Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

samedi 23 mars 2013

Parité sociale

"Mon parti ne sera pas le parti des ouvriers tant que ses membres ne seront pas issus de leurs rangs, dans toute la diversité de ce qu’est la classe ouvrière." Et un peu plus loin dans son texte Rock'n rouge parle de la "parité en genre".

Honnêtement je me fous, mais alors total grave ! d'avoir une parité en genre qui consiste à avoir une Merkel pour un Sarkozy. Ou une Christine Lagarde pour un Dominique Strauss-Kahn. Ou une Margaret Thatcher pour un Helmut Kohl.

Lors des assises pour l'écosocialisme François Ruffin, reporter à Là-bas si j'y suis et rédac-chef de Fakir, appuyait sur le fait que la classe populaire n'est peu ou pas représentée dans la gauche. Et François Ruffin de narrer ses aventures de journaliste à la recherche d'interlocuteurs non pas connaissant tel ou tel point précis mais vivant tel ou tel point précis. Par exemple la gauche qui se révèle incapable, Confédération Paysanne comprise, de le mettre en relation avec un éleveur de poulets un peu critique du système au moment de l'affaire Doux, industriel de la volaille en faillite.

Et si la parité, la vraie, c'était d'avoir obligatoirement 60% de chômeurs, ouvrières, intermittents du travail, employées de la grande distribution, caristes, chauffeurs de poids lourd, merchandiseuses et femmes de ménage, maçons et électriciens ?

Si la parité, la vraie, c'était en fonction du revenu avec obligatoirement 50 % de gens qui gagnent moins de 1 500 euros mensuels puisque la vraie vie est ainsi ?

Si la parité, la vraie, c'était en fonction de la nature du contrat de travail avec obligatoirement 90% de CDD puisque c'est grosso merdo la proportion actuelle des embauches ?

Et cela, bien sûr, tout autant à l'intérieur du PG qu'à l'extérieur. Avancer là-dessus serait sûrement avancer à avoir l'oreille de tous ceux qui n'écoutent plus une gauche trop lointaine des préoccupations quotidiennes, employant un vocabulaire trop proche de celui des "autres" (économistes, patronat, droite, "gauche responsable", éditocrates et autres oligarques.)

Une intervenante au congrès du PG demande "la féminisation de tous nos textes internes et externes". Bon je veux bien. Mais soyons conséquents. On est ici dans un parti de gauche, c'est à dire un parti qui s'intéresse d'abord aux plus pauvres, aux plus oubliées, aux plus méprisées. Alors on adopte aussi le fait que pour une docteure citée on aura au moins dix balayeures, dix merchandiseuses et dix femmes auxiliaires de vie. Pour respecter la parité sociale !

On a eu la gauche paillettes, on ne va quand même pas recommencer les mêmes conneries avec une parité paillettes.

7 commentaires:

  1. Bravo, bien vu ! La parité absolue de genre, quelle indélicatesse si on s'arrête là ! Quant à la féminisation des texte, elle n'a qu'un avantage : celui de les rendre illisibles.

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  2. on dirait une grosse colère. Remarquable ça te fait publier un billet assez rapidement après le précédent, alors que d'hab tu publies moins d'une fois par mois si je ne m'abuse ?
    Donc la féminisation ça te met dans la plus grosse rogne qu'il soit. Pourquoi pas, chacun son truc.
    Venons-en au sujet : féminisation à tous les prix. Ben non. Je le sens pas. Les e à auteur, écrivain, et quartera ça me frise l'oreille ou l’œil.
    qu'une demande au PG la féminisation ça me fait un peu rigoler.
    ne serait-ce pas l'une de Osez (j'ai oublié la suite) : je ne les suis plus depuis longtemps. Elles se trompent de priorité. Ca ne fera pas avancer l'égalité.
    Ce qui ne m’empêche pas de penser qu'il faudrait : une parité de classe au parlement autant que de femmes.

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    1. Pas de colère. À peine un petit agacement. Il y a très exactement zéro député issu du monde ouvrier ou employé (53% de la population). Et il faut se fader en permanence des leçons sur la parité... C'est à dire sur une curieuse parité qui n'est pas la parité sociale, qui n'est pas la parité représentant toute la population laborieuse. Juste l'envie de faire remarquer que quelques vieilles lunes de la gauche sont extraterrestres et laissent de marbre nombre de nos concitoyens qui, à raison, ne se sentent pas concernés.

      Je ne suis pas seul à le penser et à le dire : il y a eu après cette publication un sacré charivari dans la salle du congrès au sujet justement de la parité au sein du bureau national du PG. Où les congressistes ont râlé très fort sur le manque de parité. Ils et elles se sont plaints bruyamment et avec beaucoup de vigueur de la sur-représentation 1) de l'Ile de France au détriment du reste du pays, 2) des personnes d'âge avancé au détriment des jeunes et des personnes en âge de travailler et 3) des CSP+ au détriment des 53% dont je parle plus haut.

      Je publie en gros un billet par semaine, parfois moins. À l'occasion du congrès du PG j'ai publié trois billets dans la journée, ce qui est grandement forcer ma nature de retourneur de texte dans le clavier 25 fois avant publication... ;o) D'où l'absence d'illustration, d'où l'absence de chanson, d'où une mise en page bricolée.

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  3. alors j'ai été lire tes billets précédents qui m'avaient échappé.
    je vois des choses de la vie sur le chômage, c'est très rare. Je vois une envie de se battre, un espoir que ça mène à quelque chose, qu'il y aurait une influence.
    Mais moi je constate que la France s'en fout de tout ça. Tout au moins c'est l'air qu'elle donne.

    Dans ton commentaire y-dessus, Je vois que tu es las des ceussses qui ont et ont pris et gardent le pouvoir au PG. Finalement on est d'accord. c'est justement pour ça que j'ai quitté le PG de mon coin : des apparatchiks qui n'entendent pas en céder une miette. Et d'ailleurs, circuler ya rien à voir, d'après eux. Et pourquoi en parler, toujours d'après eux. Jamais on n'y a parlé de politique.

    Alors maintenant plus jamais dans aucun parti.

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  4. Commentaire hilare d'une copine après le charivari : Ah, on a dit des trucs comme "prenez le pouvoir" ou bien "n'attendez pas les consignes". Eh bien les militants prennent au mot ces slogans de la campagne présidentielle et ça leur fait tout drôle aux camarades d'en haut ! Va pourtant falloir qu'ils en prennent l'habitude parce qu'on a vu le bateau tanguer. Et maintenant on sait qu'on PEUT faire tanguer le bateau quand il ne va pas où on veut... ;o)

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  5. Je crains malheureusement que l'on n'en est pas à demander la parité. Pour l'instant, le constat c'est qu'il y a une absence totale de représentativité de certaines catégories sociales, souvent les plus populaires, souvent les plus fragiles. C'est à cette absence qu'il faut pallier, et effectivement ça ne passe pas forcément par de la parité.

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    1. Ce qui compte est de s'attaquer aux cailloux bien réels dans les chaussures. Et de ne pas se focaliser sur des thèmes abstraits dont les gens se battent. Par exemple la laïcité est un thème totalement hors-sol en France : personne ne remet en cause la laïcité et les poids des religions dans notre société est dérisoire. La gauche devrait s'interdire de causer de laïcité. Parce que cela permet de faire silence sur des thèmes sociaux d'une toute autre importance : chômage, revenu, logement, travail de nuit et du dimanche ou des thèmes écolo-sociaux comme l'envahissement de la chimie, les transports ou la privatisation-marchandisation des semences paysannes.

      Avoir comme porte-paroles des gens qui n'ont pas de problème d'emploi, de précarité, de revenu ou de logement, c'est forcément confier les clés du camion à des gens qui ne savent même pas tenir sur un vélo... ;o)

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