Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

samedi 14 mars 2015

Putain de maréchal

La peste brune dans les urnes. Y’a des antécédents. En ce temps-là, comme aujourd’hui, les députés fauxcialistes avaient voté « autorité et fermeté ». Michel Boutet chante  « Putain de maréchal ». Enregistrement en public au festival de Barjac avec Delphine Coutant au violon et Jacques Montembault au piano.
Ça s’passe à la fin d’une époque
Un village au fond du Maroc
Ils avaient pas tout bien compris
Qu’on leur voulait qu’du bien, ma mère
A preuve on avait des prières
Qui valaient mieux qu’les leurs, pardi !

Mais eux c’est mauvaise volonté
Et puis tendance à comploter
Contre la patrie nourricière
Ces gens-là, c’est moins que des bêtes
Faut leur enfoncer dans la tête
On verra qui c’est les plus fiers

Alors les avions en rase-mottes
Font tomber mieux qu’à Gravelotte
Le feu, le fer, la fin du monde
Si bien que quand l’soleil se couche
C’est un vrai bonheur pour les mouches
Y a qu’des macchabées à la ronde

Quand viendra l’heure de Guernica
C’est Franco qui s’en souviendra
Mais en passant, je vous signale
Que celui qu’a inventé ça
C’était un bon soldat françois
C’était un putain d'maréchal

On le sait depuis Charlemagne
Fallait pas inventer l’Allemagne
Fallait la laisser dans ses limbes
Mais sale manie, vieille habitude
On aime se la sauter bien rude
Et y en a pas un qui regimbe

On part au front tout étoilé
De rires, de fleurs, de doux baisers
Les femmes embrassent leur pioupiou
Mais ceux qui reviennent au village
Ils sont finis ils ont plus d’âge
Quand ils sont pas restés dans l'trou

C’est tellement une évidence
Comme dit monsieur Anatole France
On croit mourir pour la patrie
Mais au petit jour dans l’décor
On voit seulement fumer les morts
Dont s’est bien nourrie l’industrie

Et ceux qui s’arrêtent et qui disent :
« Il serait temps qu’on fraternise »
On les fusille au matin pâle
Chez Satan on fera les comptes
Le chef du p'loton de la honte
C’était ce putain d’maréchal

La France a une petite santé
L’cœur fragile, la rate dilatée
C’est sûr, elle est pas résistante
Alors elle suit son régime
Boit d’l’eau d’Vichy, c’est pas un crime
Puis elle s’endort bien contente

Pendant ce temps-là des trains saignent
Mais ne réveillent pas Compiègne
Ni Saint-Pierre-des-Corps, ni Mulhouse
Pendant ce temps-là des bons gars
Trafiquent du rutabaga
En multipliant par Pie Douze

Hitler tout seul n’existe pas
Faut être des millions pour ça
À mettre sa pierre à l’édifice
Et le vieux soudard à moustache
Dans son héroïsme sans tache
Est le plus zélé des complices

C’était pour le moins imprudent
Qu’un certain de nos présidents
Le remette sur son piédestal
Il y a des gerbes de fleurs
Qui parfois me soulèvent le cœur
Comme ce putain d’maréchal

Aujourd’hui au fond d’ma baraque
J’entends mon vieux pays qui craque
Y’a comme une odeur de moisi
Y’a des chiens prêts à mordre
Y’a des nostalgiques de l’ordre
Bave aux naseaux, nouveaux nazis

Mais le pire de tout c’est les mecs
Qui sans vraiment l’dire couchent avec
Rêvent d’une France qui marche au pas d’l’oie
Font la morale aux mendigots
Puis les écrasent comme des mégots
Putain d’maréchal, les voilà !

Avant qu’on envoie nos enfants
Nos doux niños, nos innocents
Un jour faire la guerre pour des prunes
Des prunes ou quelques monuments
Et que les marchands soient contents
Et qu’on chope la peste brune

Faudra s’débarrasser d’ces cliques
Et s’inventer des Pacifiques
Où on déposera nos malles
Sur ces plages où certains jours
On aura tant dansé l’amour
Que ça fera rire les étoiles

5 commentaires:

  1. Bon Dieu quel gâchis !
    On ne fait pas des chiens avec des chats !
    Je disais ce que j ' en pense sur mon commentaire au dernier texte de Caleb Iri -
    Il en va de m^me pour ton texte -
    Ne perdons pas de temps -
    La vie est trop précieuse !

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  2. Je crois que c'est Régis Debray qui parle des munichois à propos des socialistes...

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  3. Un grand merci à toi pour ces paroles si fortes , si vraies , contre la peste brune , contre la peste blonde " il est des pays où les gens au creux des lits font des rêves , ami entends-tu le pays qu'on enchaine....le vol noir des corbeaux sur nos plaines...." .
    Je joins un lien de révolte : http://vimeo.com/67668777

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  4. Même si je suis en désaccord avec Hollande sur sa politique, je n'aime pas trop ces comparaisons vichystes. Un peu de bon sens bordel...

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    1. Je ne suis pas plus amateur que toi des rapprochements historiques dont je sais combien ils peuvent être tirés par les cheveux. Mais ce que l'on voit à Roybon ou à Sivens est glaçant. L'emploi de milices du FN, sous bannière FNSEA, en supplétifs de la police-gendarmerie dans le but d'imposer les vues d'un gouvernement. J'y reviendrai bientôt parce que c'est très grave et beaucoup comme toi ne semblent pas avoir pris toute la mesure de ce qui est bien une stratégie élaborée et pas le fruit du hasard des circonstances. Et cela vient après la mort d'un manifestant et après de nombreux blessés.

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