Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

lundi 20 avril 2015

À la mémoire des migrants disparus


Encore un naufrage meurtrier en Méditerranée. Selon les survivants sept cents migrants ou plus auraient perdu la vie au large de l’île de Lampedusa. « La pire hécatombe jamais vue en Méditerranée », a déclaré Carlotta Sami, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), en rendant publique la sinistre nouvelle. Cette semaine, selon les gardes-côtes italiens, plus de 11 000 personnes auraient fait l’objet d’opérations de sauvetage au large de Lampedusa. Depuis le début de l’année, plus de 1 600 personnes auront, malgré tout, péri noyées aux portes de l’Europe, dont 1 150 ces derniers jours. » 

Les migrants meurent aussi au large de la Grèce. L'ami Yéti nous offre deux vidéos d’un naufrage et  sauvetage en Grèce« La scène se passe au matin de ce lundi 20 avril à 50 mètres d’une plage grecque sur l’île de Rhodes. Quelques 200 migrants syriens entassés sur un voilier font naufrage sous l’œil abasourdi des touristes et des locaux présents sur les lieux. »

La Méditerranée est un cimetière géant. Le Mexique en est un autre. « Espérant une vie meilleure, des centaines de milliers de centraméricains traversent chaque année le Mexique pour tenter de rejoindre les États-Unis. Une route périlleuse où les migrants sont victimes des gangs, qui les rançonnent, les battent, les violent, les forcent à travailler ou les tuent. Depuis 10 ans, une caravane des mères des migrants disparus part à la recherche des fils ou des maris qu’elles n’ont jamais revus. »   

À la mémoire de tous ces enfants, femmes et hommes, victimes de la barbarie d’un monde inhumain voici la troisième symphonie d'Henryk Górecki, dite « symphonie des chants plaintifs », composée en 1976. Górecki est l’homme aux cheveux blancs et courts que l’on voit avant le début du concert.

La symphonie commence avec un double canon de contrebasses émergeant lentement du silence. Les autres cordes les rejoignent progressivement. 

Après une introduction de quelques quatorze minutes le premier chant est une lamentation polonaise du XVe siècle. Dès que la soprano a terminé, les cordes reprennent le canon.

À 28 min le deuxième mouvement reprend le texte d'une prière gravée sur le mur d’une prison de la Gestapo par une jeune résistante peu avant son exécution. 

Si tu veux t’offrir cette symphonie, parmi la vingtaine de versions disponibles, je te recommande chaudement l’enregistrement Nonesuch paru en 1992 avec Dawn Upshaw, soprano, et le London Sinfonieta sous la direction de David Zinman. C’est une pure merveille. Et il faut bien dire que le son n’y rend pas les violons parfois aigrelets comme dans cette version au son comprimé pour les besoins de la toile.  

À 37 min 50 sec le troisième mouvement reprend un chant traditionnel polonais. C’est la longue lamentation d’une mère qui a perdu son fils.

7 commentaires:

  1. Cette tragédie que tu décris, c'est la face la plus sombre du capitalisme...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, bien sûr. Mais le capitalisme a combien de faces très sombres ? Le travail des enfants que veut rétablir Juniac de Air France. Le travail de nuit. Le travail du dimanche. La santé seulement pour ceux qui peuvent payer. La chimie envahissante. Le nucléaire danger éternel. On n'en finit pas de trouver des faces sombres au capitalisme...

      Supprimer
  2. Salut partageux ,
    Ton lien : https://www.nonesuch.com/artists/henryk-gorecki est assorti d'une suspicion de connexion non sécurisée suggérant que quelqu'un pourrait " pirater ma connexion " , rien que çà ! En conséquence Firefox conseille de ne pas l'ouvrir....A propos voici un lien en référence avec le projet de loi dite de sécurité : http://future.arte.tv/fr/cybersurveillance#article-anchor-25641 . Sinon , les mots ne suffisent pas à une telle symphonie , il n'y a que l'infinie tristesse et la révolte au delà de tout . Merci à toi .

    RépondreSupprimer
  3. Le site de Nonesuch : oui, j'ai lu cela moi aussi et ça me fait bien rigoler. Je lis la même chose pour le site de Politis et pour le site des zadistes de notre-Dame-des-Landes par exemple. Le récent passage de mon ordinateur entre les mains du mécanicien a permis de confirmer l'absence de tout virus etc. ;o)

    Tristesse infinie et révolte : tes mots me conviennent face cette tragédie organisée.

    RépondreSupprimer
  4. pour laisser se noyer des gens alors qu'on a des bateaux des moyens de bombarder et de tuer c'est du fascisme et le capitalisme engendre le fascisme disons le clairement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est du totalitarisme, on est bien d'accord, mais j'hésite à utiliser le mot "fascisme" qui correspond à un système totalitaire précis. Le capitalisme semble avoir appris du passé que, de son point de vue, le totalitarisme gagne à être plus sournois pour s'imposer avec plus de facilité. Tu me diras que le résultat est le même. Mais il est plus difficile à remettre en cause. C'est 1984 de Georges Orwell et ce n'est plus Le Talon de fer de Jack London.

      Supprimer
  5. Sans voix face à l'horreur banalisée. Ajouter un mot perso me semble de si peu d'intérêt ... Votre billet m'a permis de découvrir ce chef-d'oeuvre de Gorecki. Et de celà je vous remercie très sincèrement.

    RépondreSupprimer

Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !