Margerie — un Smic par jour — saute une déneigeuse perverse et part direct pour l’enfer dans son jet privé. Bienvenue chez Belzébuth ! Faut pas rigoler. Il n’est pas mort écrabouillé par un camion sur un quai de chargement. Pas mort en tombant d'un échafaudage. Filoche, faut pas parler non plus des Birmans en esclavage, des grands féodaux — combien de Smic par mois ? — ou des macareux mazoutés. Le manque de respect — oui not’ monsieur, oui not’ bon maître — c’est pour les chômeurs et les précaires, les illettrées et les pauvres, les Rroms, les blackos et les bougnoules, les ouvrières et les paysans, les employées et les fonctionnaires. Pas pour les patrons.
Le créateur qui sommeille en moi, frappé par l’inspiration, se prend à écrire un recueil de nouvelles. Avec un meurtre à chaque histoire. Un meurtre de collection. De la musique avant toute chose et pour cela préfère l’impair. Le bizarre, l’étrange, le jamais-vu dans les annales judiciaires, l’exotique, le qui sort des entiers battus.
Un psychanalyste expliquera les tréfonds de cette association. « Patron du CAC 40 », « multinationale » ou « capitaine d’industrie » et l'imagination démarre à fond les manettes et invente cent histoires de meurtre à la minute…
Ils tombent, tombent, tombent. Un actionnaire ventru ou body-buildé. Un ténor du CAC 40. Un politicien corrompu. Un cheffaillon qui fait dérouiller le petit personnel. Le propriétaire-directeur d’un Leclerc. Un journaliste-courtisan de la télé. Le patron de Carrefour. Vincent Bolloré et Bernard Arnaud. Un politicard de gôche qui a voté pour le traité Sarkozy dit de Lisbonne. Un Lagardère qui ne viendra plus à toi. Une Parisot, un Ernest-Antoine et un Gattaz. La convention annuelle des parlementaires UMP éparpillée par un missile. Une patronne du FMI. Un patron de la banque mondiale. Un socialiste de marché. La réunion annuelle de l’ERT vitrifiée par une bombinette soustraite à l’amour de notre vaillante armée. Et ils tombent, tombent, tombent.
Des meurtres jamais revendiqués. Et le nombre augmente prodigieusement. Une épidémie qui décime les 500 premières fortunes de France. Une épidémie qui décime la gôche de droite. Une épidémie qui décime les journalistes porte-paroles du pouvoir. Une épidémie qui décime les actionnaires.
Des dizaines de nouvelles très brèves. Avec un meurtre à chaque page. Et ils tombent, tombent, tombent.
Une déneigeuse qui bute un roi du pétrole. Un comprimé discret qui fait claquer un Terra-Nova à la suite d’une petite course à pied. Un cancer taquin qui nous prive d’un député en veste rouge. Un cancer farceur qui prive notre camarade Président d’un si précieux conseiller.
Et puis aussi le couteau, la hache et le rasoir. Le fusil de chasse, le revolver et l’arbalète. La pendaison, la strangulation et l’étouffement dans un sac. L’incendie. La noyade. L’excès de somnifères ou d’alcool. La chute du haut de la falaise. La calcination dans un four. La dissolution dans l’acide. L’accident de voiture. Le tonfa. Le missile. Le yacht qui touche une mine. Le chien dressé. Le poison. L’explosif. La perfusion de DDT. L’amiante en soluté nasal. Le chocolat fourré à la strychnine. Le désherbant. Le cocktail pharmaceutique. Le fer à béton bien affûté.
Et Monsieur Gaston, qui promène son chien, croise des flics sur les dents. Le chien a bien bien léché le sang du fer à béton. Qui sert maintenant de tuteur à tomates.
Les patrons commencent à faire profil bas. Les riches et célèbres rasent les murs. Les politicards ne sortent plus des bunkers de leurs « amis personnels ».
Et ils tombent, tombent, tombent…
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Jacques Bertin chante Ambassade du Chili en compagnie de Didier Levallet (contrebasse), Siegfried Kessler (flûte) et ? (clavier).
D'abord, c'est pas des "meurtres". C'est une entreprise de salubrité publique, nuance.
RépondreSupprimerEt dans cette longue liste de salopards, y'a pas de raton laveur. Alors, tout baigne.
Bises à M. Gaston, et caresse au chien.
comment peux-tu encore utiliser ce terme injurieux pour parler des habitants de la nord Afrique ?
RépondreSupprimeroù alors tu trouves le même genre d'insultes pour toutes tes descriptions.
@+phil
"les Rroms, les blackos et les bougnoules", c'est une citation — enfin, non, ce n'est pas une citation mais plutôt son esprit — de Manuel Valls avant qu'il ne devienne premier ministre. On peut l'entendre ici : https://www.youtube.com/watch?v=R3UT-_Cti_k
SupprimerDans le même esprit j'ai aussi cité les ouvrières bretonnes si méprisées par Macron qu'elles deviennent des "illettrées"...
Parfois j'ai aussi utilisé le mot "youpin", seul ou en compagnie de négro, bougnoule, pédé, citron, etc. Utiliser de tels mots est une provocation qui coupe l'herbe sous le pied de l'extrême-droite. Quand tu utilises de tels mots, tu obliges à parler du fond au lieu de rester dans le seul registre de l'insulte.
SupprimerIl m'est même arrivé un truc curieux. J'avais utilisé de tels mots et fdesouche (un portail d'extrême-droite) m'a mis en lien sans lire le fond. J'ai eu une tapée de lecteurs courroucés qui, eux, ont lu, compris et des commentateurs m'ont traité de "gaucho-bobo". Ce qui est plutôt divertissant quand tu prends le parti des pauvres, des salariés et des domestiques de Margerie auxquels Valls n'a même pas fait allusion.
Tu fais de beaux rêves.
RépondreSupprimerProblème : une armée de seconds couteaux est prête à prendre leurs places...
Tu crois qu'ils chantent eux aussi : Ami, si tu tombes / Un ami sort de l'ombre / À ta place ?
SupprimerTu es doué - cela se voit comme souvent ! Comme l'écrit le camarade DPP, ce n'est malheureusement pas la seule question des individus, d'autres les remplaceront. Le sujet est celui des rapports de force... comme souvent.
RépondreSupprimeret bien c’est pas un bon temps pour les capitaines d'industrie..... je viens de lire par hasard cet article
Supprimerhttp://www.ouest-france.fr/avranches-la-route-tue-un-capitaine-dindustrie-2918667?55_source=Ouest-France&55_action=outbrain&55_emplacement=widget&55_campaign=obclick&obref=obinsource
Thank you for sharinng
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