Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

jeudi 26 mars 2015

Ce fossé entre les discours et la réalité.


Un bon dossier bien fouillé sur le FN et pas une copie de plus avec du prêchi-prêcha inutile. Tu l’aurais déjà lu si tu étais abonné à Fakir qui est l’une des toutes meilleures publications politiques du moment. […] le discours du Front national, et même son discours social, n’explique qu’à la marge ses succès électoraux d’hier et de demain. C’est dans les abandons successifs de la gauche gouvernementale, dans ses navrantes expériences au pouvoir, dans ses renoncements à lutter contre le libre-échange, contre la finance, contre une monnaie forte, contre les dogmes bruxellois, et au final contre ce mal endémique, le chômage, c’est ici que demeure, pour nous, la cause majeure de la réussite des Le Pen : un boulevard ouvert dans les classes populaires. Qu’on y ajoute les responsabilités de l’autre gauche, la « vraie », la puérilité de ses divisions, la timidité de ses positions, elle qui échoue jusqu’ici à incarner une voix de secours.

Alors que Radio France est en grève, Daniel Mermet nous offre un long et fort intéressant texte qui retrace l’histoire de la création de la radio nationale. Tu peux en profiter pour t’abonner à Là-bas si j’y suis. C'est moins cher que Médiapart et tu n'auras à souffrir ces désagréables remontées gastriques que Mediapart a le talent de nous infliger. [...] France Inter construit une image fausse de la société par rapport aux structures sociales réelles. De même que la propagande soviétique éliminait grossièrement les indésirables de la photo officielle, on assiste ici à l’élimination des catégories disgracieuses : demandeurs d’emplois, retraités, femmes au foyer ou encore « jeunes des quartiers ». Ce mépris profondément ressenti, se traduit par un rejet des médias et des journalistes dans les quartiers populaires. Pour plus de 65% des Français (surtout chez les jeunes) les journalistes sont incapables de résister aux pressions de l’argent, des partis politiques et du pouvoir. Un rejet qui n’est pas sans lieu non plus avec le vote Front National.

La laïcité, c’était la séparation de l’Église et de l’État. La liberté de conscience garantie par la loi. La nouvelle laïcité, c’est l’exclusion des croyants et des peaux bronzées. « Ce qui me frappe dans le débat public, c’est une définition implicite de la laïcité qui ne correspond en rien à celle de notre Constitution, du droit européen et international, observe le sociologue Pierre Merle. Une laïcité qui interdit les manifestations religieuses plutôt que de les respecter, qui conduit à des logiques d’exclusion au lieu de favoriser le vivre-ensemble. » La nouvelle laïcité, c’est juste du racisme où musulmans et supposés musulmans en prennent plein la gueule. « On en vient à dire à des jeunes filles originaires d’Albanie ou du Moyen-Orient que leurs jupes sont trop longues, qu’on ne s’habille pas comme ça en France ! Je ne peux pas y voir autre chose qu’un vulgaire racisme. »

« L’école républicaine » et la machine administrative rejettent avec bonne conscience les enfants qui ne sont pas conformes. Si ton enfant présente un handicap, tu as intérêt à être plutôt argenté, patient et bien outillé du bocal pour le parcours du combattant à la MDPH. [...] Puis, quand le dossier enfin est parvenu au sommet de la pile, après deux à trois ans d'attente, qu'il a été examiné, c'est au tour des commissions de se mettre en branle. Elles exigeront la présence d'un membre de la famille, naturellement en semaine, pendant les heures de travail et en un lieu souvent éloigné. Quand on a un enfant handicapé, la vie n'est déjà pas très facile ; se libérer pour répondre aux exigences de cette structure enfermée dans sa tour d'ivoire devient impossible. Le dispositif, s'il ne vise pas à éliminer les plus modestes, finit cependant par laisser sur le bord de la route les familles les moins solides, les plus désorientées par l'intrusion du handicap dans leur vie personnelle. Clairement, on se trouve devant des procédures de classe qui écartent les plus humbles par le découragement, l'incompréhension ou le dénuement. Ça rend teigneux de lire ce billet où l'on sent qu'il y a du vécu. Ça rend teigneux de voir ce fossé permanent entre le discours et la réalité.
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Bernard Haillant chante Dick le Mélanésien l’oreille sur la minicassette d’une chanson de Dick Bône.  

5 commentaires:

  1. Époque saisissante... Tout est favorable au FN. Personne ne pourra dire je ne savais pas.

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    1. Mais si ! Monsieur Bankster nous dira en pleurant, le doigt dans le dernier pot de confiture de son dernier client, qu'il ne comprend pas : il a fait tout bien bien en suivant les préceptes de l'économie de marché et pourquoi ça n'a pas marché ? Parce qu'il fallait être plus libéral, plus flexible et plus libérer les forces vives entravées par la réglementation. C'est sûr qu'on entendra encore ça après la grande déflagration...

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  2. O.K. pour l'ensemble sauf pour , je cite : " Qu’on y ajoute les responsabilités de l’autre gauche, la « vraie », la puérilité de ses divisions, la timidité de ses positions, elle qui échoue jusqu’ici à incarner une voix de secours." , que dire et surtout penser de ceci ? http://etleboro.org/view/24779191-departementales-tractages-et-echanges-de-bons-procedes-entre-ps-et-pcf . Refuser la compromission avec la droite solfériniène n'est pas puéril , refuser le vote utile...au PS libéral est utile ! Le ,FN présente une com' apparemment sans ambiguïté pour l'électeur lambda et il en est malheureusement lisible....et perçu par trop , comme anti-système .

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    1. Mais on est d'accord ! Rejoindre les solfériniens au deuxième tour c'est ça, faire preuve d'irresponsabilité.
      La puérilité, ce sont les guéguerres intestines au sein du FdG, les coupages de poil en quatre sur des sujets mineurs dont tout le monde se branle comme de sa première chemise.
      La timidité des positions de la gauche, c'est ce qui permet au FN de passer pour anti-système. Par exemple, à gauche, on ne lit guère d'analyse sur l'Europe comme outil conçu pour faciliter la régression sociale généralisée.

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  3. Comme à chaque élection, le FN a fait chou blanc et on voit bien qu'il n'est pas autre chose qu'un épouvantail brandi à chaque fois par l'UMPS et leurs rabatteurs de voix pour conforter au second tour les positions du parti unique. On sait ça depuis Mitterrand ! Et si l'outil marche encore et à tous les coups, c'est qu'il sait s'adapter à la labilité du terrain idéologique. Dans les faits, ce pseudo-parti ne s'illustre que par des mots, son discours est protéiforme, il n'a pas de programme ni de cadres et les seules actions de ses rares élus se situent dans la provocation et le scandale.
    Où se situe le danger extrémiste ? Chez les néo-cons dûment encartés à la droite de la droite du parti unique, élus et réélus au point d'être devenus des institutions vivantes, députés à la tête de conseils généraux et de régions, ministrables donc, disposant de la précieuse clientèle électorale des patrons, des baby-boomers, des retraités et des beaufs xénos, et maîtrisant parfaitement leurs réseaux.
    FdG, PC, les moribonds NPA et LO et autres écolos d'universités d'été se contentent à gauche de jouer les rabatteurs de voix, sans être capables de formuler de programme clairement chiffré et daté d'alternative à la politique menée depuis le milieu des années 80, que l'on qualifiait alors de "pensée unique".
    On n'est pas sortis du cycle d'élections bidons pour des pouvoirs fantoches soumis aux rigueurs imposées par la troïka européenne. Et on est loin, bien loin d'un Grand Soir dont la seule évocation est propre à faire ricaner dans les studettes !

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