Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mercredi 18 décembre 2013

Entrepreneurs en poésie et bois de chauffage plus piano à quatre mains

Des photos de bûcherons-plasticiens retrouvées en faisant le ménage dans un ordinateur. 






Un matin de et par Thibaud Couturier. J'avais fait confiance au programmateur qui affichait un joli petit festival. Quand Thibaud Couturier a donné sa première chanson, raide sur son tabouret de piano qu'on aurait dit qu'il avait un parapluie profondément enfoncé dans l'arrière-train, moins expressif qu'une citrouille gelée par les premiers frimas, plus glaçant qu'un congélateur sibérien tellement le gars était tétanisé par le trac, j'ai ressenti la terrible inquiétude / solitude / détresse existentielle de l'amateur de chanson découragé par un impétrant peut-être sympathique mais aussi doué pour le spectacle que je puis l'être pour les maths, angoisse qui fait songer qu'on aurait mieux fait de rester au chaud à la maison avec un bon livre plutôt que d'affronter ce morne désert aride. 

À la deuxième chanson, arrive un gars qui buffe dans un harmonica tandis que Thibaud Couturier abandonne le piano pour la guitare et se réveille pour chalouper à faire des envieux dans toute l'Afrique et le delta du Mississipi réunis. Une heure plus tard, piano ou guitare, on en redemande encore et encore. On n'a pas vu le temps passer : on a passé du bon temps en très bonne compagnie. Depuis cette lointaine époque Thibaut Couturier est devenu à l'aise sur scène dès la première chanson. Il est l'un de ces nombreux excellents chanteurs que l'on n'entend guère sur les ondes et que l'on ne voit guère sur les écrans. 

Thibaud Couturier, c'est un de ces produits du terroir, de ces petits vins de pays qui doivent rien à personne, qu'on est si tellement contents d'avoir chez nous qu'on se les garde comme des secrets de famille et qu'on pense même pas à les proposer aux estrangers de la région d'à côté. 

Un jour je croise un gars dans une petite rue qui me donne un tract pour un concert qui a lieu le jour-même. Il me raconte avec enthousiasme qu'il a trouvé un guitariste « oh la la ! le guitariste !!! que je te dis que ça ! » Le guitariste, c'était Bob Cohen et le gars au tract dans la rue, c'était Sarclo dont je vais te proposer Du brun prochainement. Combien on était ce jour-là dans la salle je ne me souviens pas bien mais sûr qu'on était moins de cinquante pour un concert à tomber par terre tellement que c'était bien. 

J'ai jamais fait les comptes pour savoir combien de chanteurs morts j'ai mis en bas de mes tites bafouilles. Mais je m'en vais te servir un peu plus de chanteurs en activité. Histoire que Sarclo ne me range pas dans sa catégorie des « philatélistes », ces amateurs de chanson trop attirés par la nostalgie et la naphtaline pour écouter ce qui ce chante aujourd'hui sans singer ce qui se chantait hier. Bon, comme je suis un peu long, répétons que la chanson du jour c'est Un matin de et par Thibaud Couturier.

4 commentaires:

  1. Réponses
    1. Tu me donnes l'occasion de te remercier moi aussi pour toutes ces découvertes auxquelles tu m'as conduit. Parce que ton œil de photographe ne rate pas les graffitis, pochoirs et autres œuvres des rues de ton bourg. Et pour une fois que je ne prends pas dans ton stock pour illustrer un billet… ;o)

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  2. Merci pour la découverte. Je n'avais jamais entendu parler de ce chanteur. C'est vraiment bien !

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  3. Eh ! C'est beau ! C'est espiègle comme une femme amoureuse, doux comme un oreiller et dynamique comme le café du réveil, oui celui-là dans le pot avec sa bonde de liège.

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !