Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mardi 25 novembre 2014

Le vote coincé du cul, on n’en veut plus !

S’interroger — gauche, écologistes, socialistes, communistes, libertaires ou autre terme à ton goût — sur les difficultés à être écoutés des jeunes, des classes populaires, de ceux qui ne sont pas militants, de ceux qui ne sont pas membres d'une organisation, c’est à dire de la majorité de la population. Ce qui implique de nous remettre en cause. 

Nous remettre en cause, ce n’est pas abandonner nos idées comme on l’entend trop souvent. C’est les remettre sur la table et chercher à comprendre pourquoi elles ne sont pas ou ne sont plus écoutées. Comme Jacques Sapir et bien d’autres on a cette impression tenace que les citoyens n’aiment plus trop l’eau tiède. Faut dire qu’on leur en a beaucoup servi ces dernières décennies. 

L’eau tiède, c’est par exemple le droit de vote des étrangers pour les élections municipales. On en cause. Et puis on en recause. Et ça sera pour plus tard. Et ça fait trente-cinq ans que ça dure.

Et, quand on y réfléchit, le droit de vote des étrangers pour les élections municipales, c’est tout de même une idée bien alambiquée qui ne va pas pisser loin. C’est pas avec ça qu’on va changer la vie des chibanis, les vieux qui ont passé leur vie sur nos chantiers ou dans nos usines... 

Allons faire un tour dans un passé virtuel. Toi ma poulette, tu t’imagines revendiquer le droit de vote — limité aux élections municipales afin de ne fâcher personne — pour les femmes ? Ça t'aurait enthousiasmée, toi ma cocotte, une telle revendication ? Tu penses vraiment, toi ma choupette, que si on était passé par cette étape — transitoire, pédagogique et peut-être consensuelle — la cause des femmes aurait gagné du temps ? Je ne te sens pas trop convaincue...

La radicalité c’est de revenir à la Révolution française. Elle détermine qui est Français. La Révolution met à la poubelle toutes les idées anciennes sur la nationalité dont la religion. Faut songer qu’à l’époque c’était vachement important de se demander si les Juifs pouvaient être Français... L’Assemblée nationale décrète en 1790 « est Français qui vit en France depuis plus d’un an. » À la différence de l’ancien Régime, devenir Français n’est plus soumis à l'autorité de l’État : il suffit de remplir les conditions prévues. 

En revenir à la Révolution permet de marquer une différence radicale. On ne pactise pas avec nos opposants. On ne cherche plus à négocier un compromis introuvable. On affirme un principe : Toute personne vivant et travaillant en France depuis x temps obtiendra la nationalité française si elle la demande. À nouveau, comme avec les Révolutionnaires, devenir Français n’est plus soumis à l'autorité de l’État. On ré-instaure une procédure simple et on en finit avec ce parcours du combattant où, face à un bureaucrate soupçonneux, tu dois avoir une licence de français, un maîtrise de droit, un doctorat en sciences sociales,  un excellent revenu et une patience d’ange pour dégoter une carte d’identité française. 

C’est sûr qu’on n'aura cet accès simple à la nationalité française avant belle lune. Mais on n’est pas parvenu à obtenir la toute petite avancée d'un ridicule droit de vote limité aux municipales. La politique des petits pas fonctionne mal. On l’a vu avec le droit de vote pour les femmes où on est passé de peau de balle à tout d’un seul coup. « Le vote coincé du cul, on n’en veut plus ! On veut revenir à la simplicité de l’Assemblée nationale de 1790… » On marquerait les esprits au lieu de perdre notre crédibilité avec des vasouillages. Ça ferraillerait dur. Eh bien oui. Comme jusqu’au jour où les femmes ont obtenu le droit de vote. 

On serait des irresponsables. Eh bien oui. Comme lorsqu’on a donné le droit de vote aux curés puisque ce n’était pas aux femmes qu’on accordait ce droit mais à des êtres faibles si influençables dans les sacristies…
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Femme au confessionnal, photo Des pas perdus. Elle a d'abord chanté sous le nom, curieux pour une fille toute seule, de Paul et Robin. Marion Rouxin, Ballade pour un non. 

2 commentaires:

  1. Bien d'accord. Elle fait partie d'un ensemble de revendications jamais obtenues, et plus on avance dans l'austérité, plus on s'en éloigne.

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  2. Lu et approuvé !

    Écouté et approuvé !

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !