Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

vendredi 27 mars 2015

Monsanto tue sans compter.


Le glyphosate, une molécule produite par Monsanto pour les herbicides et pesticides, vient d’être classée comme « probablement cancérogène » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) basée à Lyon. « L’in-formation est énorme. En France, un champ de blé sur trois est traité au glyphosate. En Europe, pas moins de 400 entreprises en commercialisent, à travers 30 désherbants différents. Ailleurs dans le monde, une bonne partie des maïs et soja OGM ont été conçus pour être « Roundup ready », c’est-à-dire résistants au glyphosate. Ce qui permet d’épandre du glyphosate sur un champ et y tuer toutes les plantes sauf les OGM. Ce qui permet à Monsanto de vendre à un agriculteur à la fois la plante et l’herbicide. Génial. » 

Mais comment qu'on va se débarrasser des mauvaises herbes si qu'on est bête au point d'interdire les herbicides ? se demandait en substance un site fort mal nommé Alerte environnement voici quelque temps. J’avais envie de poster un commentaire. Mais à quoi bon ? En effet ce site se fait l’avocat permanent de l’industrie chimique comme de toutes les saloperies notre époque, industrie nucléaire comprise.

Quand j'étais gosse, et c'était tout de même pas au Moyen-Âge, on n'utilisait pas de désherbant. On ne passait jamais non plus de girobroyeur, de débroussailleuse ou de tondeuse énergivores sur les bords des routes de ma commune rurale. L'herbe était pourtant toujours rase et les haies parfaitement taillées.

Il y avait la mère B. — on l'appelait la mère biquette — qui poussait son troupeau de chèvres en toute saison. Elle n'avait guère de champs, cette brave veuve, et ses chèvres mangeaient gratis les bas-côtés des routes et chemins. Fallait juste les suivre. Quand les céréales étaient moissonnées, la mère B. laissait ses chèvres brouter aussi dans les champs. Pour surveiller ses chèvres elle s'installait confortablement sur son pliant, avec son immense parapluie qui la protégeait du soleil comme de la pluie, et elle lisait son journal. Sur la fin de mon adolescence je me souviens l'avoir vue aussi en compagnie d'un poste à transistor. Le Moyen-Âge, te dis-je...

Le père P. promenait lui aussi ses moutons toute l'année. Moutons qui mangeaient ce que les chèvres avaient dédaigné. Les deux troupeaux assuraient un entretien parfait de toute la voirie communale. Complémentaire des vaches laitières qui ne rentraient pas à l’étable sans prendre une goulée de ci de là. Ça ne coûtait pas un seul cancer et ça produisait du lait et des côtelettes. 

Comme une chiée de gosses, la mère B. et le père P. je les ai souvent accompagnés, grimpé sur mon petit vélo. Ça ne coûtait pas un seul salaire d'éducateur de rue et ça assurait le lien social entre les générations. Tellement on en avait qu'on ne savait même ce que c’était. Le lien social. On avait aussi une initiation au travail manuel. Et je pense que je saurais encore traire une chèvre. C'est comme le vélo, ça s'oublie pas. 

Et puis Monsanto et ses acolytes sont arrivés.
——— 


Dessin de Rodho emprunté ici à Bastamag. Les vagues de et par Mathieu Rosaz, un fils spirituel de Barbara. Un disque enregistré naguère dans feu le Café Ailleurs qui a été une très importante pierre blanche dans l'histoire de la chanson. Salut chaleureux à Boris et toute l'équipe qui a enchanté les nuits d'une petite rue de la Bastille.


10 commentaires:

  1. Et il y avait encore dans les champs coquelicots, bleuets - les bleuets surtout, que je ne vois quasiment plus nulle part - et marguerites dont je faisais de magnifiques bouquets !

    Bisous. Lorette

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    1. Toute la vie sauvage fout le camp. Côté plantes c'est très ennuyeux d'un point de vue esthétique mais cela peut se corriger rapidement au moins pour la partie des espèces qui se ressèment facilement dès que les conditions redeviennent favorables. Côté animaux c'est un désastre souvent irrémédiable. La morue n'a jamais réapparu en nombre dans les eaux de Terre-Neuve depuis l'arrêt de la pêche. Devant ce constat les écologistes ont du travailler la notion d'effondrement. On est peut-être en train de rendre la planète inhabitable pour les animaux de grande taille comme pour les humains.

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  2. Non, L'antiquité....
    Ils ont encore le droit d'en répandre encore un an,je crois.

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    1. Garçon, tu es désobligeant en situant ma naissance dans l'antiquité. ;o)
      Il n'y a même pas d'interdiction d'utilisation mais seulement la suspicion écrite d'effet cancérogène. Et Monsanto voit rouge de simplement lire le mot cancer...

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    2. Mosanto arguera que le cancer c'est moins que d'autres maladies... Et, nos "élus" ne feront rien !

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  3. Le problème, c'est que la mauvaise foi étant une arme bien puissante, on n'est pas prêt de se débarrasser de ces assassins de Monsanto.

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    1. La mauvaise foi provient ici de raisons économiques gigantesques. Il n'y a qu'un pouvoir ou un mouvement puissant vraiment indépendant des puissances d'argent qui pourraient nous en débarrasser. Côté pouvoir, aux alentours de la Saint Glinglin peut-être... Côté mouvement populaire, faudrait fédérer le plus grand nombre sans se laisser diviser en multiples fractions gardiennes d'un temple idéal que les autres sont des cons...

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  4. Aujourd'hui, on sait se passer de chevres ou de moutons, tout en restant écolo. La preuve ? l'agriculture biologique aujourd'hui, c'est un million d'hectares, qui sont tout aussi productifs que les hectares avec pesticides. Leur emploi ne sert donc qu'à une seule chose : remplir les poches des industriels.

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  5. Le bout du monde sans monsanto et Cie : https://www.youtube.com/watch?v=3QngEx_g5O4 . Et merci pour Les vagues de Mathieu Rosaz .

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    1. Merci pour le commentaire. C'est pas si souvent que l'on me cause de chanson. Le hasard veut que "Le bateau" made in Des fourmis est au programme pour bientôt.

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