Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

dimanche 20 juillet 2014

Ce que tu es et non plus le prix qu'on te paie

La chanson du lundi.

« Tu seras ce que tu es / Et non plus le prix qu’on te paie. » C’est aussi l’essence du billet de mon copain Des pas perdus que j'ai mis sa photo que je te recommande que c’est bien que c’est pas parce que c’est un copain que j’écris que c’est bien. 

Un anonyme, par ses deux commentaires sous la première chanson du lundime titille le boyau cervical et me donne l’idée de te proposer cette semaine « Les pissenlits », une chanson de Mama Béa. Que j’aime beaucoup. La chanson. Et Mama Béa. Et qui va très bien, la chanson, avec le billet de Des pas perdus comme avec les commentaires de l'anonyme commentateur. 

La gauche aurait besoin de se (re)mettre à réfléchir sérieusement sur cette absence de sens que la société s’obstine à nous proposer, sur ce vide intersidéral désespérant, sur la fuite dans la consommation comme drogue dure à accoutumance, sur la fuite dans des comportements ostentatoires aussi dénués de fond qu'une mode vestimentaire. 

La gauche aurait rudement besoin de se (re)mettre à proposer plus enthousiasmant que l’augmentation du pouvoir d’achat. Et pourtant tu sais que je côtoie bien des gens vivant sous le seuil de pauvreté. Mais la pauvreté du sens est une pauvreté aussi vertigineuse que celle de ces œuvres d’art épuisées au premier regard malgré un discours accompagnateur ronflant.


Les femmes auront des noms de fleur
Les enfants de toutes les couleurs
Connaîtront le goût du pain
Du vrai pain qui n’est à personne
Qu’à celui qui a faim
Quand ils ne seront plus là
Qu’on les aura démolis
Qu’ils boufferont les pissenlits par la racine

Nous retrouverons le langage
Perdu un jour au fond des âges
Les mots juteux comme des fruits
Et « bonjour » voudra vraiment dire
« Que ce jour te soit bon ! »
Quand ils ne seront plus là
Qu’on les aura démolis
Qu’ils boufferont les pissenlits par la racine

Les derniers marchands disparus,
L’eau et l’air nous seront rendus
Tu seras ce que tu es
Et non plus le prix qu’on te paie
L’homme sera frère des hommes
Quand ils ne seront plus là
Qu’on les aura démolis
Qu’ils boufferont les pissenlits par la racine

Quelquefois je fais un rêve
Tu fais peut-être le même
Mais dans le fond tu sais bien
Que ce n’est pas pour demain
Mais tu ne peux vivre sans croire
Qu’ils ne seront plus là
Qu’on les aura démolis
Qu’ils boufferont les pissenlits par la racine

Ah ! ça ira, ça ira !
Ah ! ça ira !

8 commentaires:

  1. Oui, j'aime bien. Le propos et la chanson. M'enfin cette panne de sens elle dure déjà depuis quand ? Cet ennui abyssal, on s'y enlise depuis combien de putains de dimanches qui s'étirent toute la semaine ? Depuis aussi longtemps que Drucker, avant qui il y avait Jacques Martin, Pascal Sevran, icônes du "cétait mieux avant" qui sert d'antienne au franchouille pour qui la nostalgie se résume à du passé édulcoré de tout ce qui le gène. On a ce défaut, ici, de ne pas assumer ses plantages. Et on cultive l'art du plantage. C'était mieux avant, mais aussi, on ne te dit jamais avant quoi. On te serine par contre des depuis quand, des depuis tant, en creux et sur le mode revendicatif. Depuis la Guerre. Depuis 68. Depuis la Gauche. Depuis les Pieds-Noirs. Depuis les Arabes. Depuis, depuis. Depuis ce qui les gêne.
    Et le présent, bordel ? C'est ce vide qui fait des après-midis des largués, et de leurs dimanches et de leurs fériés, un tunnel sans fond. C'est ce vide qui fait des week-ends et des fériés des pas largués une course au plus que dalle clinquant et jetable, de préférence douillé chérot et estampillé "premium". Arguments : Au moins on sait pourquoi on bosse / de toute façon on peut être morts dans une heure alors autant en profiter / et puis quoi, avec ce qu'"ils" nous préparent, c'est pas à la retraite qu'on en profitera.. etc.

    Des centres commerciaux aux dimensions d'aéroport... Je ne suis pas d'ici, je ceux dire de là où je vis, je n'en connais pas encore tous les codes. J'entendais souvent évoquer un "plan de campagne" où allaient les gens le dimanche, et je pensais qu'il s'agissait d'un parc paysager. C'était sensé se trouver à une centaine de bornes, vers Aix ou Marseille, entre les deux. Et puis un jour quelqu'un s'est esclaffé quand je lui ai dit ça. Un parc paysager ? C'est un giga-centre commercial, avec des centaines et des centaines d'"enseignes", Plan-de-Campagne, ça se trouve vers les quartiers Nord. Et d'enfoncer le clou : "Ben alors, faut sortir, le dimanche ?!"

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    1. Tu vas rigoler. J'ai habité Marseille. Et moi aussi, j'ai cru brièvement que Plan de Campagne, avec un tel nom bucolique, était une chouette contrée champêtre. Jusqu'à ce qu'un copain me montre des photos de la marée de stabulations libres. C'est bien en campagne qu'on les trouve mais là il s'agit d'y accueillir des troupeaux de bovins consommateurs...

      À chacun ses zones pour consommer sans penser. Les ceusses qui fréquentent les magasins vendant des merdes à bas prix. La classe intermédiaire qui va aux sports d'hiver et aux Antilles ou en Tunisie. Les culturés qui fréquentent expos et musées entre l'opéra et le concert symphonique. Les djeuns ou plus très qui vont siroter leur bière dans les salles de musiques actuelles. Les voyageurs au long cours qui "font" la Chine en deux semaines chrono. Les lecteurs qui Amélient Nothomb et prient Goncourt pour ne pas s'épuiser le cervelet. Le temps de cerveau disponible connaît plein de segments de marché.

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    2. C'est quand même dans ce sens-là que va la demande du bétail : consommer. Et eux là-haut, eh bien ils lui promettent, au bétail, du pouvoir d'acheter. On tue le temps (de cerveau et le temps tout court) en achetant de quoi le tuer, comme les Shadoks sont conditionnés à pomper.
      Autrement t'as le vide, la solitude. Les journées que tu voudrais avoir finies avant même de les avoir commencées, parce qu'elles sont toutes à peu près identiques, parce que demain sera le même jour et que le dimanche, pour y revenir, a quelque chose de profondément gluant, glaireux, poisseux, qui le rend pire qu'un autre jour ordinaire où il ne se passe rien parce que tu vois de moins mal lotis que toi qui réussissent à s'évader quelques heures, pendant que toi tu es là à mariner dans la solitude et l'ennui. Le naufrage des belles théories du "vivre ensemble". Les récifs sont les mêmes qui ont précipité par le fond les autres belles théories. Heureusement le temps passe quand même et on se rassure en se disant que la seule certitude de cette vie de pauvre est qu'elle connaîtra le sort de tous les chancres depuis qu'il existe des chancres.

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  2. J'aime bien son interprétation des anarchistes.

