Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

dimanche 22 novembre 2015

Le blogue partageux baisse le rideau

Après quatre années d’existence le blogue partageux baisse le rideau. Comme un petit commerce de centre-ville ? Comme un artisan couvert de dettes ? Comme une petite entreprise assaillie par les créanciers ? Comme un auto-entrepreneur lassé du chômage qui a vainement tenté de s’en sortir ? Comme un salarié de France Télécom qui se pend ? Comme un paysan qui avale du désherbant ?

Ben non ! On lâche pas la patate ! On change d’adresse. Abandon de la petite épicerie familiale pour une coopérative de producteurs. L’union fait la force. Avec mon copain le Yéti viré par Politis, et d’autres plumes, on rassemble nos forces dans un seul site.

Je raconte à un copain que, lors de mon dernier passage à Paris, j’ai croisé un nombre effroyable de miséreux. Une augmentation effarante année après année. Et lui de me dire qu'à chacun de ses séjours, il y voit aussi l’augmentation du nombre des voitures avec chauffeur. Misère noire et opulence obscène.

Dans le bordel ambiant actuel, continuer à décrire ce merdier, oui. Mais aussi donner des raisons d’espérer quand les puissants voudraient tant nous voir muets et soumis. Parler des initiatives petites ou grandes qui fleurissent partout quand les puissants nous voudraient résignés. On ajoutera aux chroniques des uns et des autres, aux participations des invités occasionnels, des articles d’information qui méritent une plus large diffusion. Bref, si j’arrête ici, c’est pour mieux en finir avec le vieux monde et passer vite à une société plus juste et plus fraternelle. Parce qu’à la fin, c’est nous qu’on gagnera !

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Rue Blondin, Allain Leprest.

dimanche 15 novembre 2015

En attendant le prochain drame

« Les récentes tueries l’ont rappelé de manière brutale à qui l’ignorait, refusait de le voir ou l’avait oublié : la France est en guerre, la guerre fait des morts, et les morts ne se comptent pas toujours chez l’adversaire. […]

Paul Valéry disait que « la guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ».

Il avait raison. Ce sont toujours les mêmes qui trinquent.

Et si on veut que tout ça s’arrête, il va falloir, une fois le choc passé, tout faire pour mettre un terme à cette fuite en avant vers la barbarie généralisée. 

Il n’est pas trop tard. Il est encore temps de passer à autre chose. Radicalement. 

En refusant l’injonction « avec nous, ou avec les terroristes ». 

En refusant les appels à l’unité avec les bourreaux et les fauteurs de guerres qui construisent chaque jour un monde plus barbare.

En refusant leur monde fondé sur l’exploitation, le vol, la violence, l’injustice, les inégalités, la mise en concurrence de ceux qui devraient s’unir. 

Se battre pour un autre monde, qui est non seulement possible, mais plus que jamais nécessaire.  

Garder le cap et ne rien concéder sous la pression de l’émotion ou de la sidération. » 

C’est une citation d’un long texte de Julien Salingue qui mérite ta lecture attentive. Comme en janvier, après le massacre de Charlie Hebdo et de l’HyperCasher, Julien Salingue parle de la guerre menée par nos gouvernements dans les pays où l’on soutire pétrole et uranium. 

Pour ma part j’avais mis l’accent sur le désastre social en France au travers de la vie des frères Kouachi. Rien à y ajouter. J’aurais préféré m'être trompé dans ma conclusion du 20 janvier :

« Nous vivons une catastrophe sociale. Globale. […] Distrayons le peuple avec la laïcité, le rejet des autres et le choc des civilisations. Ça permet de mettre sous le tapis des bricoles comme la lutte des classes et le capitalisme. En attendant le prochain drame. » 
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Stabat Mater est un poème en latin d’un moine italien du XIIIe siècle. La douleur d’une mère devant son fils mort. Musique de Arvo Pärt, compositeur estonien né en 1935.

jeudi 12 novembre 2015

On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas

Lesbos. Une île grecque où arrivent des réfugiés. Le photographe travaille pour l’AFP. Je te mets quelques unes de ses photos et quelques bouts de son texte. Tu iras consulter le reste sur le site de l’AFP.
Les bébés, c'est ce qui me touche le plus. Peut-être parce que j'ai une fille de six mois. Mon pire souvenir jusqu'à maintenant, c'est lors du dernier gros naufrage, quand je suis allé au port, qu'ils ramenaient les premiers bébés qui s'étaient noyés et qu'ils essayaient de les ranimer.
Ce qui est terrible aussi, ce sont les sons. Quelque chose qu’on ne peut pas saisir en regardant les photos. La panique. On entend les gens hurler en essayant d’atteindre le rivage. Les habitants essaient de les aider. Il y a de la douleur partout. La panique. La panique totale.

Il y a quelques jours, j'ai transporté le corps d'un bébé pendant des heures. On avait crapahuté avec des collègues jusqu'à une plage assez éloignée et rocheuse. C'était impossible à atteindre, il fallait escalader des tas de rochers et de falaises pour arriver là. Et quand nous y avons été, nous avons vu ce bébé, couché dans les rochers. Il était là depuis quelques jours, il commençait à y avoir une odeur. Tout seul dans les rochers.

On a décidé de le ramener. Alors on l'a mis dans un sac et on a remonté la falaise avec, pour qu'il puisse au moins être enterré.
Personne ne me l'a jamais dit en face, mais parfois je sens comme un non-dit de la part de certains collègues, quand je pose mon appareil et que je commence à aider. Que je ne devrais pas faire cela, parce que ce n'est pas mon travail, et que je vais peut-être rater une bonne image.
Aris Messinis est responsable photo de l'AFP en Grèce. C'est lui sur la photo avec un bébé sur un bras et l'appareil photo dans l'autre main.

Il faut que le monde entier voie cela. Ca ne va pas s'arrêter. Ils vont continuer à arriver, en risquant tout. La météo ne va pas tarder à s'aggraver, et ça va devenir bien pire avec l'hiver. Peut-être que si on continue à montrer ces images, quelque chose changera. C'est mon espoir. 

Les camps d’extermination des nazis, le citoyen lambda de Machin-en-Bocage pouvait dire qu’il ne savait pas. Mais là, on a des photos chaque jour, des reportages chaque jour, des coups de gueule d’organisations chaque jour. Des personnes qui écrivent, photographient, manifestent, hurlent, bloguent, réseaux-socialisentbarbouillent les murs, donnent des tentes et des couvertures, distribuent de la soupe. Non. On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
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Que faut-il te dire ? Jean-Marc Le Bihan.

mercredi 4 novembre 2015

Harcèlement et aveuglement

Voici un très court métrage vidéo sur le harcèlement scolaire. C'est un excellent travail fait en prenant le regard d'un enfant harcelé. Et non pas fait sous l'injonction d’un quelconque prêchi-prêcha d’adulte. Je n'ai pas été étonné de lire que Mélissa Theuriau, la réalisatrice, a elle-même été une enfant harcelée. En une seule minute son film parvient à montrer une sensibilité à la façon Poil de carotte qui ne s'invente pas. 
Prendre le regard d'un enfant harcelé ! Quel scandale ! Ce court métrage rend furieux les syndicats enseignants. Qui s’y sentent « méprisés ». Menfin ! Le monde enseignant n’est pas le sujet du film. Mais comme ça se passe dans une classe, faudrait un film selon leurs désirs. Qui sont des ordres. Tu sais, comme ces films de l’époque soviétique où le commissaire politique tenait la paire de ciseaux d’une main ferme. Pourtant, nous sommes tous comme ça : nous ne voyons pas tout. C’est humain. Et, dans ce film, c'est l’enseignante qui ne voit pas ce qui se passe. Ben oui, ça arrive aussi à des enseignants. Hélas ! 

Dans un « lycée d’État de garçons », comme on disait à l’époque, j'ai eu un prof qui portait toujours une croix argentée sur ruban noir au revers du veston. Pas par croyance, il était indifférent à une quelconque idée religieuse, mais en signe de deuil. Il avait eu deux fils qui s'étaient suicidés à onze et douze ans. Et ce prof toujours en deuil n'avait rien vu et n'avait rien voulu voir — par solidarité enseignante — jusqu'à la mort du second. C’est un de ses collègues qui m’avait raconté les vies ravagées du prof d’histoire-géo et de ses fils pendus. J'avais posé des questions. La croix m'intriguait.
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Les Tuileries, texte de Victor Hugo et musique de Colette Magny chantée par icelle.

mercredi 28 octobre 2015

Lectures d'automne

Photo : Robert Doisneau, Le baiser de l'hôtel de ville, remake. 

Mais quel président ! Dieu du ciel, quel petit personnage ! Je vous invite à lire l’entretien que François Hollande a donné au Chasseur français de novembre. […] Le fond de l’affaire est tragicomique. Notre président est là en campagne électorale, et adresse tous les mamours du monde au million de chasseurs français, dont la plupart enverront bouler, quoi qu’il arrive, les candidats de notre maître provisoire. Or donc, on apprend de la bouche élyséenne que les chasseurs aiment et protègent la nature et que les zadistes ont fait de la France un « terrain d’exercice de groupes venus de loin et qui contestent l’idée même de progrès ». Tout est rose, dans le propos présidentiel, aussi rose que la peau des cochons industriels farcis d’antibiotiques. 

Fabrice Nicolino étrille le petitissime Président qui n’a pas encore compris que la France n’était pas le Conseil général de Corrèze. Si tu as envie de sombrer dans le néant : Fabrice publie aussi l’entretien complet de Hollande paru dans le Chasseur. 

La famille de Raymond - qui compte trois enfants -, survit avec le maigre chômage du chef de famille. Ce drame injuste dû au pollueur local dure pendant une quinzaine d’années. La maladie professionnelle du chef de famille est un tabou soigneusement occulté. En effet, un taux d’invalidité est attribué au malade par la Sécurité sociale… oui, mais ce fut le taux ZERO.

Raymond continue à souffrir - durant des années -, de taux de plomb dans le sang gravitant autour des 200 µg/l, après son licenciement. Chaque expert sait que ce taux est « préoccupant ». Surtout de manière aussi chronique. Et chacun peut comprendre qu’il s’agit à présent du plomb dans l’environnement. Marie-Paule, l’épouse, présente elle-même des taux inquiétants et chroniques, autour des 170 µg/l...

C’est une habitante de Bourg-Fidèle qui narre le désastre écologique, social et humain d’un petit coin des Ardennes. Les rejets de plomb, cadmium, strontium et autres métaux lourds. Les salariés de l’usine licenciés quand ils sont malades. Les habitants et les animaux malades qui meurent. Les très saintes administrations qui ne veulent ni voir ni savoir. Accroche-toi, c’est une lecture d’épouvante.

Chez les Manouches, les familles se réunissent durant trois longues journées et trois longues nuits de veille, s’ils le peuvent autour de feux de camp, sans musique, sans véritables repas, sans repos. Pour ceux qui voyagent encore, bien souvent la caravane du défunt est détruite, ses photographies et ses effets personnels sont ou détruits ou taboués, ils acquièrent un statut spécial, pouvant être conservés en souvenir, mais non vendus ni donnés. Le nom du disparu, désormais, dans la famille proche, ne sera plus prononcé, ou bien à la rigueur dans certaines circonstances exceptionnelles et à voix basse. Ceux qui porteraient le même nom, dans l’entourage, sont rebaptisés.

Sur les manifestations de colère de Manouches on avait lu quantité de bêtises. (Tu vois que je parviens parfois à rester poli comme ma maman me l’a appris.) Alors on est content de trouver des gens compétents, qui prennent le temps d’expliquer la pensée et les usages particuliers d’une population, et qui nous disent aussi que les Manouches sont... des êtres humains. Le droit de pleurer ses morts.

Scolarisation des enfants, formation professionnelle des adultes, autant de choses inacceptables dans une commune du RhôneFaudrait pas qu'un ensemble de bâtiments inoccupés devienne un village d’insertion pour des Rroms, frères de misère de nos Manouches. 

Puisqu’on n’en veut pas chez nous, que fait-on des Manouches, des Rroms, des réfugiés, des fous, des clochards, des chômeurs, des basanés, des pauvres, des vieux, des jeunes, des alcooliques et des drogués ? Tuons-les tous, ça ira plus vite !
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Le ciel est par dessus le toit, un poème, écrit par Paul Verlaine lors d’un séjour en prison, mis en musique par Louis Arti. Paul Verlaine, « le prince des poètes » qui fait la fierté de la nation, qu'on enseigne dans nos écoles, était aussi un clochard parfois violent qui ne se lavait pas souvent. Il est mort à 51 ans, rongé par l’alcool. On n'en veut pas chez nous ! 

vendredi 23 octobre 2015

Le chômage disparaît sous un foulard !

La gauche fonce dans le mur en chantant des cantiques / 


Saint-Junien (Haute-Vienne) est au XIXe siècle un haut lieu de l'histoire sociale. Si la CGT a tenu son congrès fondateur à Limoges en 1895, selon les Saint-Juniauds, c'est en raison de l'intense activisme noir et rouge de Saint-Junien toute proche où l'on a créé depuis belle lurette force coopératives, mutuelles, syndicats et autres organisations ouvrières qui défrisent le patronat. La photo date de 1960. Les Saint-Juniauds en déplacement regardent leur équipe de rugby foutre une pile historique à l'équipe de Périgueux (Dordogne). Cette photo sera-t-elle interdite ? Des inconscientes, votant communiste à une écrasante majorité, y portent fichu-foulard. Comme les femmes du peuple. 

Zelda la gitane, toi ma petite sœur, auras-tu une dérogation ? En souvenir du samudaripen — le Tuez-les tous — qui a clairsemé ta famille pendant la seconde guerre mondiale, pourras-tu porter le dicklo pour manifester, revendiquer ou commémorer ? Ou te refusera-t-on le droit d'honorer ostensiblement les tiens disparus dans les camps français comme nazis ?  

Madame Dupont, je vous ai convoquée car j'ai reçu une protestation de parendélèves. Votre foulard est un cas de force majeure qu'on ne peut certes pas confondre avec un foulard. [Relire cette phrase d'un jésuitisme rare !] Mais soyez aimable de fournir un certificat médical mensuel de votre chimiothérapie pour affichage à l'entrée de l'établissement.  

Joséphine, mon amie, le madras a été inventé par tes ancêtres antillaises pour contourner la Loi Chapeautière interdisant aux esclaves affranchies de porter chapeau comme les blanches. [Longtemps qu'on sait écrire des lois comme ça...] On préférerait que tu ne portes point madras d'autant que, c'est ostensible, ta couleur de peau n'est pas laïque. On n'a pas osé t'interdire dès maintenant de porter le foulard-mémoire de l'esclavage. Une prochaine Loi Foulardière...

Les religieuses catholiques en voile-foulard noir à bordure blanche sont si âgées et deviennent si rares qu'on les oublie toujours.

Quoi qu'on fait du foulard à la Gavroche qu'ont porté parmi d'autres Aristide Bruant, François Béranger et Renaud ? Terrible cas de conscience quand une Cosette porte le foulard à la Gavroche en fac d'histoire ! À soumettre aux théologiens laïques. 

Faire le ménage dans le cinéma. Les images de Sophia Lauren, Grace Kelly, Audrey Hepburn et autres actrices obscurantistes portant foulard ostensible, on les retouche comme au temps de l'URSS ? Johnny Deep, dans Pirates des Caraïbes, il est pas trop enfoulardé ? Et quoi qu'on fait pour Lucky Luke ? Déjà qu'on lui a enlevé sa clope… 

J'allais l'oublier çui-là ! Encore un cas délicat avec le keffieh noir et blanc ostentatoire d'Arafat qu'aiment à porter les défenseurs des Palestiniens. Va-t-on l'accepter uniquement si ce sont des hommes qui l'arborent ? 

Quant à toi, Nathalie fraîchement convertie à l'Islam, t'as de la chance de n'être condamnée, pour port de foulard illicite, qu'à une amende et à l'interdiction de sortir de chez toi. Bientôt ce sera la fosse aux lions pour t'enseigner la laïcité de Sainte Blandine qu'avait qu'à pas se montrer chrétienne avec ostentation.

Mon pov' partageux, tu mélanges tout. T'y comprends rien ! La Loi Foulardière ne s'applique pas au carré Hermès à quatre-vingt dix neuf euros. C'est une loi contre les femmes modestes. Pas contre les femmes de la haute ! 

2004, an I du foulard. Alain Badiou termine son texte sur la Loi foulardière avec malice : « On a les guerres qu'on mérite. Dans ce monde transi par la peur, les gros bandits bombardent sans pitié des pays exsangues. Les bandits intermédiaires pratiquent l'assassinat ciblé de ceux qui les gênent. Les tout petits bandits font des lois contre les foulards. On dira que c'est moins grave. Certes. C'est moins grave. Devant feu le Tribunal de l'Histoire, nous obtiendrons les circonstances atténuantes : Spécialiste des coiffures, il n'a joué dans l'affaire qu'un petit rôle. » 

Juin 2013. On a connu depuis une belle croissance dans le domaine : On vient de dépasser les six millions de chômeurs. [5,7 millions de chômeurs enregistrés toutes catégories et DOM TOM compris plus 300 000 radiations. Compte sur tes doigts…] Faut trouver kèk chose. Vite ! Un foulard pour cacher ce sein que je ne saurais voir. En plus, c'est chouette, on tape tous ensemble, tous ensemble, ouais ! sur des femmes sans défense. Au nom du féminisme bien sûr. 

Six millions de chômeurs ! Hou hou, réveille-toi ! Six millions de chômeurs ! SIX MILLIONS ! Même certains au Front de Gauche ou chez les libertaires oublient ces connes de chômeuses pour causer chiffons ! Très très fort, le prestidigitateur qui a réussi à escamoter six millions de chômeurmeuses sous un foulard ! Un as du bonneteau !

Dans son hymne à la joie — 25% d'augmentation en 2013 de la fortune cumulée des 500 Français les plus riches — le CAC 40 demande au Medef de dresser une statue à la gloire du foulard. Est-ce un élu Front de gauche qui coupera le ruban tricolore de l'inauguration ? Est-ce un libertaire qui prononcera le discours officiel ?
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« Je croyais qu' la prochaine mondiale / Serait la guerre de ceux qu'ont la dalle / Je voyais les pauvres en mouvement / Contre les riches et l'Occident / Les gens crèvent que pour des conneries / Pour le plaisir de la tuerie. » Du brun, une chanson de Sarclo (ou Sarcloret) chantiste suisse. Désabusé, l'ami Sarclo ! Camarades du FdG, compagnons de l'increvable anarchie, faut recentrer le tir sur le pillage par les riches si vous ne souhaitez pas compter toujours plus de désabusés boudant isoloirs et bagarres.
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Publication intempestive suite à une erreur de manipulation. Mais qu'importe ! Je souhaitais juste ajouter avant publication que le chômage en octobre 2015 c'est six millions et demi de chômeurmeuses plus trois cent mille radiés... et ajouter la photo. On s'en passera.

mardi 20 octobre 2015

La chemise déchirée est une hirondelle

« Walaa, cinq ans, veut rentrer à la maison. Elle avait sa propre chambre à Alep, nous dit-elle. Là-bas, elle ne ne pleurait jamais au lit. Ici, dans le camp de réfugiés, elle pleure chaque nuit. […] »

Walaa pourrait être ta fille. Ou ta petite-fille. Des millions de réfugiés sont sur les routes ou dans des camps, attendent à une frontière, risquent leur vie sur un bateau ou dans un camion. Des millions fuient l’enfer. Comme Walaa et sa mère. Comme tous ces enfants photographiés pendant leur sommeil. Nos politiciens n’ont jamais eu le temps de s'occuper de Walaa et ses frères de misère. 

T’en as rien à cirer des réfugiés ? Allons en France chez les Français.  

Il commence à faire froid. Je croise chaque jour Antoine qui dort à la belle étoile. Ce gars — il a 45 ans — souffre de troubles psychiatriques lourds depuis son adolescence. Un éduc de mes relations a fait son premier stage professionnel dans le foyer d’enfants qui hébergeait Antoine. 

Trente années d'inaction… Nos politiciens n’ont jamais eu le temps de s’occuper des sans famille, comme Antoine, affectés de troubles psychiatriques. Les politiciens ont pourtant reçu des caisses de dossiers argumentés, des tombereaux de préconisations circonstanciées, des wagons de rapports ou que sais-je encore, de la part de psychiatres, de travailleurs sociaux, d’associations à caractère social. Trente ans d’inaction pour Antoine et ses semblables.

On peut ainsi faire une liste des centaines ou des milliers de sujets qui ne sont pas traités par les politiciens. Les politiciens sont des enfants monomaniaques qui s’amusent avec des stratégies, des coups tordus, des « buzz », des « c’est pas moi c’est toi » et des « c’est çui qui l' dit qui y est ». 

Ils causent de la mémoire outragée de Robespierre, de la sainte Révolution française qui est un souvenir sacré, du drapeau tricolore qu’on doit pas se torcher le cul avec que ce serait un blasphème, de vingt siècles de la glorieuse Histoire de France, de cette grosse feignasse de Cambadélis, de cet âne de Bartolone, de Mélenchon le diviseur et de Hollande la nouille trop cuite, de nos réelles divergences avec le Parti Machin, de notre identité bafouée par les métèques apatrides, du foulard rislamique qui va polluer la moralité de notre belle jeunesse et de mille autres carabistouilles dont on se branle. 

Ça me casse les couilles d’entendre encore et toujours les politiciens causer du sexe des anges. Antoine, je l’ai hébergé par temps sibérien, et c’est pas un cadeau. Il a de gros problèmes de motricité. Faut des murs en béton banché et un lavabo en fonte scellé dans le mur avec des tirefonds 12x150 pour qu’il ne fasse pas de dégâts. Comme le résume un de ses compagnons de misère, pourtant bien secoué, « Antoine, il est lourd. » Au sens figuré.

Le parti socialiste va encore se prendre une branlée aux prochaines élections. Pas volée, la branlée. Le Front de Gauche va encore faire des résultats minables. Normal quand on se passionne pour l’actualité de Robespierre. 

Mais putain de bordel de merde ! Comment faut-il vous dire que cinquante mille fous gentils comme Antoine sont à la rue ? Que onze millions et demi de personnes vivent sans chauffage ? Que cinq millions de passoires thermiques sont à rénover ? Que, pour le faire, les bras ne manquent pas avec nos six millions et demi de chômeurs ? 

Dites, les branleurs ! Oubliez vos coquecigrues. Occupez-vous des soucis de vos concitoyens. Et vous n’aurez plus à vous lamentez devant des urnes désertées. Et puantes. En attendant, serrez bien les fesses, et attention à vos chemises ! La chemise déchirée est une hirondelle qui annonce le désespéré prenant le flingue pour un renouvellement révolutionnaire de l’image des têtes plantées sur des piques...
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« Être fidèle à son poids d'hirondelle / Être la sentinelle à chaque nuit nouvelle / Rester sensible à ce monde terrible. » Bruno Ruiz, Être fidèle

samedi 17 octobre 2015

Où dorment les enfants

Tu peux regarder toutes les photos même si tu as de la misère avec la langue de Mickey.
Les versions en arabe ou en suédois te seront sans doute d’un piètre secours.
Mais tu comprendras au moins le prénom et l’âge du gosse. 
Et l’endroit où il dort loin de son lit et de ses doudous.
C’est un article d’un journal suédois appelant à aider le HCR, Haut Comité aux Réfugiés, dont tu trouveras ici la version en anglais avec ces photos et d'autres en grand format« Son lit manque à l'un. À l'autre manque sa poupée avec des yeux noirs. Un troisième rêve qu'il est de retour dans un temps où son oreiller n'était pas un ennemi. »
François Béranger, Chanson bleue.
Est-ce qu'on peut sans déchoir
Faire une chanson d'une histoire
À rendre fou ?
Faut-il chanter ou taire ?
Faut-il s'en foutre ou crier
Avec les loups ?

Ça se passe près de Paris
Dans un lieu construit
Avec des bidons
Des tôles, des cageots
Des vieux matériaux

Le froid arrive un soir
Sans s'annoncer, sans frapper
Sans fracasser
Dans la maison d’Omar
Vous savez bien, un d’ ces noms
À s' coucher tard

Déjà, les enfants
Sont rangés sagement
Sur un vieux matelas
On ne voit plus d'eux
Que des cheveux

Le froid salement dans le noir
Au fil des heures laisse choir
Son manteau
Son bleu manteau si doux
Sur les enfants
Qu'on retrouve le matin
Bleus, tout bleus, si bleus
Qu'on dirait qu'ils sont bleus
Comme la mort
Bleus, tout bleus, si bleus
Qu'ils en sont morts

Est-ce qu'on peut sans déchoir
Faire une chanson d'une histoire
A rendre fou ?

jeudi 15 octobre 2015

Les dix commandements du week-end partageux

L'appel « Je donne ma chemise pour la liberté » tu signeras. 
Le 17 oct. à « Je donne ma chemise » devant ta préfecture tu participeras
Tous tes copains et toutes tes copines tu inviteras. 
Des photos tu prendras avec le mot-clef #JeDonneMaChemise diffuseras. 

Au référendum de gauche vendredi, samedi, dimanche tu participeras
Avec un référendum fauxcialiste point ne confondras. 
Cette initiative de la gauche largement connaître autour de toi tu feras. 
À sa mémoire ces quelques minutes de musique tu écouteras. 

De profundis, Arvo Pärt. Photo : Passeurs d'hospitalités.

mardi 6 octobre 2015

Nous choisirions les barbares

Air France annonce deux-mille-neuf-cents licenciements. Après une gigantesque purge récente. Après quatre ans de gel des salaires qu’il fallait faire des sacrifices pour assurer l'avenir. Après que Juniac le patron se soit accordé une hausse de son salaire de 70%. Après avoir provisionné 150 millions d’euros de retraite chapeau pour sa pomme. Alors des gens se sont énervés.

Je les applaudis d’avoir déchiré la chemise du DRH hyper-payé. Bon, ils ont sans doute aussi distribué quelques baffes en supplément cadeau. Mais on ne va pas trop finasser : quand on coupe du bois, ça fait de la sciure.

Je les applaudis parce que je suis opposé à la peine de mort. Et que j'imagine très bien un désespéré prendre un flingue et faire justice tout seul. Au lieu de se flinguer — un licenciement de 2 900 personnes, c'est statistiquement de 3 à 6 suicides — il va tuer un cadre ou un patron. Ou plusieurs. 

Ce n'est pas arrivé en France depuis belle lune et on ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher encore bien longtemps. Parce que la colère est grande. Alors une chemise déchirée c'est un signal d'alarme tiré : « vous arrêtez les conneries ou il y aura des drames tôt ou tard. » 

Une chemise déchirée, un DRH fuyant comme un vulgaire réfugié à la frontière. Bien sûr tous les bourgeois sont en émoi. Un rappel aux petits marquis qui tordent la bouche :  
En [17]93, selon que l’idée qui flottait était bonne ou mauvaise, selon que c’était le jour du fanatisme ou de l’enthousiasme, il partait du faubourg Saint-Antoine tantôt des légions sauvages, tantôt des bandes héroïques.

Sauvages. Expliquons nous sur ce mot. Ces hommes hérissés qui, dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute, se ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité, le pain pour tous, l’idée pour tous, l’édénisation du monde, le progrès ; et cette chose sainte, bonne et douce, le progrès, poussés à bout, hors d’eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche. C’étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation.

Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l’épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit.

En regard de ces hommes, farouches, nous en convenons, et effrayants, mais farouches et effrayants pour le bien, il y a d’autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés, constellés, en bas de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés à une table de velours au coin d’une cheminée de marbre, insistent doucement pour le maintien et la conservation du passé, du moyen-âge, du droit divin, du fanatisme, de l’ignorance, de l’esclavage, de la peine de mort, de la guerre, glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l’échafaud. Quant à nous, si nous étions forcés à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares. (Les MisérablesVictor Hugo.)
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Arrêter le temps, Anissa Karat. Un grand bol de fraîcheur.