Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

vendredi 1 février 2013

Assises pour l'écosocialisme (6)


Aux assises pour l'écosocialisme, t'ai-je écrit précédemment, il m'a manqué une part de rêve et de gratuité. 
Quand j'étais gosse on trouvait des escargots petits gris à pleins chemins après la moindre ondée d'été. Notre pépé voisin en ramassait des centaines en une demi-heure.  Avec sa mémé ils en mangeaient des douzaines à chaque déjeuner. Sans se douter que leur menu de paysans pauvres deviendrait le luxe coûteux, et servi chichement, des tables huppées. Aujourd'hui un hélicide ou molluscicide (saloperie chimique qui tue limaces et escargots) en granulés « protège » les semis de tournesol et de maïs. Et les escargots sont en passe de devenir presque aussi rares que les bêtes à fourrure. 
On s'inquiète de la possible disparition du panda en Chine, de l'éléphant en Afrique, du tigre en Asie et d'une myriade d'autres animaux exotiques. On en oublierait trop facilement la situation préoccupante de nos ours dans les Pyrénées ou de nos lynx dans les forêts des Vosges et du Jura. 
Comment qu'on va endormir nos gosses si les nounours n'existent même plus en vrai ? Comment qu'on va faire rêver nos gosses si les pandas ne sont plus que de dérisoires peluches au coin des lits ? Comment qu'on va raconter des histoires si les petits chaperons rouges nous rétorquent que les loups, ça n'existe plus en pour de vrai ? Comment qu'on va passer une journée entière à se geler sous la pluie si le bird watching te permet de contempler seulement deux-trois oiseaux de mer criant leur dépression dans la solitude ? Comment qu'on verra encore des gentils botanistes cul plus haut que la tête pour faire des herbiers s'ils ne trouvent plus que du ray-grass et de la fétuque ?
La beauté, mon coco, ça rapporte zéro pour cent. Mais il se trouve que la part du rêve et de l'imagination rejoignent parfois l'utilitaire. Des ornithologues passionnés de rapaces  ont réintroduit le vautour fauve dans les grands causses. « Des ailes, des ailes, des ailes pour ensemencer le ciel quand brille le soleil » a écrit Paul Géroudet, un Leonardo da Vinci  de l'ornithologie.
— Papa ! Regarde-là ! Y'en a trois ! Ouah dis-donc, keski sont grands ! 
— Eh, ça fait pas loin de trois mètres d'envergure, ces grosses volailles. 
— Hadidon ! mais ils montent sans bouger les ailes !
— Les vautours sont des planeurs, aujourd'hui on dirait : des oiseaux basse consommation. Ils se font porter par les « thermiques », les courants d'air chauds.
Après avoir expliqué que les vautours n'allaient pas brouter les touristes, ni voler les grands-mères, ni rapter les moutons, ni percer les canoës ou autre forfait abominable à en sinistrer l'économie locale, les ornithologues se sont bagarrés pour que les éleveurs puissent laisser les carcasses d'animaux morts à la disposition des vautours. « Ça va propager les maladies. » L'étude scientifique conduite a mis en évidence que le tube digestif du vautour était un destructeur pire que Rambo. Listérias, salmonelles, bactéries et virus ? Des bonbons pour les charognards ! La « protection sanitaire » est bien mieux assurée par le boyau du bouldras et du gypaète barbu que par le génie humain des procédés industriels qui ont un poil défrayé la chronique des farines et gélatines animales...
Le panda, c'est un gros nounours à dégaine sympa qui fait rêver nos petiots. Rien que pour ça le suceur de bambou mérite de survivre à la folie de notre époque. Mais, en supplément cadeau qu'on ne lui demandait pas, on vient de découvrir que le panda produisait son propre antibiotique, bien plus rapide, bien plus efficace et bien plus puissant que tous nos antibiotiques connus. Un Ravachol de la bactérie ! Hé les Chinois ! Ce serait quand même aussi con de faire claquer les derniers pandas que de bétonner deux mille hectares de tritons ! Puis con encore de claquer d'une bactérie vicelarde qu'on aurait pu dessouder en quelques heures si...
Salamandre et consternation ! Tu défends le rêve et l'inutilité béate. Et vlan ! V'la que le système immunitaire du panda intéresse tant beaucoup la recherche scientifique qu'elle entreprend de séquencer tout le génome du nounours noir et blanc... Néci !
À la fin des Assises pour l'écosocialisme Jean-Luc Mélenchon nous a parlé d'amour. Ça aussi, ça rapporte zéro pour cent. Et ça rattrapait bien ce manque dont je t'ai entretenu.
———
Mal à la terre, Xavier Lacouture. 

3 commentaires:

  1. L'essentiel des interventions étaient très intéressantes. Elles décrivaient notre monde qui manque cruellement de poésie.

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  2. http://www.youtube.com/watch?v=yfuCMGZcHtw
    Ici, en Wallonie, le ministre de l'agriculture s'apprête à réautoriser la chasse au blaireau, éternel bouc émissaire, à la demande des agriculteurs productivistes(ce pauvre blaireau leur boulotte quelques épis de maïs) qui empoisonnent les sols, les nappes phréatiques,la biodiversité, ... avec leurs intrans (fongicides, herbicides, insecticides,...)et qui nous refilent le cancer en cadeau.
    J'ai envoyé un message à "monsieur le ministre" pour lui demander de me protéger des vilains agriculteurs. Pas encore reçu de réponse.

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  3. Partageux

    Nous voilà avec un autre poiint commun

    Il est grand temps que le socialisme soit décliné autrement qu’avec les libéraux au pouvoir

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !