Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mardi 24 janvier 2012

Guerre de classes (2)


[...] Il en a fallu, de la propagande, des réunions dans des tavernes, des complots entre deux pintes, des tracts ronéotypés durant des nuits fiévreuses, des fatigues du petit matin, des prospectus diffusés en douce, des consignes qui se faufilent d'un atelier à l'autre, des meetings devant des foules mûres, il en a fallu, de l'argent, des petits sous de rien du tout, des écots infimes de lainiers, de tisserands, de charpentiers, de ferronniers, pour le voyage d'un délégué, pour une démarche au parlement, pour l'organisation d'un congrès, pour l'impression de bulletins, il en a fallu, du sang aussi, des émeutes écrasées, des innocents arrêtés, écroués, condamnés, exilés, exécutés, seulement coupables d'avoir espéré, il en a fallu, du découragement, des déceptions, de la solitude, des trahisons, pour de rares journées de triomphe, il en a fallu, de l'obstination, surtout, de la patience, ténacité qui traverse comme une héroïne l'Histoire populaire des États-Unis d'Howard Zinn, La formation de la classe ouvrière anglaise d'Edward Thompson, Les origines de la Commune d'Henri Guillemin : chaque fois le Peuple semble à terre, résigné décapité de ses meneurs, dépouillé des ses organisations, son flambeau de résistance éteint, et chaque fois il renaît de ses cendres, d'autres rallument la torche qui s'éteindra à nouveau, et l'étonnant, et le paradoxe, c'est que de défaite en défaite, il avance néanmoins.

Car à chaque défaite une chose avance : la conscience. La conscience, si simple, mais qui s'est forgée à force d'échecs, qui s'est répandue à force de siècles, la conscience qu'il y a "eux" et "nous". Que leurs intérêts ne sont pas les nôtres. Qu'ils garderont tout si nous ne prenons rien. Qu'ils savent habiller, toujours, de jolis mots et de bonnes raisons l'injustice, la famine, le malheur des autres. Que même leurs fusils, leurs canons, ils les tournent contre les désarmés avec de beaux discours sur l'Ordre, l'Honneur, la Légalité, etc. [...]

Et, à la fin, c'est nous qu'on va gagner
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Extrait de La guerre des classes, de François Ruffin, Éditions Fayard, 2008, toujours disponible dans les bonnes librairies. Un livre à lire aussi pour se faire du bien. 

1 commentaire:

  1. Très bonne idée tout çà. Ces efforts continuels pour être au service du peuple me rappellent mon copain bien plus âgé, qui en a vécu, des choses !
    http://ti1ca.com/ovymu7of-Le-Piege-08-dec-2011-Le-Piege-08-dec-2011.pdf.html

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !