Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

lundi 3 août 2015

Radio Partageux/5

Charlélie Couture a consacré à Serge ce que je pense être l’une de ses meilleures chansons. La ballade de Serge K raconte l’histoire d'un chômeur mort de misère dans la solitude de l'usine désaffectée où il dormait. 

On pouvait mourir de misère dans un pays aussi riche que la France et c’était un événement inouï ! La mort de Serge Kos a été un événement dont les journaux ont beaucoup parlé. Des radios dont France Inter, des télévisions, y ont consacré des émissions durant des semaines. Politiques, syndicalistes, universitaires, y étaient interrogés longuement. On a même un peu donné la parole à des jeunes, à des chômeurs, à des ouvriers et à des habitants de Sochaux.  

« Serge Kos pesait quarante kilos quand on l'a retrouvé. Ça pèse pas lourd un homme précaire. » Il y a encore quelques années on trouvait sur la toile plusieurs pages un peu fouillées sur la mort de Serge. Aujourd’hui je n’ai guère trouvé que ce long et bon reportage de Frédéric Joignot. 

Et puis, en anglais, ce texte laconique à la précision chirurgicale  : Kos, Serge. French newsmaker, an unemployed youth who died on 18 February 1981, aged 25, of hunger and cold in a hangar in Sochaux. Kos, Serge. Français qui a fait l’actualité, jeune au chômage mort de faim et de froid dans un hangar à Sochaux le 18 février 1981 à l’âge de 25 ans. 


Je n’ai pas connu Serge, n’ai jamais vécu dans l’est de la France, n’ai jamais bossé à la peuge, mais je pense souvent à Serge qui a inauguré la très longue liste contemporaine des morts de misère de notre richissime pays.

Cinquième contribution partageuse à la radio de l’été des blogueurs.

4 commentaires:

  1. un jour la gauche fera t elle son boulot en defendant reellement les faibles?je pense que je suis comme bon nombre qui aimeraient sortir de ce sentiment d impuissance face a cette misere rampante qui gengraine depuis des annees .cependant comment faire quand meme les organisations syndicales les plus combatives semble avoir baisser les bras.?

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    1. Quand la gauche fera-t-elle son boulot en défendant réellement les faibles ? Je me pose la même question depuis... mon enfance. Et je crains finalement que la réponse ne nous convienne pas du tout.

      Est-ce que finalement la gauche a pour vocation de défendre les faibles ? Ce n'est pas sûr du tout.

      La gauche est historiquement la fraction de la bourgeoisie qui vote la mort du roi, qui se défie de l'Église catholique, qui se réfère aux Lumières, qui préfère un tyran athée (un despote éclairé) à un démocrate croyant. Et ce n'est qu'à la toute fin du XIX que la gauche, en position de faiblesse dans l'affaire Dreyfus, demande l'aide du mouvement ouvrier qui se fond très lentement en elle. Très lentement puisque c'est un ministre de gauche qui fait tirer l'armée sur les mineurs en 1906, un ministre de gauche qui fait tuer des travailleurs en grève en 1947, un Mollet de gauche qui envoie l'armée en Algérie en 1954 pour écraser le petit peuple colonisé, etc.

      Lentement car le parti communiste cessera assez récemment d'être un parti ouvrier pour devenir un simple parti de gauche où les ouvriers et le monde du travail sont minoritaires et minorisés (guère la voix au chapitre).

      Je t'avoue ma grande lassitude et mon peu d'espoir de voir la gauche changer un peu pour s'intéresser à la classe laborieuse. Même les branlées électorales à répétition, pour des gens avides de places sous les ors de la république, ne provoquent jamais la moindre réflexion débouchant sur une véritable évolution... Voir par exemple Mélenchon (on pourrait en citer d'autres mais lui n'est quand même pas un crétin obtus) qui croit encore aveuglément (la foi du charbonnier chez un athée !) qu'on pourrait voir un changement radical des attitudes de vote en 2017 par la simple opération du Saint-Esprit... mais surtout pas par un changement radical de la gauche.

      J'ai créé ce blogue pour attirer l'attention de la gauche sur la foule toujours plus nombreuse des oubliés. Et je t'avoue mon découragement quand je vois un Laurent appeler à voter oui à l'étranglement des Grecs avant de se raviser sous la pression de sa base. Quand j'en vois d'autres dépenser autant de temps et d'énergie contre une émission de télévision qui fait la part belle à la monarchie, pour défendre la mémoire de Robespierre, pour refuser la moindre place aux langues régionales, etc. La liste de leurs questions très secondaires est infinie.

      Et par contre la gauche ne se soucie pas ou si peu des chômeurs, des gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, des gens qui vivent sans chauffage (11,5 millions, rien que ça !), des gens qui vont aux Restos du cœur. Je pourrais continuer la liste des priorités avec tout ce qui touche le monde du travail mais tu connais fort bien...

      Notre boulot, à toi comme à moi, est de toujours ramener la question sociale sur le tapis tandis que la gauche la préfère invisible sous le tapis. Malgré notre découragement, malgré notre échec permanent depuis trente ans et plus.

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    2. N y aurait t il pas un moyen d unir les bonnes volontés ? Il sont nombreux les gens comme nous a vouloir un changement ou l on s occupe enfin des plus pauvres ?

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    3. Oui je pense qu'il y a des moyens pour unir les bonnes volontés. Cela passe peut-être par l'abandon de l'action politique traditionnelle, réunions, tracts, affiches, partis, etc. En bref l'abandon de la parlotte qui permet de fractionner à l'infini, qui élimine le plus grand nombre, qui décourage les meilleures volontés.

      Et en venir à l'action. Et seulement à l'action. Il y a une myriade d'initiatives locales qui nous montrent que l'on peut fédérer sur une question bien concrète. RESF, Droit au logement et d'autres mouvements nous montrent que l'on peut parvenir au moins à mettre une question dérangeante sur la table en faisant avancer la situation de personnes plutôt qu'en parlant de façon abstraite de l'émigration ou du logement.

      Pas de militants face à la longue file du Resto du cœur voisin de chez moi. C'est ça la faillite de la gauche. Pas de table partagée à la fortune du pot et pas de camaraderie. C'est ça la faillite de la gauche.

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !