Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

jeudi 9 janvier 2014

Silence on tue !

La piscine municipale a été fermée pendant un bon moment « pour rénovation ». Après sa réouverture elle a tout gardé de son cachet vieillot. On se gratte la tête en se demandant ce qui a été rénové. Et puis on oublie vite ce petit mystère non élucidé.

Au hasard d'une discussion avec un copain, des mois plus tard, on apprend que cette piscine a été désamiantée. La piscine n'est pas seule. Nombre de bâtiments municipaux sont isolés à l'amiante. Le copain nous apprend que les travaux de désamiantage se font toujours en catimini. Toujours les mêmes prétextes de « rénovation » ou de « réaménagement des locaux pour des espaces plus fonctionnels. »

À l'occasion la mairie ment sans vergogne quand elle se retrouve acculée devant des questions embarrassantes. Euh ben voui il y a de l'amiante, mais pas d'inquiétude, elle est emprisonnée dans le béton et du coup ça ne risque rien du tout. 

Alors bon, mesdames, on le sait depuis belle lurette mais on ne vous a jamais rien dit. La bibliothécaire travaille depuis dix-vingt ans dans une atmosphère chargée en fibres d'amiante. Et passer l'aspirateur n'est guère moins dangereux que marcher dans un champ de mines même si le résultat est plus lent. Menfin bon, on ne va quand même pas se soucier du sort d'une femme de ménage ou d'une bibliothécaire. Tu n'imagines pas qu'on va aller leur dire qu'elles ont vécu dangereusement durant des années. Et puis c'est quand même pas trop facile de leur annoncer qu'elles risquent de finir prématurément d'un cancer parce qu'elles ont travaillé en atmosphère contaminée. Surtout que, bon, faut quand même pas dramatiser. C'est comme au loto, on est pas sûr de tirer le mauvais numéro. Surtout pas de vagues… c'est la politique de la mairie.

Un employé de la piscine « rénovée » est en train de mourir sur son lit d'hôpital. Surtout pas de vagues. Alors un comité théodule prétend que son cancer, un mésothéliome, n'est en rien dû à son travail à la piscine. Meuh non rien à voir. Il a très bien pu être contaminé avant quand il bossait dans le privé il y a trente ans. Et puis il bossait dans la piscine depuis son embauche à la ville et il n'y a pas d'amiante dans la piscine. Tu peux même aller vérifier. Tu vois, ça prouve bien que la Ville n'est pas responsable… 

Où est passée l'amiante ? demande avec insistance la veuve d'un ouvrier mort de l'amiante. Tu la liras sous une précédente bafouille qui en causait. Comme tu liras Catherine, une autre veuve de l'amiante. Beaucoup de colère en peu de mots.

Certains reprochent au FdG de se préoccuper d'écologie. Ils souhaiteraient que tout l'effort porte sur le seul domaine social. L'écologie serait une gentillette préoccupation de bourgeois écervelés. Les maris et leurs copains de boulot décédés ou l'employé municipal en train de mourir d'un mésothéliome dans ma ville, est-ce que ça relève de l'écologie ou bien du social ? Comment fait-on la distinction ? On pourrait aussi parler du nucléaire où tout le sale boulot est fait par des intérimaires assurés de mourir dans les dix ans. Ou des encres toxiques qui tuent lentement les imprimeurs. Ou des peintures toxiques dont un copain peintre est mort après une courte retraite. Ou d'une foule d'autres produits dangereux dans le bâtiment. Ou des biocides dont les travailleurs agricoles sont les premières victimes d'une longue liste. Ou des dizaines de milliers de produits d'une chimie envahissante dont les travailleurs sont toujours les premiers à payer le coût écologique. Comment fait-on la distinction entre question écologique et question sociale ? 

Voilà un truc que je ne parviens pas à comprendre. Comment peut-on être de gauche ou syndicaliste et rester silencieux sur les catastrophes écologiques ? Ce sont pourtant les plus fragiles et les plus pauvres qui paient les désastres écologiques au prix le plus lourd aussi bien au travail que dans la vie quotidienne. Comment peut-on se taire devant l'énorme inégalité d'espérance de vie selon l'origine sociale ? Qui va prendre la défense des ouvriers et de leurs veuves si on ne ne doit pas parler d'écologie ? Si une veuve n'a pas le droit moral de demander des comptes ou de demander où est passée l'amiante ?

——— 
Verdun, une chanson de et par Bernard Joyet filmé par Éric Nadot de Tranches de scène« Tout est sérénité dans mon joli jardin / Si je me penche un peu, quelle métamorphose ! / Si je me penche encore, alors là, c'est Verdun ! »

8 commentaires:

  1. Bonjour
    Tu dis qu il ne faudrait pas parler d ecologie moi perso je n ai rien contre sauf quand ca tombe dans la caricature comme j ai pu le voir dans des reunions des amis de la terre. La aussi est le probleme de l ecologie dite politique lorsque cette derniere en arrive a se poser des questions existencielles sur le fait que ces tracts soient imprimes en encre bio ou pas. La aussi est la caricature quand elle dit plus de liens moins de biens a un sdf qui na pas de quoi se loger et on est bien loin du cancer de l amiante dont tu parles dans ton poste..se battre bien sur pour cela il le faut mais pour moi sans tomber non plus dans cette optique qui existe trop souvent chez les ecolos ou leur baratin sert le plus souvent a defendre les capitalistes. L ecotaxe en est le bel exemple.et pour les ecoles amiantees j en connais une pas loin de chez moi et je n ai jamais vu le chef local d eelv se battre pour cela. Est il plus ecolo que le syndicaliste de base qui fait se qu il peut dans sa boite cher partageux?l ecologie donc oui mais pas les caricatures que j ai pu croise ne t en deplaise

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    1. Le trotskisme est une critique de gauche du monde soviétique. C'est une critique intéressante même si je ne la partage pas complètement. Il n'empêche que les groupes trotskistes ont le plus souvent sombré dans la caricature totalement stérile de leurs propres idées. Et pourtant cette stérilité totale de l'action de bien des groupes trotskistes, leur incapacité quasi-congénitale à œuvrer concrètement, n'enlève rien à leurs idées. On peut critiquer de la même manière une petite fraction des écolos… (même si, au rebours des trotskistes, elle n'est qu'une fraction assez négligeable.) On ne peut pas généraliser à partir de comportements individuels, aussi folkloriques soient-ils… Et cela vaut pour tous les groupes humains. ;o)

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  2. Quand a l amiante je pense que bien des syndicalistes ont du le dénoncer. Peut être par contre qu'on les a jamais vu à la télé. Derrière ce discours que tu tiens, ce qui me gène, c'est que tu puisse sous entendre involontairement que les syndicats sont inutiles, discours trop souvent présent actuellement chez le français de base.Et pourtant de goodyear à tant d autres entreprises ils prouvent encore chaque jour leur nécessité d'exister et ce bien loin d'une ministre écologiste qui se contrefiche des sans logis ou des petites gens en général et qui ne fait en plus rien pour eux.Enfin pour revenir sur les imprimeurs je crois personnellement pour avoir entendu certains m'en faire le récit qu'ils sont actuellement plus préoccupés par la dématérialisation du support papier prétexte très souvent utilisé par leur patronat afin de licencier a tour de bras.Et la on voit encore des considérations écologiques utilisés afin de faire plus de profits.si on en doute encore cela démontre que le capitalisme sait très bien adapter son discours même au besoin faire de l’écologie s'il le faut, mais toujours au détriment de celui qui l'exploite,Pour moi ton exemple sur l'amiante ne montre rien d'autre que cela, et si demain un entrepreneur doit se mettre a faire de l’écologie par necessité il n’hésitera pas a le faire au détriment de celui qui l'exploite. En résumé on pourrait dire que la planète si chère aux amis de la terre s'en sortira peut être mais l'humanité c'est moins sur et on pourra remercier leurs partisans de considérer que les rapports de classe n'existent plus et qu'ils se situent désormais entre productivistes et anti productivistes...

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    1. Je te reproche, bien amicalement, de généraliser trop souvent. Et de lire des généralisations dont je me garderais bien. Dans le cas précis de mésothéliome dont je parle les deux syndicats du personnel municipal, dont celui auquel appartient le gars malade, ont décidé de ne rien faire et ne rien dire.

      J'ai envoyé le brouillon de la bafouille ci-dessus à une copine syndicaliste dans l'industrie dont je sais qu'elle a beaucoup essayé de mettre la question sur le tapis dans son syndicat. Elle m'a répondu combien j'abordais une "question complexe". Je cite une bout de sa lettre :

      "Nous avions essayé de sensibiliser sur les risques de l'amiante au travail. Et c'était extrêmement difficile, tellement d'ailleurs qu'on s'est largement cassé le nez. Je crois que les salariés en quelque part avaient conscience des enjeux mais ne voulaient pas se l'avouer car dans ce cas là la seule solution rationnelle immédiate et radicale ç'aurait été de fuir et de donner sa démission… Un peu comme sur les chantiers du bâtiment quand paradoxalement c'est dans les situation les + objectivement dangereuses que assez souvent les salariés prennent le moins de "précaution", comme pour conjurer le danger et le rendre "acceptable"…"

      On retrouve ce même refus de réalité dans le nucléaire où on ne trouve guère de syndicats frontalement opposés à une industrie qui tue pourtant leurs adhérents les plus exposés ! Mais faut pas compter sur moi pour penser que les syndicats sont inutiles !

      Le plus gros problème des imprimeurs n'est pas la dématérialisation. Elle sert de prétexte toujours avancé par le patronat alors qu'elle ne représente qu'une toute petite fraction de la baisse d'activité ! Suffit par exemple de regarder dans ta boîte à lettres pour voir combien de publicités tu reçois si tu ne mets pas un autocollant… Le gros problème des imprimeurs, c'est la concurrence de la Tunisie ou de la Pologne. Et toutes les machines des entreprises qui font faillite partent là-bas… pour imprimer du papier qui vient en France !

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  3. Cher partageux
    Ce que tu exposes sur le cas des gens qui ne veulent pas attaquer leur patron se retrouve actuellement dans beaucoup. ;e pourrais a peu pret te dire la meme chose sur mon lieu de travail ou la peur de perdre son emploi ouvre plus d une fois toutes les lachetes .pour ce qui est de l ecologie ce qui me gene notament au front de gauche c est que ce parti soit incapble ou ne veuille tout simplement pas aider a mettre en place des ponts entre syndicalisme et luttee politique; et ce fait l ecologie politique avant tout l apanage de personnes qui semblent avant tout preoccupes par de l ecologie de salon. Les bove ; les cecile duflot en sont autant d exemple et je deplore de plus que derriere tout cela se cache une ideologie qui est tout sauf de gauche a supposer que celle ci existe encore.

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    1. Ce qui se joue pour l'amiante, le nucléaire, les encres toxiques ou les autres matières dangereuses va bien au delà de la menace de perte d'emploi. Prenons les employés municipaux syndiqués, qui ont la garantie de l'emploi, ils ont eux aussi décidé de ne rien dire et rien faire. Je crois que la peur est bien plus profonde. On décide de ne pas regarder, de ne pas penser à l'avenir parce qu'il est inquiétant, parce qu'il est angoissant, parce que la mort est peut-être au bout du chemin. C'est un comportement humain. La peur de la mort est humaine…

      Les partis, tous les partis, et les syndicats, tous les syndicats, ont le même problème. Ils ont un certain décalage avec la pensée, le comportement, les habitudes des personnes vivant aujourd'hui. Les organisations sont dans des schémas trop anciens dont elles peinent à sortir. Elles essaient tant bien que mal de combler le fossé qui les séparent des personnes sans y parvenir complètement en raison de difficultés ou erreurs d'analyse. Tu parles des lacunes du FdG qui n'est pas un parti mais un regroupement de partis avec les difficultés d'organisation que cela génère. Mais on peut songer aussi aux échecs bien plus grands du POI ou du NPA devenu un groupuscule dérisoire alors qu'il avait décidé de devenir un parti de masse !

      Nous avons à repenser tant les organisations et leur fonctionnement que la stratégie, les méthodes, les discours, etc. Cela ne se fera pas en un jour même si je le regrette tout comme toi.

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    2. la peur de la mort n'est pas une chose nouvelle si l'on y réfléchit elle existait deja au temps des mineurs qui attrapaient alors la sillicose ou encore au temps des ouvriers de la porcelaine rendus malades par la poussiere de Kaolin et pourtant ces derniers ont trouvé le moyens de lutter ensemble afin d’améliorer leur condition de travail et de fait on pourrait dire de l’écologie sociale, la seule différence c'est qu'ils se disaient plus généralement communistes ou socialistes.
      Ce qui est par contre nouveau c'est un éclatement tellement grand des mouvements sociaux qu'ils en deviennent inefficaces.
      Dans ce contexte le Front de gauche pourrait apparaitre comme une tentative d'union nouvelle mais au final c'est la mon avis il ne montre pas pour autant la voie pour créer un parti de masse, pire il finit de tuer ce qui reste de gauche de la gauche.
      Pourquoi me diras tu? car ce rassemblement de partis reste avant tout un mouvement incapable de reagir en temps et en heure aux problèmes du terrain.La reforme de la flexisecurité par exemple a été grandement escamoté par la thématique du mariage gay et soyons clairs a aucun moment le FDG n'a meme essayé de montrer un discours plus original quand cette reforme est passée.Pire, il s'est meme engouffré dans la thematique cache misere crée par le PS qu’était le mariage gay pour faire monter un faux débat de société qui a mon avis n'avait pas grand intérêt. Le mariage gay est passé fort bien et la droite réactionnaire ne reviendra a mon avis jamais dessus.Dans le même temps pourtant la reforme épouvantable de la flexisécurité , elle, n'a pas fini de faire parler d'elle d'ici a 2016 avec toutes les conséquences qu'elle risque d'entrainer.supression de la securité, conditions de travail qui vont se détériorées et j'en passe...
      Dans un autre ordre d'idée on peut citer aussi plus récemment la TVA ou le front de gauche n'a pas non plus récupérer le mécontentement des bretons laissant un terrain entièrement libre au patronat.
      Après pour ce qui est des groupuscules qui n'ont pas réussi a être des partis de masse , pour ma part cela révèle tout simplement une chose c'est que le mécontentement ne s'est canalisé nul part a gauche.
      Le front de gauche pour moi a loupé le coche quand il y a eu la campagne électorale de Melenchon il y avait la de véritables occasions de catalyser les colères mais il a très vite changer son discours pour servir la soupe au PS..Le point culminant en fut même cette phrase de melenchon ou il se disait prêt a être premier ministre alors que florange de son coté était en train de fermer dans l’indifférence totale de son ex ami Montebourg; créateur rappelons du concept de 6eme république,qui me parait totalement fumeux aux yeux du commun des mortels.
      cordialement Philippe.

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  4. la peur de la mort n'est pas une chose nouvelle si l'on y réfléchit elle existait deja au temps des mineurs qui attrapaient alors la sillicose ou encore au temps des ouvriers de la porcelaine rendus malades par la poussiere de Kaolin et pourtant ces derniers ont trouvé le moyens de lutter ensemble afin d’améliorer leur condition de travail et de fait on pourrait dire de l’écologie sociale, la seule différence c'est qu'ils se disaient plus généralement communistes ou socialistes.
    Ce qui est par contre nouveau c'est un éclatement tellement grand des mouvements sociaux qu'ils en deviennent inefficaces.
    Dans ce contexte le Front de gauche pourrait apparaitre comme une tentative d'union nouvelle mais au final c'est la mon avis il ne montre pas pour autant la voie pour créer un parti de masse, pire il finit de tuer ce qui reste de gauche de la gauche.
    Pourquoi me diras tu? car ce rassemblement de partis reste avant tout un mouvement incapable de reagir en temps et en heure aux problèmes du terrain.La reforme de la flexisecurité par exemple a été grandement escamoté par la thématique du mariage gay et soyons clairs a aucun moment le FDG n'a meme essayé de montrer un discours plus original quand cette reforme est passée.Pire, il s'est meme engouffré dans la thematique cache misere crée par le PS qu’était le mariage gay pour faire monter un faux débat de société qui a mon avis n'avait pas grand intérêt. Le mariage gay est passé fort bien et la droite réactionnaire ne reviendra a mon avis jamais dessus.Dans le même temps pourtant la reforme épouvantable de la flexisécurité , elle, n'a pas fini de faire parler d'elle d'ici a 2016 avec toutes les conséquences qu'elle risque d'entrainer.supression de la securité, conditions de travail qui vont se détériorées et j'en passe...
    Dans un autre ordre d'idée on peut citer aussi plus récemment la TVA ou le front de gauche n'a pas non plus récupérer le mécontentement des bretons laissant un terrain entièrement libre au patronat.
    Après pour ce qui est des groupuscules qui n'ont pas réussi a être des partis de masse , pour ma part cela révèle tout simplement une chose c'est que le mécontentement ne s'est canalisé nul part a gauche.
    Le front de gauche pour moi a loupé le coche quand il y a eu la campagne électorale de Melenchon il y avait la de véritables occasions de catalyser les colères mais il a très vite changer son discours pour servir la soupe au PS..Le point culminant en fut même cette phrase de melenchon ou il se disait prêt a être premier ministre alors que florange de son coté était en train de fermer dans l’indifférence totale de son ex ami Montebourg; créateur rappelons du concept de 6eme république,qui me parait totalement fumeux aux yeux du commun des mortels.
    cordialement Philippe.

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