Une illustration qui fait sens dans ma conviction. L’enfer existe. Oui. Pour les survivants. À Gaza en été 2014 comme ailleurs. Et ce sont les hommes — pas besoin des dieux — qui créent l'enfer. Monsieur Poireau fait une série sur les religions. J’ai eu envie de répondre à son questionnaire en lisant les réponses de Gaël.
Peux-tu m’expliquer pourquoi tu es devenu athée ?
C’est l’aboutissement d'une réflexion progressive de 12 ans à 16 ou 17 ans autour de deux convictions simples : il n’y a rien après la mort et il n’y a pas « d’être suprême », de « grand architecte de l’univers », de « forces de l’esprit », de dieu ou autre vocable à la guise de chacun.
Quel a été le parcours personnel qui a fait de toi un athée ?
Je viens d’un famille croyante et pratiquante. C’est toujours une excellente fabrique d’athées : songeons à Léo Ferré. Dans ma génération les membres de ma famille sont pour la plupart incroyants ou athées.
Es-tu pratiquant ?
Athée serein, je me contente d’affirmer que dieu n'existe pas, ça me suffit. Je ne me situe pas dans une opposition aux religions. Je ne bouffe pas de curé, rabbin ou imam. Chacun croit ou ne croit pas selon ce qui lui convient.
As-tu déjà pensé pouvoir être athée sans être dans la pratique ?
Mon athéisme ne se définit pas par une pratique quelconque. Je ne suis pas membre d’une des associations d’athées car je ne partage pas leur hostilité voire leur haine des croyants. Ça fait l’affaire de la classe dominante qui s’enrichit bien tranquille pendant que les pauvres se foutent sur la gueule.
Est ce qu’être pratiquant t’a déjà posé des problèmes dans ton quotidien ? Par exemple : dans les relations amoureuses, au travail, des phénomènes de rejet en société…
Je respecte les personnes sans prendre en compte leurs idées. Que je les partage ou non. J’ai le droit de manifester mes convictions comme bon me semble en place publique alors je reconnais ce même droit aux gens qui ont une croyance. En retour de mon attitude à leur égard les croyants me laissent en paix.
Est ce que tu trouves qu’être athée est une bonne chose ?
On ne peut pas affirmer qu’une conviction intime est, ou n’est pas, une bonne chose. Le sentiment de supériorité de certains (athées comme croyants) — qui méprisent ceux qui ne pensent pas comme eux — m’est juste insupportable. Être athée me convient exactement comme c’est être croyant qui convient à quelqu’un d’autre.
Est ce que c’est une pratique que tu recommandes autour de toi ?
Mais non, je n'ai pas l’esprit missionnaire ! Encore une fois il s’agit d’une conviction qui relève de l’intime. Il ne me viendrait pas à l’idée de tenter de convaincre quelqu’un d’adopter mes penchants profonds dans ce domaine. Ce serait du même niveau de connerie qu’un autocollant proclamant « J’aime une blonde. Pourquoi pas vous ? »
Dans l'absolu, qu’est-ce que cela pourrait m’apporter de devenir pratiquant de ton athéisme ?
Cette tranquillité d’esprit et cette paix intérieure qu'on trouve aussi dans les publications sur l’art roman des éditions du Zodiaque.
Quelles sont les contraintes de ton athéisme ? Par exemple au niveau alimentaire ou dans la vie quotidienne, que t’impose ton athéisme ?
Les prescriptions alimentaires ou vestimentaires relèvent de l'écume et non de l'essence. Je ne suis pas végétalien au rebours de certains athées de mon entourage. Sans que je m’en fasse une obligation il m’arrive de porter une chemise noire quand je manifeste. Il s’agit ainsi d’afficher de façon ostentatoire une communauté d’esprit avec mes compagnons anti-autoritaires.
Que sais-tu des autres religions ? Est ce que tu sais ce que c’est être catholique, bouddhiste, juif, ou protestant ?
Je connais catholicisme et protestantisme, moins bien l’orthodoxie. J’ai lu la bible qui recèle des textes littéraires splendides parmi d'autres qui m’indiffèrent ou me révoltent. Je connais mal judaïsme, islam et bouddhisme.
As-tu des amis dans ces autres religions ?
Autour de moi il y a toute la variété des opinions. J’ai milité avec des gens de tous les horizons.
Est-ce qu’il arrive que vous discutiez ensemble de vos croyances respectives ?
Oui, bien sûr. Je regrette que les discussions portent souvent plus sur l’écume — alimentaire ou vestimentaire... — que sur l’essence de nos convictions. Chacun cherche le bonheur et nous ne le trouvons pas tous à la même adresse. Chacun cherche l’inaccessible étoile — disons un sens à sa vie — et nous ne la trouvons pas tous dans la même constellation.
Une remarque pour terminer. Mon travail me fait fouiner dans de nombreux intérieurs. Je vois des objets religieux dans environ 5% des logements. Alors que l’on parle beaucoup des religions. Par contre je ne vois pas le moindre livre dans un gros tiers des logements. Alors qu'il est rare que l’on parle de cette absence. Ça vaudrait la peine de s’interroger sur cet engouement et cet oubli médiatiques.
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Il n'y a que le vent qui chante sans faire payer, une chanson de et par Jean-Marc Le Bihan.
Ami Partageux, me permets-tu l'outrecuidance de nuancer certaines de tes affirmations ?
RépondreSupprimerJe m'explique. J'ai un exemple précis, une amie avec un parcours atypique. Père catholique, mère juive (née à Odessa) ayant "embrassé" la religion de son mari par amour, elle a eu des ami(e)s de tous horizons. Convertie ( born again ) chez les Pentecotistes un peu par hasard, elle les a laissés tomber ensuite en raison de leur terrible sectarisme. Elle se définit de ce fait comme croyante ayant touché à tout (y compris à la religion Baha'ï), sans aucune religion pour "support" à cette croyance.
Cela démontre que la croyance et la religion sont deux notions différentes, l'une "mystique", l'autre hiérarchique. Elle est mon amie très chère, alors que que comme toi je suis un "parfait" athée, par choix entre 20 et 30 ans, apostat officiel (faut ben çà). Amie très chère, mais cela n'ira jamais plus loin. Les choses se compliquent, parfois !
Elle comme moi connaissons plutôt bien la plupart des religions (à la maison j'ai côte à côte la Bible et le Coran en versions littéraires, parmi des œuvres de Hugo ou de Rostand, ou autres). La hiérarchie la plus lourde est bien entendu la catholique, suivie de près par celle des cohanim. Toutes les hiérarchies étant perverses par définition.....
De toutes façons, tu peux remarquer qu'aujourd'hui la pire religion est celle qui ne se présente pas en tant que telle : celle de l'argent (que l'on nomme aussi Mammon), qui plus que jamais déchire les rapports humains, et qui est la cause principale (la seule ?) de toutes les guerres.
Pour conclure, l'Athée est celui que définit (hi hi, des références bibliques) Psaumes, 92, 13. "Le Juste grandit comme le palmier, il s'étend comme le cèdre du Liban". Il se contente de marcher son chemin, d'écouter ses frères humains en détresse, de les aider par solidarité, de ne pas les accaparer avec ses propres convictions, de les dissuader d'être eux-mêmes prosélytes.
Au bout de sa course, il s'arrête, et l'Humanité continue. La seule pensée d'un Après quand les yeux ne voient plus est plutôt atroce, car le dilemme est le suivant : soit on ne se souviendrait de rien, donc on repartirait à zéro comme le bébé qui vient de naître, voire plus encore (quid des souvenirs inconscients des moments où l'on est encore dans la matrice ?), soit on se souvient de tout, les meilleurs, mais aussi les pires instants. Pire : soit on est seul, soit on retrouve TOUS ceux que l'on a connus "vivant", ceux que l'on a aimés, comme ceux que l'on a détestés. Impossible. Le Néant final est le seul repos.
Vivons selon NOS convictions, celles que nous nous sommes forgées au gré des circonstances : et celles-ci sont nécessairement atypiques. Ou alors, on se retrouve malhonnête avec soi-même, ou.... idiot.
Quand j'ai écrit le canevas de ce texte, j'en ai coupé une grosse moitié pour rester axé sur le centre de mon sujet, faute de quoi mon texte aurait été trois fois plus long... ;o)
RépondreSupprimerBien sûr que spiritualité et religion sont deux choses qui ne se marient pas forcément bien.
Et bien sûr que les religions civiles qui ne se présentent pas comme telles, dont l'argent, supplantent aujourd'hui de très loin les anciennes religions. Y'a des gens qui ont du mal à admettre que ce sont des religions...
Le billet a disparu le temps d'une correction pour rectifier la taille des caractères affichés.
Je ne saurais mieux dire. La religion sert souvent de prétexte au pire.
RépondreSupprimerBabelouest, la religion du capital de Lafargue ;-)
Cher ami,
RépondreSupprimersur l'essentiel nous sommes bien d'accord.
Ce qu'il y a d'intéressant dans ton texte (entre autres car tout est intéressant), c'est ce qu'il ne dit pas, ce qu'il suggère. Et quoi donc , Qu'il pourrait y avoir, chez les athées aussi, cette volonté d'en découdre avec les autres, d'imposer aux autres ses convictions profondes. Bref, du radicalisme sectaire comme dans toutes les religions.
C'est contre cela, et uniquement contre cela qu'il faut lutter : contre l'extrêmisme en toutes choses ou presque.
Bien sûr qu'il y a des athées intolérants et sectaires prêts à partir en croisade contre les croyants. Qu'ils méprisent et regardent comme des crétins. Qu'ils veulent contraindre à se cacher en attendant nettement plus coercitif. Il y a de textes et des discours qui font froid dans le dos. Les rapprochements en cours entre des athées soi-disant "de gôche" et des gens de la droite extrême ne laissent augurer rien de bon.
SupprimerGrreat reading
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