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  3. " La gauche aurait rudement besoin de se (re)mettre à proposer plus enthousiasmant que l’augmentation du pouvoir d’achat. " -

    C ' est bien ce que je m " estransine " ( comme on dit en provence / qui n ' est pas que marseille ) à dire : dire ce que nous ne voulons pas , c ' est bien , mais il nous faut SURTOUT dire ce que nou-e-s , VOULONS -

    Bien-sûr , nous VOULONS que chacun-e ait à manger , un toit agréable , de quoi s ' habiller de façon avenante , et quelque argent en + .
    On pourrait m^me dévelloper , ou remettre à plat , ce que DOIT vraiment être la JUSTICE SOCIALE - celle où il n ' est + question de chipoter avec des blablas de qui a + de " mérite " à travailler , qui a + de capacités à travailler - et aurait + de " mérite à gagner + ; ou encore se demander à quoi peuvent bien servir toutes ces accumulations de conneries de biens inutiles ...

    Il est encore + important de dire ce que nous voulons faire de notre temps , de notre vie , une fois cette vie justement " gagnée " - Voulons-nous partager ce bonheur de vivre ? Cet émerveillement de vivre ensemble ? - où il faut que l ' autre , et soi-m^me , soyons heureux .

    Et le meilleur moyen de le dire est bien de le FAIRE -
    Faisons dès maintenant cette vie de bonheur et de partage , m^me si les conditions le permettent si peu , tel le flower-power qui le vivait à sa façon - tel les indiens d ' Amériques et leurs petits peuples -
    Faisons la paix et la fête -

    Nous nous apercevrons alors sûrement que tous et toutes ne sont pas pour ce partage du bonheur de vivre et de son mystère inaliénable -

    Si la météo est clémente , nous nous apercevrons m^me qu ' ils-elles sont CONTRE cette vie qui est la nôtre -

    Nous nous apercevrons enfin , hélas-ou pas , qu ' ils, elles , sont la MAJORITE -


    Qu ' il n ' y a donc aucun espoir - il faut être lucides - d ' aucune révolution , aucune démocratie possibles avec eux-elles .

    Voilà pourquoi je ne vois aucune autre solution hormis la SECESSION -

    Les indiens s ' y sont cassé le nez - le flower-power aussi - pour avoir sous-estimé la vilainie de l ' homme et de la femme blanc-he-s ; pour n ' avoir pas trouvé la bonne voie face à ces ennemi-e-s redoutables -

    Mais aucun dernier mot n ' a été dit -

    Marinaleda , ND des Landes , sont bien là qui en témoignent -

    Tout ceci n ' est pas ce que certains essayent d ' appeler " utopies " , " rêves " , " illusions " -

    Nos rêves ne sont pas des illusions : ils sont l ' expression de nos DESIRS -

    La Passion n ' est pas un cheval fou qui nous mène n ' importe où - Nous SOMMES ces chevaux sauvages , et nous savons bien ce que nous voulons - ce que nous voulons partager -

    Faut-il se fédérer ? multiplier les expérience ou , simplement faire la sienne-propre ...
    ... ... ...








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    1. Contrairement à toi, je suis optimiste. Parce que partout, de n'importe quelle couleur, de n'importe quelle langue, de n'importe quelle religion, de n'importe quelle opinion, les parents aiment leurs enfants, les enfants aiment jouer, les humains aiment l'amour, le bonheur et la paix. Suffit de parvenir à se parler vraiment. Sans imposer sa propre vision aux autres sur le moindre détail.

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  4. Hello toi!
    La gauche: se remettre en question?
    Tout est là...mais s' il n' y avait que la gauche encore...
    Notre monde est malade de son racisme, de son oligarchisme....et trop de gens oublient leur humanisme.
    C'est à souhaiter de se faire envahir par les extra-terrestres.

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    1. Ton souhait final est amusant. ;o)

      Oui le monde est malade. Mais le monde est pour beaucoup un endroit épouvantable à l'image des camps de la mort connus à diverses époques et sous diverses latitudes. Dans cet enfer l'homme devient une bête sauvage tentant d'assurer sa survie et il est difficile de blâmer tel ou tel comportement.

      La mission de la gauche serait de prendre de la hauteur et d'offrir des perspectives de sortie de l'enfer. Pas de bricoler des arrangements avec le diable ou ses kapos.

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !