Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

dimanche 27 janvier 2013

Nathan le youpin et les ayraultomanes

À Paris interprété par Yves Montand
« Et c'est bien vrai, Paris a un parfum de ticket de métro, poinçonné par Gavroche, qui se promène les mains dans les poches au son d'un accordéon en java, sous un ciel toujours gris qui, de là-haut, veille sur son macadam poussiéreux, comme un jules sur ses dames. C'est mon jardin, mon univers, j'y suis comme un poisson dans l'eau, je ne m'imagine pas vivant ailleurs. [...] 
Souvent, quand je me sens mal dans ma peau, je repars à la découverte de cette ville magique, exactement comme je le faisais quand j'étais encore un enfant, avec le même enthousiasme et davantage de confort. Mais c'est toujours la même émotion qui fait battre mon cœur quand je retourne dans une de ces rues qui m'ont vu faire mes premiers pas. 
Elle peut avoir subi toutes les métamorphoses, changé les façades de ses immeubles, remplacé ses vieux pavés par un bitume plus lisse, transformé les boutiques de ses marchands de salaisons en galeries d'art, ses vieux bistrots en restaurants luxueux, ses taudis — où, hier encore, à la lueur de la lampe à pétrole, papa et maman se crevaient les yeux au travail — en appartements dont chaque centimètre carré coûte actuellement le prix d'un œil, je retrouve toujours une partie de son âme dans un détail que le temps n'est pas parvenu à effacer, un parfum, une couleur, une voix d'enfant, un bouquet qui fleurit à une fenêtre, et qui me la rend éternelle. »
Où vont les fleurs ? interprété par Marlene Dietrich
Tu penses que le titi qui a écrit cet hymne d'amour peut présenter pépère ses dix générations d'ancêtres parigots pour chanter ainsi le pavé et le bitume, les bistrots et les boutiques ? Raté ! Nathan Korb est né à Paris en 1917. Mais sa mère venait de Lituanie, un pogrom a tué ses parents et elle s'en est échappée en fuyant cachée dans une charrette de foin. Son père venait lui aussi du Yiddishland. Sujet de sa majesté le tsar de toutes les Russies, il lui devait sept années de service militaire. La médiocrité de la bouffe, les brimades et surtout le virulent antisémitisme ambiant l'ont convaincu de quitter prématurément l'armée de Nicolas II pour partir très loin. C'est ainsi que les Korb sont arrivés à Paris en 1914.
À onze ans Nathan avait un passeport Nansen comme ses parents. C'était le passeport des apatrides, « les papiers » pour ceux qui n'en n'avaient pas. La mère de Nathan a du batailler ferme pour parvenir à le faire partir en vacances en Auvergne. Priorité était donnée aux enfants français et ensuite aux enfants naturalisés français. Les gosses « étrangers » à passeport Nansen n'avaient pas droit aux vacances à la campagne. Même si Nathan était né rue de Lappe à côté de la place de la Bastille ! Bon, il a finalement passé six semaines en Auvergne où il a pris trois kilos au grand air et aux bons soins d'une famille où l'on parlait plus facilement occitan que français.  
Quand un soldat interprété par Chanson plus bifluorée
Je te raconte ça parce que je ne décolère pas devant le traitement infligé aux romanichels par le petit ayraultomane à poil court qui pisse tous les jours place Beauvau pour marquer son territoire. 
Je te raconte ça parce que le maire ayraultomane de Ris-Orangis a décrété l'apartheid scolaire pour les petits Rroms de sa commune. 
Je te raconte ça parce que la sénatrice-maire ayraultomane de Saint-Fons a  ouvert une classe réservée aux Rroms dans le bâtiment de... la police municipale !
Je te raconte ça parce que la République, troisième du nom, aurait pu virer hors de ses frontières le petit Nathan et ses parents. Étrangers partout. Des youpins ! 
Je te raconte ça parce que le bougnoule et le romanichel sont regardés aujourd'hui comme des nuisances pour le voisinage. Le bruit et l'odeur. Exactement comme le youpin d'avant-guerre dont on disait avec tout autant de sérieux qu'il faisait son pain juif avec le sang de petits enfants chrétiens. On rit des superstitions du Moyen-âge mais on continue les procès en sorcellerie. 
Le temps du muguet de et par Francis Lemarque
Je te raconte ça parce que le petit Nathan Korb a fait son bout de chemin. Si on l'avait expédié hors de nos frontières, il n'aurait pas vadrouillé dans la Résistance. Si on l'avait expédié hors de nos frontières, Louis Aragon n'aurait pas donné au copain de Jacques Prévert son nom d'artiste. Si on l'avait expédié hors de nos frontières, il n'aurait pas écrit une trentaine de chansons pour Yves Montand (le petit Rital). Si on l'avait expédié hors de nos frontières, Francis Lemarque ne serait pas devenu une référence dans la chanson française. Peut-être que tu ne connais pas le nom de Francis Lemarque. Mais tu connais sûrement ses chansons. Elles ont bercé des générations de Français. Et, ironie de l'histoire du gosse apatride, les chansons de Francis Lemarque symbolisent Paris et la France.

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Le texte cité en tête est extrait de J'ai la mémoire qui chante de Francis Lemarque. Les amateurs consulteront le site des amis de Francis Lemarque.  

3 commentaires:

  1. la boboterie des gauchos enjuivés, ah, ah, ah !

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  2. bg, c'est pour bas du front et gras du bide ?

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  3. 1) Même les gens qui perçoivent le RSA sont des bobos.

    2) On est gaucho si on demande l'égalité.

    3) Avec le mot "enjuivé" et d'autres aussi sympathiques on trouve le portrait d'Hitler sur le site de BG.

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !