Partageux rencontre des personnes cabossées par notre société libérale, change leur identité et ne mentionne ni son nom, ni sa ville pour qu'on ne puisse les reconnaître. « Devant la servitude du travail à la chaîne ou la misère des bidonvilles, sans parler de la torture ou de la violence et des camps de concentration, le "c'est ainsi" que l'on peut prononcer avec Hegel devant les montagnes revêt la valeur d'une complicité criminelle. » (Pierre Bourdieu) La suite ici.

mardi 9 octobre 2012

Jack et Jacques


« Le présent système social est fondé sur le droit de propriété et, en dernière analyse, il ressort que ce droit de l'individu à détenir une parcelle de la propriété repose entièrement et uniquement sur le pouvoir. Les chevaliers en cotte de maille de Guillaume le Conquérant s'approprièrent et se partagèrent l'Angleterre à coups d'épée. Il en fut de même, vous nous l'accorderez certainement, pour toutes les propriétés féodales.  Avec l'invention de la vapeur et la révolution industrielle naquit la classe capitaliste, au sens moderne du terme. Ces capitalistes dominèrent promptement l'ancienne noblesse. Les capitaines d'industrie ont pratiquement exproprié les descendants des capitaines guerriers. Ce n'est plus le muscle, mais l'esprit qui triomphe dans la lutte actuelle pour l'existence. Mais cet état de chose n'en est pas moins fondé sur le pouvoir, dont la qualité seule a changé. Au temps jadis, les barons féodaux ravageaient le monde par le fer et le feu ; de nos jours, les barons de la finance exploitent le monde en dominant et en employant cotre lui ses forces économiques. C'est l'esprit qui est à la peine, et non plus le muscle, et les plus aptes à la survie sont les hommes forts au sens intellectuel et commercial. 
Nous, les F. de M., refusons de devenir des esclaves salariés. Les grands trusts et les grandes compagnies commerciales (au nombre desquelles vous comptez) nous interdisent de nous élever comme vous à la situation pour laquelle notre intelligence nous qualifie. Pourquoi ? Parce que nous sommes dépourvus de capital.  » 
Dans sa nouvelle Les Favoris de Midas, Jack London imagine une machination implacable qui terrorise les richissimes et réjouit grandement le lecteur adversaire du capitalisme. La force — machiavélique et romanesque à souhait ! — y taille des croupières au capitalisme.  Le narrateur de la nouvelle, conforme à une posture littéraire souvent utilisée par Jack London, se désole en voyant avancer à grands pas le spectre de l'appauvrissement des richissimes...
Un siècle plus tard Jacques Généreux nous explique dans Nous, on peut que c'est bien la force qui différencie un pays d'une entreprise capitaliste. Un gouvernement dispose d'un large éventail de possibilités — réglementation, loi, police et armée, menace d'amende astronomique ou d'expropriation — pour mettre au pas les entreprises récalcitrantes. Des instances élues édictent les lois qui régissent la vie commune que toute entreprise capitaliste, si riche soit elle, sera contrainte d'observer. Les marchés, les agences de notation, les spéculateurs, les menaces de délocalisation ? Du pipi de chat ! Les paradis fiscaux ? Comme le reste ils n'existent que par le défaut de volonté des gouvernements de fermer les robinets qui y conduisent le grisbi !
Dans Nous, on peut Jacques Généreux nous explique — du moins pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris — que tous les traités européens sont des « menottes en plastique », des pseudo-contraintes que se donnent nos gouvernants pour aller dans un sens qu'ils ne peuvent justifier auprès de leurs électeurs.
Jacques Généreux rigole — avec la retenue tranquille qui le caractérise — des règles édictées par l'Europe. Et précise que tous les gouvernements de tous les pays, tous ! ont torché leurs gros culs avec ces règlements chaque fois que ça les arrangeait. Jacques Généreux, malicieux, relève au passage que pas un seul pays n'a jamais payé la moindre amende pourtant inscrite dans les divers traités en cas de dérogation ! Ce qui lui permet d'écrire — bon, d'accord, pas avec les mêmes mots que moi, lui, il est prof à l'Institut d'Études Politiques de Paris... — que « l'Europe » ne se sortira pas plus les doigts du cul pour donner des baffes quand un quelconque Front de Gauche au pouvoir en Grèce, en France ou ailleurs, fera ce que bon lui semblera pour redonner de l'oxygène à tous ses citoyens. Et que c'est même pas la peine de sortir de l'Europe ou de l'euro pour appliquer la devise de Thélème Fays ce que vouldras.
Nous, on peut a été écrit bien avant cette histoire de TSCG... Tu paries combien de billes de verre qu'il ne se passera pas des lustres avant que le premier pays déroge aux règles du TSCG sans que « Bruxelles » n'en fasse pour autant une mammite ? 
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Les Favoris de Midas, Jack London, dans le recueil Face de Lune, Libretto Phébus.
Nous, on peut, Jacques Généreux, Le Seuil.
Le blogue (pas trop mis à jour) de Jacques Généreux. 
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Travailler plus, une chanson/programme concoctée par le groupe Bifidus actif (Jean-Luc Bernin) sous le coup d'une inspiration venue d'on ne sait où.


4 commentaires:

  1. Salut ! Jean-Luc Bernin, c'est un artiste qui avait un spectacle de clown dans l' Ardèche il y a 15 ans ???

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    1. Ardéchois la rigolade, ça pourrait être le nom de compagnon de cet auteur, chanteur, musicien, clown...

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  2. Après tout, "Nous on peut", c'est assez dans la ligne de l'initiative de Caleb Irri que j'ai décidé de soutenir.

    Hauts les cœurs, l'ami !

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  3. Pour commencer, ton fond de page qu'on ne voit que trop fugitivement me fait penser à Arman. Cette déchèterie (orthographe de l'Académie française) est celle où a puisé Daniel Spoerri pour ses "Corps en morceaux" (Château d'Oiron), cela pour le contenu des pages, les jetables dont tu t'occupes.
    Ensuite, tu cites Rabelais dans le texte, même le Lou n'oserait pas, le latin ou le grec, ça va, si on sous-titre.
    Je vais de ce (des) pas répondre à ton commentaire.
    Tu connais la règle, dura lex sed loulex, tu passeras dans les liens, ça ne va pas arranger mon image, Lou ne fait pas de politique, m'enfin ! Bon, le dernier "thérondelle" et deux ou trois choses, on pourrait jaser. Mais... Lou est carte noire (sans carte, même d'électeur), tu vois où tu vas. Pourtant Lou garde trois principes marxiens fondamentaux ("marxiste" est un terme utilisé par Marx, qui disait "je ne suis pas marxiste", pour se moquer des communistes français de l'époque qui n'avaient pas tout ou pas bien lu).
    Il faut aussi que je passe chez OverBlog, avec mon identifiant "Lou", j'ai voulu créer un nouveau blog (celui d'aujourlejourdhui n'étant pas lu, faut dire que ça vole bas) et la "nouvelle version" d'OverBlog est rigolote, mon identifiant et mon pass ne sont même pas reconnus.
    C'est une chose qui devait s'appeler "maintenant", "chronique de la vie normale".

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Vas-y pour tes bisous partageux sur le museau !