Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

vendredi 8 novembre 2013

Pas de pitié pour les plus démunis


« Quand on est ouvrier, les différentes formes de violence se cumulent. Charles Rey, avant d'entrer chez Thomé-Génot, a travaillé pendant vingt-et-un ans dans l'entreprise Foseco. Il y a été exposé à l'amiante. Il en est mort le 2 septembre 2001, après d'horribles souffrances. Sur les 700 ouvriers, 300 sont décédés des suites de leur exposition à l'amiante.

« Nous avions retrouvé Charles Rey en 2008, un soir, à Nouzonvile. Il a décliné notre invitation à venir boire un verre, car il avait un rendez-vous pour un contrôle médical. À l'époque, lorsqu'il travaillait chez Foseco, en l'absence de toute réglementation sur l'amiante, le patron pouvait se permettre de dire aux membres du personnel que, s'ils n'étaient pas contents, ils n'avaient qu'à aller ailleurs. « Pas de principe de précaution pour nous » selon Yannick Langrenez, militant CGT chez Thomé-Génot où son ami Charles l'avait retrouvé.

« Après sa mort, sa femme et ses enfants ont dû entreprendre des démarches pur faire valoir leurs droits. Le parcours administratifs fut kafkaïen. Ce n'était jamais le bon service. Le dossier avait été égaré. On finissait par s'énerver contre les serveurs vocaux. La famille a été invitée à ne plus « harceler » les services administratifs. 

« Un des fils de Charles Rey a prévenu le directeur de la Caisse primaire d'assurance maladie de son épuisement devant tant d'acharnement. J'ai décidé d'entamer une grève de la faim à partir de ce dimanche 20 novembre 2011, écrit-il, pour dénoncer toutes les dérives de ce système, qui, en plus d'avoir pris notre père, impose à ma mère et à mon entourage des situations comme celle-ci. Ma mère doit payer toujours certaines choses qui ne devraient plus être à se charge. Mon père a été assassiné par l'entreprise de Donchery, Foseco. Je vous informe donc que ma nouvelle demeure sera symboliquement une tente placée en face de l'ancien site de l'usine Foseco. Étant en arrêt maladie, vous pourrez me rendre visite. Vous pouvez également également interrompre toute indemnisation journalière si vous le jugez nécessaire. J'ai déjà tout perdu, mon père, ma formation professionnelle, ma vie… Cette lettre de désespoir a suffi, avec l'appui d'un député, pour que la machine administrative se remette à fonctionner. »

Un petit extrait de La violence des riches, Chronique d'une immense casse sociale, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, éditions Zones. 

———
Nos ongles arracheront / Les ronces et le chardon / Notre sueur amère / Fera fondre les pierres. Les paumés, de et par Michel Corringe. 

11 commentaires:

  1. Les dangers de l'amiante ont longtemps été occultés par les autorités. Un choix de classe parce que les plus exposés étaient les ouvriers...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hélas oui ! C'est bien pour ça qu'on ne s'intéresse pas à la santé des intérimaires qui font tout le sale boulot dans les centrales nucléaires. Pas grave, ils claquent dix ans après et personne ne s'amuse à faire leur CV pour comprendre ce qui les a tués.

      Supprimer
  2. Ah.... comment réussir à éradiquer le chancre du PROFIT ? Il est vrai que, déjà, il faudrait être sortis de cette Union Européenne qui a précisément été créée dans le but du PROFIT précisément.... Revenir "avant" le traité de Rome, voilà le salut.

    A partir de là, il faudrait aussi, au minimum, qu'advienne une Sixième République avec une Constitution écrite par le Peuple lui-même, et non par quelque juriste vénal. Et j'ai bien dit, au minimum.... puisque l'éradication du PROFIT passe par une remise à plat complète non seulement des structures politiques, mais des structures de la Société même.

    Cela passe aussi par une prise de conscience qui ne va peut-être pas de soi : la sortie de l'OTAN s'impose, pour la raison très simple que notre ennemi objectif est Washington, il n'y en a pas d'autre.

    RépondreSupprimer
  3. d'avoir travaillé à foséco à donchery mon mari en est décédé comme beaucoup de ces camarades , je pose une seule question ou est passé cette maudite amiante qui a tués des ouvriers ??????????? DES INNOCENTS

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Où est passée l'amiante ? D'abord dans les poumons de votre mari et de ses camarades. Si bien logées, les fibres, que les médecins peuvent les retrouver et ainsi affirmer avec une certitude absolue que c'est bien la cause du mésothéliome, le cancer de l'amiante.

      Où est passée l'amiante ? Sous le tapis. Dans les coins. On ne s'est guère embêté à nettoyer. Il en reste partout. Un policier chargé par un juge de recueillir des documents dans un bureau d'une entreprise utilisant de l'amiante a été contaminé et est en train de périr dans un hôpital.

      Où est passée l'amiante ? Plus ou moins bien transportée et stockée ici et là depuis que l'on souhaite officiellement se débarrasser de cette immonde saloperie. J'aimerais me tromper mais suis à peu près certain que l'amiante n'a pas fini ton œuvre de mort.

      Pour que l'on recommence pas, avec l'amiante ou avec une saleté, parlez, madame, écrivez, dites partout où vous le pouvez ce que votre mari et ses camarades ont vécu avant de mourir avant l'heure.

      Supprimer
    2. merci pour votre réponse , mon mari est décédé d'un mésothéliome du à l'amiante de l'usine foséco il a souffert physiquement et moralement je ne pourrai jamais oublier sa , il savait qu'il allait mourir une fois il m'a dit on va tous partir un par un à cause de cette saloperie d'amiante de l'usine foséco de donchery , moi je veux savoir ou à étè jeté cette saloperie on me parle de ruisseaux de l'étang de donchery pourquoi ne font il pas des analyses plus profondes pour en étre sur ,La population de donchery voudrait savoir , j'en parle beaucoup autour de moi ce que mon mari a subi , je veux vraiment savoir ? Vous savez j'ai la haine , merci à vous

      Supprimer
  4. bonjour madame , je comprends votre haine car je l'ai aussi et je pense qu'elle partira quand la vérité aura éclatée . moi je ne vais pas rester anonyme je suis la veuve de monsieur rey charles décédé d'un mésothéliome du à l'amiante et j'habite toujours à donchery . mon mari a beaucoup souffert moralement et physiquement et j'en passe il n'y a pas de mots ( juste un calvaire pour lui pour ces enfants ces petits enfants et moi même ) l'amiante de l'usine de foséco c'était le combat de mon mari ( voir les articles et vous comprendrai ) ,il faut que les gens osent parler (les habitants de donchery et les anciens ouvriers de foséco oui l'amiante à été nettoyer mais ou a telle été dispersée ????????? ruisseaux étangs ? je veux juste passé ce mèssage pensez à vos enfants et petits enfants , j'espère avoir des réponses à ma question . MADAME VEUVE REY CATHERINE

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La vérité est que l'on sait le danger de l'amiante depuis un rapport médical du début du XXe siècle ! Ceux qui ont joué avec la santé des autres pour gagner du fric devraient être jugés.

      L'amiante récupérée est théoriquement stockée en décharge contrôlée. S'il faut vérifier ces décharges, il faudrait aussi vérifier les locaux et environs des entreprises théoriquement nettoyées. Il y a bien des incertitudes à ce sujet...

      Une association : http://www.victimes-amiante.org (il faut copier-coller le lien)

      Je vous remercie de vous être manifestée. Beaucoup trop de gens restent silencieux avec leur douleur.

      Supprimer
    2. mon mari monsieur rey charles est décédé en 2011 et non en 2001; je pense qu'il n'y aura pas beaucoup de gens qui se manifestera !!!!!!!!!!
      la douleur et la haine reste en moi et croyez moi c'est très dur de surmonter sa , comment oublié ce que mon mari a du endurer pendant sa maladie ; je n'ai pas peur de dire la vérité c'est ce que mon mari m'a fait comprendre c'était un homme juste et droit toujours la pour les autres et qui est la pour nous aujourd'hui personnes ; MADAME REY Catherine

      Supprimer
  5. Mesdames,

    Vos commentaires m'ont donné l'idée de remettre le sujet sur l'établi en l'élargissant un peu. Un nouveau texte sur l'amiante vient de paraître sur le blogue partageux. http://partageux.blogspot.fr

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je vous remercie beaucoup il faut continuer de parler de l'amiante qui fait mourir trop de personnes trop d'ouvriers
      merci à vous
      madame rey Catherine

      Supprimer

Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !