Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

jeudi 27 novembre 2014

Ordures ! Fumiers ! Socialauds ! Assassins !


Septembre. Il fait la manche en jouant de la flûte dans les rues. La première rencontre est ardue. Il accepte un café avec un geste de la tête et on n’entendra pas le son de sa voix. 

Octobre. Après une série de cafés bi-hebdomadaires José commence à parler un peu. Il est espagnol et vient d’arriver dans notre ville. 

Novembre. C’est un ancien musicien professionnel grand amateur de Blues. Son visage s’éclaire quand on commence à balancer les noms de bluesmen qui ont fait pleurer les guitares du Mississipi. La pluie et le crachin humidifie tout et José nous raconte qu’il a du mal à dormir dans son sac de couchage humide. Alors il picole — encore plus… — pour se réchauffer.

Décembre. Voilà déjà un moment qu’on conseille à José de se mettre au chaud. À chaque fois je lui parle de Vincent, le directeur de l’Escalier. Un brave garçon sympathique qui le recevra bien et — mais non ! — ne lui confisquera pas sa bouteille vu qu’il sait vivre ! C'est pas un barbare !

Le thermomètre plonge brutalement en dessous de zéro. Je m’inquiète. Et Vincent me raconte que José dort à l’Escalier depuis plus d’une semaine. Quand l’éduc de rue s’est fait pressant pour l’inviter à dormir à l’Escalier, José a demandé à causer avec « Monsieur Vincent et personne d’autre ». Ça tombait bien : Vincent accompagnait l’éduc de rue. 

« Les maraudeurs, vous avez fait un putain de bon boulot. Sans votre patience infinie, jamais on n’aurait fait dormir au chaud un gars aussi désocialisé ! » José a passé le reste de l’hiver à l’Escalier. 

Cette année les hébergements d’urgence n’ouvriront plus le premier novembre comme c’était le cas depuis belle lune. Mais seulement à partir de moins cinq degrés centigrades. Le discours des fumiers qui nous gouvernent annonçait « la fin de la gestion au thermomètre »

Tu sais pourquoi je suis en rage à tuer les socialauds à coups de fourchette dans les yeux. Comme je ne suis pas adepte de la peine de mort, même pour ces ordures, je me contenterai de les punir avec mon bulletin de vote. 

Et, chers camarades du FdG, lisez deux fois plutôt qu’une. Faudra surtout pas me demander « discipline républicaine » ou « faire barrage à... » parce que je ne voterai pas non plus pour les ceusses qui auraient l’impudence de demander ça. 

On ne vote pas pour des ordures, des fumiers, des socialauds. On ne vote pas pour les assassins de Rémi Fraisse. On ne vote pas pour les assassins des pauvres sans logis. On les punit.
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Photo Des pas perdus. « Et vous les rasés et les skins / Car la merde n'a pas d’épine / Rotez vos Kros, pissez vos Leffes  / Venez casser du SDF / Venez tous au bal du malheur / Plus on est de fous plus on meurt » Le bal du malheur, Claude Astier et les frères Sakarine.

3 commentaires:

  1. On peut dire aujourd'hui que voter "utile", c'est une autre façon de voter "coincé du cul".

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    1. Élève ZapPow, vous avez bien retenu la leçon précédente. Ce qui vous donne droit à une tente Quechua pour la prochaine leçon administrée par un Conseil général socialaud. À lundi.

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  2. Saisissante histoire d'une vie. Ton titre est particulièrement juste et saignant.

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !