Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

lundi 8 décembre 2014

De plus en plus de femmes et d’enfants à la rue

Courses dans l’épicerie du bourg. Arrive en vélo un gars qui demande la clé de « la maison ». Une ancienne maison où la mairie a rénové deux chambres avec toilettes et douche pour héberger les chemineaux de passage. Aujourd’hui l’épicière n’a pas la clé. La mairie est fermée alors elle téléphone derechef chez le maire. L’épouse du maire absent n’a pas la clé et conseille d’appeler Jacques. Coup de fil à Jacques qui apporte la clé dès que... Jacques, c'est un employé de mairie à la retraite qui continue à rendre service. 

Le gars cause avec moi en attendant Jacques. Il a l’habitude faire halte dans le bourg. Il vient de terminer la cueillette des pommes à 100 bornes au nord d’ici. Et il file pour la saison des noix à 150 kilomètres au sud d’ici. Un circuit bien rôdé. « C’est bien d’avoir un lit au sec et au chaud plutôt que de dormir à la dure. Et ici les gens sont sympas. T’as vu l’épicière ! Et sûr que Jacques va m'inviter à bouffer chez lui ce soir ou demain matin. Et la dernière fois c’est le maire qui m’a ouvert la porte. Sa femme cuisine comme un dieu. Il m’a demandé de poser la clé à l’épicerie en partant. Eh bien, moi qui fais des saisons depuis longtemps, tu peux me croire. C’est pas partout qu’on est reçu comme ça. » 

Deux chambres de secours pour 900 habitants ! Je rêve un instant. Si on avait la même proportion dans ma ville… 

Une personne va dormir dehors ? Tu appelles le 115. C’est le numéro qui gère l’hébergement d’urgence. Partout en France. Oui mais… le 115 refuse 95% des demandes à Toulouse. Faute de logements. 250 personnes qui dorment à la dure. Alors les travailleurs sociaux du 115 de Toulouse font grève lundi 8 décembre. Pour protester contre le manque chronique de logements d’urgence. 

Pas les seuls à râler. La FNARS, fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, est une vieille dame qui n’a pas trop l’habitude de taper du poing sur la table en cassant la vaisselle. Elle crie que dans le plus clair des villes françaises il y a pénurie de logements d’urgence. Les demandes au 115 ne sont pas satisfaites alors qu’il fait froid mais pas assez froid pour la sinistre ministre. La FNARS égraine le chapelet du malheur. À Lille plus de 500 demandes au 115 insatisfaites. À Lyon 170 chaque soir. À Bordeaux une centaine. Plus de 200 dans le Val d’Oise. Et puis aussi la Charente, l’Oise et la Saône-et-Loire parmi d’autres départements ruraux.

Et la FNARS demande des logements en nombre suffisant. Et de « garantir la non-remise à la rue forcée des personnes le matin. » Et remarque qu’il y a de plus en plus de femmes et d’enfants à la rue. Et parle de « situation catastrophique. » 

Le Figaro, journal gauchiste, nous apprend que « L’Europe a près de trois fois plus de logements vacants que de sans-abri. »
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À Limoges les travailleurs sociaux du Conseil général entament leur troisième semaine de grève. La présidente fauxcialiste refuse la médiation du Ministère de la Santé. 
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Une parmi trente photos de Yannis Youlountas. En Grèce, émeutes dans tout le pays pour l’anniversaire de l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos et pour protester contre le sort fait à son copain Nikos Romanos.
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Le fonctionnaire par le Cirque des mirages. Fred Parker apiano. Yanowski au micro.

6 commentaires:

  1. C'est consternant. Les conséquences d'une politique de classe menée par les fossoyeurs de la gauche.

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  2. s'il n y avait que le ps comme fossoyeurs de la gauche le front de gauche l'est aussi n'en déplaise peut etre au propriétaire du site...quant on sait le positionnement ambigu des elus FDG au départ sur le problème de haute vienne et qu'on ajoute les actions calamiteuses de Grenoble , la gauche se décrédibilise de plus de en plus. A terme pour ma part j'en suis à esperer voir émerger un mouvement identique à podemos en espagne, ce qui en soit ne serait pas une mauvaise chose.j'ajouterai en plus de cela que ne pas avoir vu la cgt haute vienne a la journée anti austeritaire en haute vienne pour des enjeux politicards finit de m’écœurer et que je pense sérieusement à rendre ma carte vu les circonstances.Marre des pourris y compris de ceux qu'on peut encore trouver au FDG et que pour les choses soient claires je n'inclus pas pour autant les militants sincères qui peuvent vouloir changer les choses qu'ils soient au PS , au pc ou ailleurs au front de gauche, mais il faudrait vraiment penser une autre organisation de la gauche toute entière.

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    1. Grenoble ? J'avoue ne pas comprendre à quoi tu fais allusion.

      Le vote des élus en Haute-Vienne. Je ne puis en parler faute d'en connaître les ficelles. Mais d'une manière générale je suis devenu circonspect et très prudent.

      Je garde un vif souvenir du TCE. En novembre 2004 j'ai lu au hasard un article du projet sur un site du parlement européen. Je l'ai lu, relu, imprimé, surligné, annoté, pour parvenir à le comprendre. Un paragraphe bien gratiné, en rédaction comme en contenu, m'a demandé trois lectures attentives, crayon à la main, pour en comprendre le sens et les implications. Je n'ai lu que cet article du TCE, bon d'accord il était long, mais ça m'a pris des heures...

      Voici quelques semaines un simple conseiller municipal me raconte que maintenant il vote "toujours contre quand il ne comprend pas tout de suite." Il venait de se faire rouler en votant un texte écrit de telle façon qu'il n'en avait pas saisi toutes les implications... Bon, c'était bien sûr écrit dans ce but. Je crois que cet élu a raison et que j'ai eu tord de m'acharner sur ce putain de TCE : on ne peut pas passer notre vie à ces conneries. Même si on est un élu.

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    2. "Les socialauds, je me contenterai de les punir avec mon bulletin de vote. Et, chers camarades du FdG, lisez deux fois plutôt qu’une. Faudra surtout pas me demander « discipline républicaine » ou « faire barrage à... » parce que je ne voterai pas non plus pour les ceusses qui auraient l’impudence de demander ça."

      J'ai écrit ça à la fin d'une précédente bafouille. Depuis j'ai causé avec un copain du FdG qui a été très longtemps membre de la LCR puis NPA. Le copain en rage me dit à propos des socialauds : "plus jamais je ne voterai pour ces salopards. Plus jamais !" Et je me suis souvenu que lors des dernières municipales il a encore poussé à faire une liste d'union FdG / socialiste au deuxième tour alors que je n'étais vraiment pas chaud du tout pour ça.

      Après ça je me dis que je peux continuer mon soutien critique à un FdG dont je ne suis pas membre. Et si tu me lis régulièrement tu verras que je sais être critique chaque fois que cela me semble utile. Le FdG n'est pas pour moi un amour aveugle. Juste un mariage de raison.

      Je n'ai pas envie d'être seulement dans la posture commode du témoignage ou du groupuscule fin analyste mais sans impact. C'est pas toujours facile d'avoir le cul entre ces deux chaises.

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    3. Ou alors, il y a la posture commode de l'anar, dont je me demande de plus en plus en prenant du carat si elle ne s'expliquerait pas par la théorie psychanalytique plutôt que par la fréquentation de textes, d'auteurs, de poètes dont certains avaient un tel talent pour cultiver les positions ambiguës qu'ils auraient dû se mettre au jardinage.

      Je me souviens d'un zig d'un journal libertaire à qui j'avais envoyé il y a une vingtaine d'années des articles et des nouvelles un peu marrants, histoire d'égayer. Le mec, au bout de six mois, me pond une bafouille où il me demande "de me situer par rapport à eux" (la fédération anarchiste, dont l'intitulé tient déjà du paradoxe, idéologiquement parlant), sans référence à ce que je leur avais envoyé.

      Bon, je n'ai pas réitéré. Pas plus que je n'ai continué à emmerder les représentants locaux du PC et de l'extrême-gauche, à la même époque, pour essayer de leur ouvrir les yeux sur cette politique d'apartheid bien franco-française qui consiste à interdire de vie de couple (et a fortiori de famille) sous un même toit les bénéficiaires de minima sociaux, dont les handicapé(e)s - indépendamment de leur situation. On appelle ça en dialecte bureaucratique "l'obligation d'isolement". Si tu te fais gauler avec une nana chez toi (ou un mec si tu es une nana) et que tu es au RSA, à l'AAH à l'API ou encore en fin de droits, on te sucre ce qu'on te refile déjà avec des élastiques. Et par là, pointer l'insupportable intrusion de l'Administration dans la vie privée des gens.

      Evidemment, jamais de réponse sur ce sujet qui fait si mal au pays des libertés et des droits de l'Homme à géométrie variable, qu'on n'en parle jamais nulle part. Les 66 assoces qui prétendent défendre les droits des handicapé(e)s ne sont même jamais montées au créneau ne serait-ce que pour dénoncer cette violation des libertés individuelles qui a cours depuis 1973 avec la création de l'AAH. Sans doute pour pouvoir continuer à gratter de la subvention...

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