Aujourd'hui on se plonge dans l'histoire d'un autre siècle et on joue aux devinettes. Qui sont les auteurs des citations ci-dessous que François Ruffin a heureusement exhumées dans son livre "La guerre des classes" ? Des partageux couteau entre les dents à n'en pas douter. Des monstres assoiffés de sang.
— Les maîtres de l'argent, l'argent, l'argent, les nouveaux seigneurs, les maîtres de l'armement, les maîtres de l'ordinateur, les maîtres du produit pharmaceutique, les maîtres de l'électricité, les maîtres du fer et de l'acier, les maîtres du sol et du sous-sol, les maîtres de l'espace, les maîtres de l'information, les maîtres des ondes. Nous ne ferons pas payer cher le malheur de tant de siècles. Mais, pour l'argent, l'argent, toujours l'argent, alors c'est vrai : il ne faut pas trop qu'ils y comptent. (1)
— Nous sommes entourés à tout moment par une propagande qui retarde la prise de conscience : ceux qui souffrent des injustices de la société n'ont pas toujours conscience des causes de leur malheur. La tâche des partis politiques, c'est une tâche pédagogique qui consiste à expliquer, expliquer, expliquer. Expliquer que le socialisme, c'est la libération de millions et de millions de gens, qui sont emprisonnés dans la prison de la société, qui sont emprisonnés dans les transports en commun, qui sont emprisonnés par des logements misérables, qui sont emprisonnés par des bas salaires, qui sont emprisonnés par l'absence du temps de vivre. Nous essayons de libérer les opprimés, les aliénés, dans une société où les forces économiques sont toutes-puissantes. (2)
— Il a fallu que que les hommes et les femmes de cœur se battent contre la société dirigeante pour obtenir que les enfants de dix ans cessent de travailler quatorze heures par jour dans le fond de la mine, quelquefois les poignets attachés aux machines. Mais quand on disait cela, nous la gauche, que nous répondait la droite ? "Vous avez peut-être raison, c'est humain, mais le moment n'est pas venu. Vous n'avez pas le droit de laisser la France supporter la concurrence extérieure. Il faut gagner la bataille industrielle." Et chaque foi ç'a été comme ça. Quand la semaine de travail est passée à 60 heures, même débat. Quand c'est passé à 48 heures au lendemain de la guerre de 14-18, même débat. Et quand Léon Blum a décidé de l'abaisser à 40 heures, la même discussion qu'aujourd'hui a eu lieu. (3)
— Pourquoi les mots "front de classe", "autogestion", "rupture", "anticapitaliste", "exploiteurs", "classe ouvrière", "lutte des classes", etc., qui firent notre quotidien, eurent tant de charge émotionnelle et ne freinèrent nullement nos progressions électorales, ont-ils disparu de notre vocabulaire ? Parce qu'ils étaient associés à une pensée marxiste déclinante ? Parce qu'ils se sont usés à l'épreuve du réel ? Parce qu'ils ne représentent plus rien et ne servent à rien, ou bien parce que nous les avons, nous, vidés de leur sens et rejetés au magasin des accessoires ? Où est la juste révision et où commence l'abandon un peu lâche ? (4)
———
Quatre citations extraites de "La guerre des classes", François Ruffin, aux éditions Fayard. Lecture recommandée en contrepoint aux discours de tous les Laurent Wauquiez, Jean-François Copé, François Fillon ou Nicols Srkozy.
"Nos enfants vers l'impossible / Nous montreraient le chemin / Et je voudrais que leurs rêves / Viennent un peu bousculer les miens." Histoire de se remettre dans le bain, voici une chanson de Lény Escudero.
Citations 1, 2 et 3 : François Mitterrand, années 1972 à 1974.
Citation 4 : Lionel Jospin, 1991. Détails des références dans le livre de François Ruffin.
Billet à copier et à recopier!! :)
RépondreSupprimerComme quoi, le verbe c'est beau mais ça ne mange pas de pain.
RépondreSupprimerPour ça que je ne peux m'empêcher d'être un mélencheptique
En 1936 le programme du gouvernement de Front populaire n'avait pas prévu les congés payés par exemple. C'est la pression des grévistes et des manifestations qui ont poussé le gouvernement très loin au delà de ses engagements de départ...
RépondreSupprimerImaginons que Mélenchon ne soit pas élu. Il faudra continuer à faire sentir le vent du boulet. Si Srkozy redécouvre les usines et le peuple, si Hollandréou vient de nous sortir le projet d'un taux d'imposition à 75%, ce n'est pas sous le coup de l'inspiration comme un sous-préfet aux champs mais parce qu'ils sentent que le vent tourne et qu'il leur faut bien souffler dans ce sens pour l'élection...
Imaginons que Mélenchon soit élu. Il faut s'armer d'un fusil de chasse pour la suite. On n'est pas des violents. Une cartouche de gros sel dans le derrière rappellerait à l'oublieux que la position assise peut être fort inconfortable. ;o)