les idées non appliquées parmi d'autres points.

      Va falloir se remettre à utiliser les outils politiques de nos anciens qui ne rechignaient pas par exemple à prendre la "clé torse" (aujourd'hui on appelle ça le pied de biche) pour loger de force les sans-toits dans les locaux vacants…

      En Espagne on voit un durcissement des lois pour dissuader ce type de militantisme. Preuve que ce militantisme est efficace...

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  2. Prendre la "clé torse", oui, et oser revenir à des idées de gauche qui n'ont jamais été défendues par la pusillanime gauche française, idées qui à première vue peuvent paraître absurdes avec les yeux d'aujourd'hui, conditionnés qu'ils sont à l'obéissance aux diktats marchands : je pense notamment à une remise en cause du droit à la propriété privée, sans laquelle on ne résoudra jamais la question cruciale du mal-logement.

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    1. Bon, tu vas rire, ou bien rire jaune, mais je crois que nous devons "faire de la pédagogie" auprès de nos camarades disons plus "capital-friendly". ;o)

      Réclamons le logement gratuit comme le FdG inscrit les transports publics gratuits dans ses programmes municipaux. En argumentant qu'on ne fait ainsi qu'officialiser et simplifier une situation de fait : le loyer qui est payé par l'allocation logement avec éventuellement le complément du RSA ou d'une autre alloc.

      Ça revient exactement à ta remise en cause du droit de propriété mais on pourra peut-être convaincre plus facilement le cadre trotskiste (mais pas trop). ;o)

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  3. Le commentaire qui suit est arrivé dans ma boîte à lettres mais pas sur le blogue.


    Moi je crois qu'il faut miner le pilier-travail en tant que valeur de reconnaissance d'autrui, d'ailleurs ses défenseurs s'entendent très bien à le miner en tant que valeur tout court.

    De plus en plus de gens autour de nous ne travaillent pas ou plus, ne retravailleront jamais. Ils sont inemployables pour toutes les raisons qui font que l'on est et devient impossible à employer (trop vieux, pas assez qualifié, trop de trous dans le CV, pas mobiles, habitant dans des coins sans bassin d'emploi...).

    Les autres les méprisent parce qu'ils les considèrent comme vivant à la charge de la société, le fait de travailler étant une valeur de reconnaissance (que faites-vous dans la vie = de quoi vivez-vous et combien ça vous rapporte ?) en même temps qu'une preuve de capacité d'adaptation à la société, et de capacité de participation à celle-ci.

    Or, le système a jeté dans les cordes une part si importante de la société qu'un tel système de valeurs ne peut plus avoir cours. La mise en place d'un revenu de vie et la résolution de la grave question du mal-logement par la remise en cause du principe de propriété privée seraient quelques pistes à explorer pour une gauche qui voudrait tenter un rapprochement avec les réelles attentes du peuple.

    Demande t-on à travailler ou à vivre sa vie selon ses aspirations ? A un moment de l'Histoire humaine où le travail ne remplit plus son office de départ, qui était de gagner sa vie et d'évoluer selon une progression ascendante, cette gauche à inventer (car elle n'a jamais existé en fonction de telles idées) gagnerait à envisager la fin du productivisme - la mise à bas de la valeur-travail -, pour se recentrer sur une donnée qu'elle n'a jamais défendue, qui est celle de la qualité de la vie au travers d'une émancipation de chacun à l'endroit de contraintes héritées de l'ère industrielle.

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    1. "le système a jeté dans les cordes une part si importante de la société […]"

      Pour apporter de l'eau à ton moulin voici peu je lisais une estimation du nombre de chômeurs prenant en compte tous les "oubliés permanents" comme par exemple les handicapés (de mémoire plus de 800 000) ou les mères restant à la maison en désespoir de cause. Et l'auteur aboutissait à un total autour de... 9 millions de chômeurs !

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