Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

dimanche 14 juin 2015

Radio Partageux

« Ce sera comme à la radio » chantait Brigitte Fontaine avec un jazz épatant. Court billet à l’invite de Lolobobo qui lance encore une fois sa radio de l’été des blogueurs
La radio, celle qui arrive dans le poste, faut bien dire, je ne l’écoute plus guère. Marre et remarre des perpétuelles leçons de gugusses qui nous expliquent qu’il faut plus de précarité — ces indéboulonnables nomment ça la flexibilité — entrecoupées de tchac poum poum impersonnels interchangeables et d’humoristes pas drôles…
Branche ton rétroviseur mental. Chaque soir, ces notes annonçaient l’émission de Jean-Louis Foulquié. Je n’aimais pas tout ce que programmaient Jean-Louis Foulquié, Bernard Lenoir, Jean Fontaine, Claude Villers, André Francis ou Julien Delli Fiori mais ils avaient tous cet immense mérite — qui semble totalement oublié aujourd’hui — de nous proposer une infinie diversité affranchie des zindustries culturelles.

Tu te le prends ton coup de nostalgie ? C'est « Europa » par le saxophoniste argentin Gato Barbieri. Composition originale pour guitare électrique de Carlos Santana. 

Photos : Ada Colau, maintenant maire de Barcelone, quand elle participait au mouvement de refus des expulsions. Ada Colau a décidé de ne pas être accompagnée de la police dans sa fonction de maire... 

7 commentaires:

  1. Belle initiative et bon choix, j'ai trouvé mon morceau. Suspense qui prendra fin dans quelques jour.

    RépondreSupprimer
  2. Jolie reprise de Santana que je découvre (même si je garde une affection toute particulière pour l'original) et belle mise en avant d'Ada Colau et son engagement sociétal. je m'en vais ajouter çà dans le player merci

    RépondreSupprimer
  3. On dirais que tu as connu la Différence période Bouteiller, Partageux... (les initiés comprendront ce langage sibyllin). Permets-moi une remarque : si on s'éloigne des arts et de la créativité, où il est vrai que cette époque lointaine fut marquée par une efflorescence, elle n'a pas eu que du bon, loin de là. La nôtre en découle. Elle en est même l'évolution logique (hélas!) et caricaturale. Gardons-nous d'idéaliser le passé. C'est un symptôme de vieillesse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ouh la ! Loin de moi l'idée d'idéaliser le passé même proche !

      Mais à rebours il faut aussi prendre garde de penser qu'aujourd'hui serait mieux qu'hier. Un ouvrier retraité me racontait sa vie active et avait ce refrain : "on vivait mieux". Nulle nostalgie là-dedans : chaque assertion était étayée par... son cahier de comptes. Le coût du logement, du transport, du chauffage, de l'alimentation, etc. en face du salaire. Et mon retraité avait raison, ses comptes le prouvaient, de plaindre ses jeunes collègues. Il y a eu une sacrée dégradation, une régression sociale qui aurait paru incroyable voici trente ou quarante ans..

      Supprimer
    2. Aujourd'hui n'est ni mieux ni pire qu'hier, Partageux. Aujourd'hui est aujourd'hui qui est la résultante logique d'hier. Le réel est affaire de causalité. On en est là parce que des conneries ont été commises par le passé, et ces conneries ont dérivé en un cancer qui mine la société actuelle.
      Les années 70-80 ne sauraient se résumer à l'idée d'une vie meilleure parce qu'à moindre coût. Il faut relativiser ce "on vivait mieux". Certes, et objectivement, on évoluait dans son boulot, on n'étudiait pas en vain, on pouvait à force d'économies se payer son petit pavillon de banlieue, les gens se prenaient davantage en main face aux pouvoirs, qui étaient obligés de composer avec des syndicats qui faisaient leur boulot.
      Mais les pseudo-représentants autoproclamés du monde ouvrier et des classes populaires (ces chantres de l'ouvriérisme qui n'avaient pas souvent mis les pieds dans une usine et qui ne gravaient pas leurs disques au burin ni n'imprimaient leurs livres au stencil) étaient déjà là pour noyer le poisson et asseoir les privilèges des élites endogames, tandis que les cités étendaient les métastases d'un mal-être qui allait avec les années devenir la haine d'autrui et de soi. En tant que jeune, j'ai connu dans deux de ces cités la "démocratisation" du trafic et de l'usage des stups, l'apparition du Sida, les copains de classe balancés dans "la vie active", vivotant de trafics, proie des dealers, qui tombaient comme des mouches le corps tavelé de gros boutons ; d'autres, dont ton serviteur, ramaient dans des apprentissages bidons, des "pré-formations" et autres jobs de manards qu'on plantait au bout de trois semaines, un mois, une saison maximum, où les plus vieux que nous nous pourrissaient la vie, où les patrons nous prenaient pour des larbins, où on ne gagnait même pas de quoi s'offrir une Mob. On était dans la problématique toujours pas résolue à l'heure qu'il est de l'emploi des jeunes, du "premier emploi". Un système éducatif pas si démocratique que le prétendaient ses thuriféraires opérait un tri systématique entre gosses des bons collèges destinés au lycée puis à la fac, et gosses des quartiers ouvriers voués aux filières manuelles, l'usine, le chantier, la plonge, la servitude. En attendant tu créchais dans ta cité loin des réjouissances de la ville, qui restaient hors de portée, tu nageais dans de la fringue reprisée, délavée, mal lavée faute de machine à laver parce que tes parents ne joignaient pas les deux bouts, et tu occupais tes heures de rien entre des visites de plus en plus espacées à l'ANPE toute neuve et tes rêves de belles bagnoles promis à rester en l'état.
      Ceux qui s'en sortaient étaient ceux dont les parents avaient fait quelques économies pour leur permettre de s'installer à leur compte. C'était plus facile, c'est vrai, à l'époque. Ceux dont les parents gagnaient mal leur vie, et il y en avait quelques-uns, regardaient défiler les années de plomb d'une jeunesse dont plus tard, il garderaient un souvenir amer, jeunesse qui marquerait toute leur vie.
      D'accord à certains degrés il y avait un état d'esprit autre, et pour quelques-uns l'espoir vite démenti d'un "changement" proposé à grand renfort d'une rhétorique voulue combative. Mais l'un dans l'autre, on voyait se dessiner les contours de l'enfer domestiqué que nous connaissons aujourd'hui. L'auteur oublié Vincent Ravalec a très bien dépeint cette époque et ses faux-semblants, dans ses nouvelles où l'humour noir le dispute au désespoir .

      Supprimer
    3. Tu prêches un convaincu. ADT Quart-monde nous dit depuis des lustres le mirage d'une "croâssance pour tous" qui n'a jamais existé. Du moins pour tous. Au loin je me souviens du bidonville de Nanterre. Chez moi je me souviens de mes engelures dans une maison pas chauffée.

      Ça me fait plaisir que tu causes de Ravalec. Et c'est vrai qu'il a rudement bien dépeint une époque.

      Supprimer
  4. Il est dit que l'été commence le 21 juin.
    J'ai fait mon choix.
    Il faudra patienter jusqu'au 3 juillet. (Et tu ne dis rien, Des pas !)

    RépondreSupprimer

Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !