Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

vendredi 24 janvier 2014

En finir avec les processions !

La gauche fonce dans le mur en chantant toujours les mêmes cantiques ! / 8 

Tu entends le militant blanchi sous le harnais se plaindre d'une désaffection de « la jeunesse ». Vrai qu'on voit des manifs clairsemées où c'est pas seulement « la jeunesse » qui manque. « La vieillesse » ne participe pas plus. Aujourd'hui tu ne retrouves guère que des militants quasi professionnels — même quand ils ne sont pas rémunérés — que tu vois sur tous les fronts. 

Phrase souvent entendue : « Bah, de tout façon, Hollande ou un autre, ça ne changera rien pour moi / ça ne changera rien pour nous, les petits. » Bien des militants analysent ça comme un repli individualiste, ou consommateur, ou que sais-je. Mais de toute façon une question d'éducation, de formation, de télévision, d'air du temps ou de conscience politique. Bref, la faute des autres... 

Ben oui, il y a un problème d'éducation et de formation. Mais c'est le militant qui a besoin d'être éduqué ! Le militant ne réalise même pas que sa prose imbitable ne s'adresse qu'à des bac +++ et qu'elle élimine le plus clair de ses  concitoyens. Ou que le simple fait d'écrire est déjà éliminatoire quand tu sais que chez moi il y a plus de 14% d'illettrés. Le militant ne réalise même pas que sa manifestation ressemble davantage à un cortège funèbre qu'à une sauterie sympathique et que ça donne pas envie d'y participer. Le militant ne réalise même pas qu'une procession, avec marée de drapeaux rouges ou noirs, ne sert à rien d'autre qu'à se compter, que le gouvernement social-Medef en rigole et que l'employée de base le sait bien. 

Le mouvement antinucléaire s'est endormi, bureaucratisé à donf comme une bonne partie du militantisme. Alors ça donne la pêche de lire que certains ne s'y résignent pas, analysent les raisons des échecs et en tirent les leçons. Faudra que toute la gauche s'en inspire... 

« Une nouvelle fédération pour les militants et les groupes anti-nucléaires est en train de naître. […] Ce qui est important c’est qu’elle va être très ouverte et très active. Elle rassemblera tous ceux qui veulent agir différemment, individus ou groupes. Elle fera tout ce que ses composantes décideront ou presque. 

« Elle ne fonctionnera pas exclusivement selon la méthode d’un consensus trop réducteur. Parce que, en effet,  pour mettre tout le monde d’accord sur un projet, finalement on ne fait rien, ou on se limite à des promenades de bisounours au bord des routes au milieu de nulle part ! […] 

« Elle utilisera au maximum les moyens d’échanges et de décisions rapides via internet. On ne peut plus au 21ème siècle fonctionner avec un système de motions à envoyer avant le 15 octobre 2013, votées le 15 janvier 2014, budgétées en septembre... 

« Elle aidera les groupes locaux dans les différents bassins nucléaires et bassins thématiques à être efficaces. Elle saura faire la différence entre un sympathisant, un militant, un communicant, un scientifique, un leader d’opinion, un politique... 

« Et ne dites pas  : Catastrophe, ils sont en train de briser le mouvement antinucléaire ! Non, au contraire il s’agit de le dynamiser. Et les AREVA, EDF, CEA, ANDRA... vont bientôt subir les assauts d’une nouvelle opposition. Et il y a en France la place pour plus d’une fédération d’anti-nucléaires. […] 

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Cucul, une chanson d'Emmanuel Lods et Philippe Biais. Au piano Bernard Joyet, chanteur. Au chant Nathalie Miravette, pianiste. Quatre minutes de poilade.

12 commentaires:

  1. Bonjour
    Excusez mon ignorance mais j'ai du mal à comprendre les luttes contre le nucléaire... Autant je suis généralement en accord avec les sujets abordés sur ce blog, autant la question du nucléaire me laisse perplexe (et pas seulement sur ce blog mais dans de nombreux mouvements à gauche). J'ai l'impression que, tant que les énergies renouvelables ne seront pas suffisantes, le nucléaire ne sera pas si mal (bien que nettement plus durables, les pollutions sont sans communes mesures avec le pétrole, sans parler du charbon il me semble). D'autant que les études sur la fission (ou fusion je ne me souviens jamais) pourrait à terme donner une énergie propre et presque inépuisable. Cela dit je ne demande qu'à comprendre donc si quelqu'un avait la bonté de m'expliquer ou de me donner des liens...

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    1. Pour rester concis, le nucléaire produit des déchets radioactifs durant des millénaires dont on ne sait que faire. Tout comme on ne sait que faire des anciennes installations nucléaires qui vont rester éternellement (à l'échelle humaine) dangereuses.

      On a construit naguère aux Pays-Bas un réacteur de recherche. Après l'arrêt de ce réacteur le devis du démantèlement est devenu une affaire d'État. Devant son montant astronomique, le parlement s'est demandé si on devait traduire en justice les gens qui avaient fait construire ce réacteur ! Finalement on a laissé tomber, les responsables étant très agés. Et le parlement a décidé de ne pas démanteler et de laisser les installations en l'état dans l'attente d'une future et hypothétique solution technique moins coûteuse. Des gens sont payés pour surveiller cette installation inutile et dangereuse durant les prochaines décennies...

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  2. Le militant, tu le juges à ses actes, à ce qu'il traduit de ses convictions dans les faits, aux côtés de ceux dont la situation ressortit desdites convictions. Les AG, les collages d'affiches que personne ne lit, les manifs CGT où des fonctionnaires retraités chantent l'Internationale, les distros de tracts sur les marchés, ça fait marrer les braves gens et les jeunes, ça les indiffère.

    Bravo pour votre blog, le seul à oser une critique ouverte de ce qu'est devenue la gauche. Ailleurs on se fait censurer quand on ose l'ouvrir.

    http://sheerlookisback.tumblr.com/

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    1. Bah, tu sais, il ne s'agit pas de juger les agissements ou les convictions de chacun. Et, même quand c'est inefficace ou maladroit, je respecte tous ceux qui disent non à un monde tendre comme une chasse à courre. Mais je souhaite expliquer aux militants qu'il y a des procédés qui sont inopérants et qu'il faut parfois savoir en abandonner au profit d'autres méthodes. Il y a tout un folklore militant, un décorum, qui ne sert à rien d'autre qu'à faire plaisir aux militants.

      Il nous faut de temps en temps savoir prendre du recul pour comprendre pourquoi ça ne marche pas. Faute de quoi on est dans la posture du pèlerin qui processionne en implorant que les vignes soient épargnées par la grêle. Le Medef en rigole...

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    2. Il y a surtout des urgences sur le terrain où celles et ceux qui les vivent se sentent abandonnés de ceux-là mêmes qui sont supposés défendre leur cause. On prend le seul exemple (il y en aurait tant d'autres...) du contrôle CAF, pratique fascisante évoquée par ailleurs sur ce blog, où quelqu'un qui est déjà dans un état de survie va se retrouver du jour au lendemain convaincu de fraude et acculé à la rue pour avoir été accueilli un tiers chez lui, ou simplement soupçonné de cela sur des bases purement subjectives, et ce en contradiction avec la loi et la constitution de ce pays. En effet il y a viol de la vie privée, dans la mesure où personne n'a à entrer chez qui que ce soit à des fins de contrôle, même dans le cadre d'une enquête policière, sauf à opérer sous la requête d'un juge d'instruction ; il y a apartheid puisque l'Etat français décide qu'une partie de la population est interdite de vie de couple, et l'apartheid, quand ça se passe ailleurs qu'en France, c'est un crime contre l'Humanité qui relève du TPI ; et il y a mise en danger de vies humaines, puisqu'on va couper les vivres à quelqu'un de déjà fragilisé, sans possibilité de recours autre qu'une interminable procédure où ce sera le pot de terre contre le pot de fer, avec, selon où l'on est, pas forcément une assos d'envergure sous la main pour se porter partie civile. Face à ça, il y a une administration qui est devenue une police politique où nombre de fonctionnaires revendiquent des convictions de gauche et l'appartenance à des syndicats à l'origine ouvriers. On est dans une totale schizophrénie.

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  3. Pour une raison indépendante de ma volonté le commentaire ci-dessous est parvenu dans ma boîte à lettres sans s'afficher sur le blogue. Cette chose arrive environ une fois par an sans que j'en connaisse la raison...

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    Il y a surtout des urgences sur le terrain où celles et ceux qui les vivent se sentent abandonnés de ceux-là mêmes qui sont supposés défendre leur cause. On prend le seul exemple (il y en aurait tant d'autres...) du contrôle CAF, pratique fascisante évoquée par ailleurs sur ce blog, où quelqu'un qui est déjà dans un état de survie va se retrouver du jour au lendemain convaincu de fraude et acculé à la rue pour avoir été accueilli un tiers chez lui, ou simplement soupçonné de cela sur des bases purement subjectives, et ce en contradiction avec la loi et la constitution de ce pays. En effet il y a viol de la vie privée, dans la mesure où personne n'a à entrer chez qui que ce soit à des fins de contrôle, même dans le cadre d'une enquête policière, sauf à opérer sous la requête d'un juge d'instruction ; il y a apartheid puisque l'Etat français décide qu'une partie de la population est interdite de vie de couple, et l'apartheid, quand ça se passe ailleurs qu'en France, c'est un crime contre l'Humanité qui relève du TPI ; et il y a mise en danger de vies humaines, puisqu'on va couper les vivres à quelqu'un de déjà fragilisé, sans possibilité de recours autre qu'une interminable procédure où ce sera le pot de terre contre le pot de fer, avec, selon où l'on est, pas forcément une assos d'envergure sous la main pour se porter partie civile. Face à ça, il y a une administration qui est devenue une police politique où nombre de fonctionnaires revendiquent des convictions de gauche et l'appartenance à des syndicats à l'origine ouvriers. On est dans une totale schizophrénie.

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    1) J'acquiesce et ta première phrase résume ce que l'on peut dire en un article ou tout un livre…

    2) Quand je tiens ce même discours, on me rétorque souvent en substance que les organisations de gauche ne sont pas des organisations caritatives.

    3) Ce à quoi je réponds que les mouvements anarchistes se sont construits précisément sur cette défense des plus pauvres, que la CGT, le Parti Communiste et une myriade d'organisations de gauche comme les comités de locataires ont fait avancer le droit social en se coltinant à cette basse réalité, et c'est les mains dans le cambouis que le PC a conquis naguère les municipalités de la banlieue qui n'a pas toujours été rouge.

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  4. Exactement ! Ce sont bien les anarchistes espagnols qui ont "inventé" le planning familial et donnaient des cours d'alphabétisation, distribuaient des livres aux plus pauvres. Et quand on te dit que les organisations de gauche ne sont pas des organisations caritatives, on est bien là au coeur de la problématique qui est l'objet de ce débat. Ainsi ils fonctionnent sur le mode "Solidarité bien ordonnée commence par soi-même", il n'est plus question d'autocritique, de conscience de classe, d'activisme militant, et ils s'étonnent que le populo se tourne vers les extrêmes de l'autre bord, non parce que le populo est globalement devenu fasciste, mais parce qu'il se saisit de ce qu'il croit être une bombe à retardement dont il pense qu'une fois mise en place, elle va créer un mahousse chaos. Sauf qu'on sait très bien nous, enfin quelques-uns, ce qu'est le FN et quels intérêts il sert au regard de la coalition néolibéale solférino-Umpiste, et ça c'est vrai depuis Mitterrand, et le vieux Le Pen n'en a jamais été dupe, et on en a eu l'illustration en 2002.
    J'ai le souvenir d'une feuille anarchiste où j'avais eu la prétention d'envoyer un article, où un mec m'avait, par retour du courrier, "prié de me situer par rapport à eux". J'ai le souvenir de militants LCR qui ont dû se barrer sous les huées un jour de veille d'élections où ils allaient tapiner dans une banlieue critique. J'ai le souvenir d'une conversation houleuse avec un cheffaillon d'une CAF (il se targuait d'être délégué CGT ), qui voulait me soumettre à un contrôle alors que j'étais sur le point de déménager vers un département voisin, le contrôle était programmé sous trois semaines alors que je serais parti la semaine suivante (il était bien emmerdé le planqué de se trouver coincé dans les lenteurs administratives), et qui, lorsque je lui ai expliqué, texte de loi à l'appui, que son contrôle était hors-la-loi, totalement attaquable et le rendait passible de Correctionnelle, et que le fait de traiter les gens comme il le faisait allait en contradiction avec ses convictions politiques et faisait plus ou moins de lui un collabo, s'est tout à coup radouci et est même allé jusqu'à m'inviter à prendre un verre au cas où je redescendrais dans son bled.
    Elle est cuisante, quand elle se produit, la confrontation au réel de la guerre sociale larvée, pour ces gens qui se targuent de militantisme et qui, pour rien au monde, n'iraient reconnaître qu'ils font dans le cliéntélisme le plus vil. Je vois ce qu'il en est de la liste de gauche de ma ville, quand j'essaie d'évoquer sur leur forum le problème que posent les marchands de sommeil et l'overdose d'emplois précaires qui pourtant, contribuent à la dépopulation d'une ville qui voit partir chaque année, depuis cinq ans, plusieurs centaines de familles au point d'être passée de 12000 habitants revendiqués à quelque 8000 inavoués. Les interventions sont systématiquement censurées. On préfère évoquer ce qui ne mange pas de pain.
    Et c'est cette gauche dans quoi nous ne nous reconnaissons plus, qui s'en tient à ce qui ne mange pas de pain, cette gauche fonctionnariale, corporatiste, pétrie de mauvaise foi, absente, ancrée dans ses discours ronronnants, incapable de remise en cause, cette gauche qui nous a perdus, cette gauche qui nous perd.

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  5. Tes propos ne sont pas tendres pour la gauche mais tu mets bien le doigt là où ça coince à mort.

    Pour ma part j'ai pris le parti de ne pas heurter frontalement nos camarades mais d'expliquer la désaffection présente des classes populaires pour la gauche. Quand il est difficile de remplir le panier à provisions, on se branle d'une laïcité pas menacée ou d'une République même fort imparfaite.

    La gauche n'a pas toujours été déconnectée des réalités bassement matérielles et quotidiennes de nos concitoyens. Notre tâche est de nous appuyer sur ces exemples historiques — j'aime bien tes exemples des anars espagnols — pour remettre en cause des thèmes, pas forcément stupides, mais à des années-lumière des préoccupations de millions d'entre nous. Notre tâche est de remettre sur le tapis la cloche de bois des locataires, les reprises individuelles ou collectives, l'instauration de la gratuité des transports publics et mille autres choses bassement matérielles pour améliorer immédiatement la vie. Même et surtout si on n'a pas le pouvoir. Quand on est tout un groupe à prendre le bus sans ticket, le chauffeur ne sort pas son carnet d'amendes...

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    1. "La gauche n'a pas toujours été déconnectée des réalités bassement matérielles et quotidiennes de nos concitoyens."

      Bassement matérielles, je veux bien d'autant qu'à l'origine, les thèses marxistes, léninistes, trotskistes, maoïstes (qui sait encore à quoi cela correspond parmi les jeunes générations ?) étaient on ne peut plus matérialistes, voire mécanistes.

      La précarité, le mal-logement, la marginalisation de masse, la désaffiliation qui en découle font partie de ces petites choses bassement concrètes ignorées d'une gauche focalisée sur les "travailleurs", les "salariés" et qui en parle comme de parts de marché, d'une clientèle - une gauche qui dans ses fondements reste productiviste, ancrée dans un système dont le pilier central est la "valeur-travail", qui ne remet pas en cause le dogme sacro-saint de la propriété privée (dans le cas de la lutte, à inventer, contre les loyers abusifs) et ne prend pas la peine d'explorer des alternatives par ailleurs pensables, telles que le salaire de vie, l'habitat salarié, l'agriculture communautaire pour redonner vie à des régions, des villages que l'exode rural et la spéculation immobillière ont désertifiés. Une gauche qui dans son souci de gratter des voix tous azimuts, se fourvoie dans cette "écologie de la taxe" à la française, qui ne rassemble jamais qu'une ultra-minorité de bobos, quand l'écologie, ailleurs, est activiste et agie par la lutte (exemples allemands et anglais), écologie dont se fout le précaire qui ne peut pas troquer sa vieille Super5 contre une hybride, qui se tape l'humidité d'une studette mal isolée et chauffée au Kerdane, et qui, s'il habite une grande ville, ne sait même plus ce que c'est que la cambrousse.

      Ceci posé, j'attends impatiemment de voir ce groupe qui va prendre le bus, le train sans ticket, et qui pourquoi pas irait annexer des terrains laissés en friche pour y cultiver des potagers communautaires, et des résidences secondaires occupées une semaine par an par des bobos néoruraux, pour y loger des paysans sans terre - car nous en avons ici aussi. Une gauche qui renouerait avec les bonnes habitudes d'il y a quarante ans, quand on prenait quand même plus de libertés avec l'ordre établi, au nom de ses convictions. Quand il se passait autre chose que des réunions et que la peur du gendarme n'inclinait pas les militants à l'embonpoint.

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    2. "Une gauche qui renouerait avec les bonnes habitudes […] quand on prenait […] plus de libertés avec l'ordre établi au nom de ses convictions."

      Tu résumes un bon paquet de mes bafouilles avec cette phrase… ;o) La gauche dans toutes ses familles se caractérise par la désobéissance. C'est son patrimoine génétique.

      La frontière est ici : quand on est respectueux de l'ordre établi on est de droite. Point final. Même si on se prétend de gauche. Hollande se disait de gauche jusqu'à son élection…

      Notre tâche est de redonner à gauche l'envie d'en découdre. De ne pas laisser des petites associations ou petits groupes se taper tout le boulot, prendre les coups et agir localement sans coordination nationale. Bref refaire de la gauche un foyer d'activisme et de lutte avec la pince monseigneur comme outil et emblème… On a du boulot !

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    3. Déjà, je suggèrerais d'en finir avec la lutte en ordre dispersé : personne ne comprend fichtre rien à tous ces groupuscules et petits partis qui se réclament de théoriciens morts depuis deux siècles dont on n'a plus rien à battre. Après, kick-off les discours, les professions de foi rabâchées, les réunions sans fin et les AG stériles. On renoue avec la présence sur le terrain, et pas que pour coller des affiches et distribuer des tracts, et quand il faut occuper des locaux et en découdre avec l'autorité, on ne le fait pas avec du baratin. On arrête de ménager la chêvre et le chou : pour reprendre l'exemple précité, on ne peut à la fois prendre fait et cause pour les victimes des miliciens de la CAF et s'affirmer solidaire des fonctionnaires de la CAF parce qu'ils sont des fonctionnaires. Sauf à refuser le rôle qui leur est imparti dans une démarche de désobéissance civile, ceux-là ont choisi leur camp et ce n'est pas celui des victimes du système dont ils sont les instruments. Et on en finit avec "les travailleurs et les salariés", la "valeur-travail" et le productivisme, les revendics smicardes et le tralala ouvriériste, la pommade passée aux corporatismes votards et le clientélisme syndical. La gauche (je ne parle évidemment pas là des socialauds ni de leurs collabos) souffre en fait des mêmes travers qui ont coulé les cathos : ses références sont obsolètes, son discours est ultra-daté, son public de base ne s'y retrouve pas et s'en va voir ailleurs si ça bouge encore. Les objectifs sont à revoir : le salaire de vie ; l'habitat salarié pour redonner vie à des villages et hameaux et relancer une agriculture de proximité sur des bases communautaires autogérées ; la remise en cause de la notion de propriété privée confrontée à l'intérêt public ; cesser de laisser tranquille les tauliers du privé pour s'en remettre à l'éternel marronnier des "logements sociaux", vu ce que l'expérience des silos à main d'oeuvre, devenus des ghettos de pauvres et des termitières de criminalité, a donné depuis l'invention de Sarcelles : on casse la logique spéculative qui sévit dans l'immo par un plafonnement pur et dur des loyers, une fiscalité prohibitive portant sur les résidences secondaires, une criminalisation des marchands de sommeil. On se réapproprie la démocratie en initiant le mandat électif unique et non renouvelable, le referendum de mi-mandat, le referendum d'initiative populaire portant sur tout ce qui touche à l'intérêt collectif, en ramenant tous les mandats à quatre ans. On remet l'humain au centre non seulement de l'économie mais de la société. Et pour finir, on arrête de voir la civilisation des loisirs comme une vieille utopie. On lutte pour un réenchantement de la société, non pour des vieilles lunes soviétiformes qui ressembleraient par trop à ce qu'on vit déjà.

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