Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

samedi 25 juillet 2015

Radio Partageux/3

Un nouveau disquaire dans ma ville ! Je m’y précipite. Les deux gars vendent des occasions, des soldes d’éditeurs et des fins de stock, prennent les commandes hors normes et te trouvent des rondelles sonores que tu as renoncé à chercher depuis des lustres. C’est dans cette caverne d’Ali Baba que je vais notamment découvrir Ross Daly. 

Le gars, né en Irlande, est un fou de musique. Il a commencé tout petiot avec le violoncelle classique avant de découvrir les musiques de Grèce et du Moyen-Orient. Il s’installe en Crète en 1975 pour y étudier des instruments dont les Occidentaux ne connaissent même pas le nom. Foucade de jeunesse ? Ben non, quarante ans plus ans, Ross Daly y vit toujours. Et est devenu le pape incontesté de la musique crétoise. Allant jusqu’à redonner la fierté à des gueux qui avaient honte d’aimer les vieilleries de leurs ancêtres pauvres qui vivaient de pain, d’olives et de fromage. Reporterre consacre ces derniers jours un article à la Crète qui résiste aux remèdes de cheval de cette saloperie d’Europe.
Et le disquaire du début de l’histoire ? Hélas, la dure loi du marché a eu raison du dynamisme de ses deux tauliers. Et le magasin est fermé depuis belle lune. De la même façon ça m’a quand même fait un deuxième trou au cul de découvrir que Rotterdam, 600 000 habitants — pas vraiment un bourg de campagne désertée — n’avait plus un seul disquaire digne de ce nom. La vaste librairie avec disquaire incorporé où j’allais chaque année a sombré définitivement après deux faillites. Tout comme le dernier disquaire spécialisé classique a fermé ses portes. 

Tiens, ce sera ma nouvelle contribution à la radio d’été des blogueurspour finir je te mets de la musique à danser.  Danser ? Ah la la ! C’est désespérément populaire ! Loin d'une gauche cravatée fascinée par la culture bourgeoise. Qui veut toujours sortir le peuple de sa gadoue natale et lui faire oublier ses parents, langue, musique, savoir-faire, sagesse, enfin bref, ce qui fait de nous des êtres sociaux. Mais la Grèce est une note d'espoir. Regarde ! L'un ose danser et d'autres s'y mettent. Notre gauche cravatée à nous semble apprendre vite de la sévère purge administrée aux grecs. L'un se lance et d'autres vont suivre. 

4 commentaires:

  1. Que d'émotions. Un disquaire qui ouvre… ah ben non il a fermé ! tu m'étonnes ! j'ai découvert dans 20 m2 un disquaire dans ma ville que de l'occas, mais de la bonne, jazz et tout et tout, tu me rappelles que j'oublie toujours d'y passer… là faut que je trouve du petrucciani
    quant à cette musique elle me fait penser (si je dis une connerie tu m'expliques) à "nos" musiques celtiques des années 70 dont j'étais folle.
    c'est d'une très grande beauté.

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  2. Ben non, ce n'est pas du tout une connerie ! C'est même tout à fait judicieux. Dans les deux cas il s'agit de musiques modales. Ce que je t'ai trouvé de plus simple pour t'expliquer le terme "modal" : http://www.apprendrelesolfege.com/modal-tonal-atonal
    Ou bien, pour le béotien, on pourrait dire modal = basé sur une seule ligne mélodique (sur laquelle on développe à sa guise). Ainsi la vielle et la chabrette, la bombarde et la harpe celtique, le sitar indien et le luth arabe, l'accordéon diatonique, le dulcimer américain et la cithare hongroise sont des instruments de base de la musique modale. La musique modale "chante" immédiatement aux oreilles.

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  3. je suis toujous faciné par les similitude entre les musique du sud de l'europe, du nord de l'affrique et des terres celtiques qui vont jusqu'au nord se l’Irlande et de l'écosse.
    il semble que faire l'Europe musicalement soit toujours plus simple que de l'imaginer socialement et politiquement.

    sinon une belle découverte pour moi, et hop, dans la player

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    1. Tu vois, Laurent, ça me fait toujours plaisir de faire découvrir ainsi musique ou littérature à des gens qui apprécient. Je me souviens d'un papé client d'une librairie à qui j'avais parlé d'un polar tout à fait hors-norme. Il est revenu ensuite en causer à la libraire, une copine, en lui disant : "ouah, quelle histoire ! Mais quelle histoire !" "La bête et la belle" de Thierry Jonquet. Où l'auteur égare son lecteur jusqu'à la fin avec une chute parfaitement inattendue même pour le lecteur habitué du domaine policier. Où le lecteur comprend avec un mot, et un seul, qu'il est complètement passé à côté de toute l'histoire pendant 250 pages !

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !