Un bon pas pour commencer une nouvelle année

Music for 18 musicians de Steve Reich, un compositeur nord-américain. Qualifié de « minimaliste » ou « répétitif » pour utiliser les termes les plus courants. Une musique née du choc de la découverte, par les compositeurs classiques nord-américains, de la musique d'Inde du nord arrivée aux USA au début des années 1960. 

C'est filmé — et tu vas voir que c'est de la belle ouvrage — par VPRO, une chaîne néerlandaise. Regarde l'image si tu as un peu de mal à entrer dans une musique qui t'est trop étrangère.

Pour entrer dedans, tu lâches tout, tu te laisses porter par une musique de transe. Regarde le plaisir des spectateurs entre les minutes 10 et 13. Tu retrouveras des plans brefs sur les spectateurs tout au long du concert. Avec toujours ce bonheur sur les visages.

À 14 min 10 un gars à casquette noire et chemise vert foncé manipule les potards à la console de son. C'est Steve Reich lui-même qui ne rechigne pas devant le boulot humble. On n'a pas trop le culte du grand homme pour ne le faire apparaître que maintenant…

De 15 à 18 attarde-toi à contempler le ballet des mailloches sur les marimbas. À partir de 25 les gros plans sur les touches ou les marteaux de piano, sur les visages des chanteuses, sur les doigts des pianistes.

Si tu es un habitué de la musique classique l'emploi des saxos, violoncelle et violon — traités comme des synthétiseurs — va te surprendre. De même que les pianos traités comme des percussions. De même que l'emploi intensif « d'une chiée de marimbas » comme dit mon musicologue préféré qui ne pratique pas le langage de Diapason. De même que l'emploi hypnotique des voix si caractéristique de Steve Reich et de son alter ego Philip Glass. 

Si tu es un habitué des concerts classiques, les robes de soirée et les fracs vont te manquer. Ou pas. Dis, papa, pourquoi y'a des gens en maillot de bain ? Une fille au visage couvert de piercings, des gars torse nu, une fille en soutien-gorge avec un superbe masque à plumes d'oiseau sur la tête... La « tenue de rigueur » est ici une notion rigoureusement inconnue.   

Si je t'ai choisi cette vidéo, c'est pour la coopération d'un groupe. C'est ensemble que ça marche. À 20 min 13 on voit même fugitivement l'autre technicien du son retoucher les curseurs du maestro. Car, oui, c'est ensemble que ça marche ! Si je t'ai choisi cette vidéo, c'est pour le plaisir qui y règne. Plaisir de jouer ou de filmer comme plaisir d'écouter. Un bon pas pour commencer une nouvelle année. 

Photo Des pas perdus.